— Par par Albéric de Gouville —
À Saint-Laurent du Maroni, en Guyane, se tient jusqu’à la fin de la semaine le premier Festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbes (FIFAC) qui se déroule dans un ancien bagne, le « camp de la transportation », que la mairie espère inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le camp de la transportation est déjà classé monument historique mais son éventuelle inscription au patrimoine mondial de l’humanité relève d’un long processus qui concerne, plus généralement, les autres anciens bagnes de Guyane.
« La spécificité de Saint-Laurent du Maroni, c’est que c’est une ville pénitentiaire et que c’est la seule au monde, explique David Jurie, le directeur du Centre d’Interprétation de l’architecture et du patrimoine. L’enjeu d’une inscription au patrimoine mondial est international car il y a aussi les bagnes de Nouvelle-Calédonie et ceux d’Australie ».
Racheté en 1990 par la mairie de Saint-Laurent du Maroni après avoir été laissé à l’abandon et livré aux squatteurs depuis sa fermeture au début des années 1950, le camp de la transportation est désormais un lieu à vocation culturelle. Les anciennes « cases » où étaient détenus les bagnards sont reconverties en bibliothèques, théâtres ou ateliers de formation.
« Traces de mémoire »
Aujourd’hui, 80% des bâtiments ont été restaurés. Il reste à réhabiliter les anciens quartiers disciplinaires et notamment la cellule de l’un des plus célèbres bagnards, « Papillon ». Cette semaine encore, un architecte du patrimoine est venu superviser la fin des travaux de l’ancienne salle où les repas étaient distribués aux détenus.
Parallèlement, les douze cases du camp ont accueilli les festivaliers avec des projections dans deux d’entre elles, notamment pour le jury du FIFAC, dont l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau est le président. « Ici on a un lieu qui a été un bagne avec de la souffrance, des injustices que généralement on a eu tendance à refouler, explique-t-il. Maintenant, on est en train de récupérer ces espaces-là, pour en faire non pas des monuments à la manière occidentale, mais ce que nous appelons des traces de mémoire ».
Aujourd’hui, le camp de la transportation est un site unique en son genre, un lieu de mémoire ouvert aux touristes et aux scolaires qui accueille aussi toute l’année des événements culturels. Pendant le FIFAC, les projections, en plein air sous le manguier ou dans les cases, ont attitré plus de 400 spectateurs par jour.
Source Rfi