Avant les dernières municipales, on n’avait jamais entendu parler de Saillans. Depuis qu’une liste « collégiale », sans tête désignée jusqu’à son dépôt officiel, a remporté le scrutin, ce petit bourg de la Drôme est devenu la capitale de la démocratie participative.
Durant des mois, ses promoteurs avaient mené campagne. « On a dit aux gens: vous n’allez pas voter pour quelqu’un mais pour un projet que vous allez construire », explique l’un deux, Tristan Rechid.
Cet élan collectif a germé sur des combats passés – contre l’implantation d’une supérette ou la fermeture de la gare – dans une commune allergique aux longs règnes. « Saillans reste dans sa tradition où les maires, après un mandat complet, n’ont jamais été renouvelés », regrettait le sortant, François Pégon (MoDem), après sa défaite.
« C’est quand même un village où dès qu’un prophète se pointe, on vote pour lui », confirme Fabien, un des 1.200 habitants, croisé début mars avant une réunion publique sur la première année de mandature. Pour ce sceptique qui avait voté blanc, « c’est pas parce qu’on participe qu’on est écouté ». Et de citer Coluche: « la dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours ».
Les nouveaux élus, classés divers gauche mais dont aucun n’est encarté, ne disent pas autre chose, convaincus que voter ne sert à rien si le maire décide de tout, et tout seul. Depuis 12 mois, ils fonctionnent « autrement »: un Saillanson sur quatre s’est inscrit à des « commissions thématiques », où l’on réfléchit aux actions à mener, suivies de « groupes actions projet » (GAP), où l’on propose des solutions, départagées avec des gommettes. Avant que ne tranche le conseil municipal.
– « Je ne serai pas le gourou du village » –
En ce dimanche de pluie, plus de 200 personnes ont écouté les élus avant de partager un verre dans la salle des fêtes. « Je tiens à vous rassurer, je ne serai pas le nouveau gourou du village (…) Alors n’attendez plus, rejoignez-nous et participez! », leur a lancé le maire, Vincent Beillard, 42 ans, veilleur de nuit dans un centre pour handicapés.
Au soir de sa victoire, il avait évoqué Vaclav Havel et le peuple de Prague « réveillé » par la Révolution de velours en 1989. Après l’émulation des débuts, la nouvelle équipe a craint un essoufflement. Selon un retraité habitué des réunions, une centaine de personnes restent fortement impliquées aujourd’hui. « C’est déjà pas mal », estime-t-il…
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A Saillans, dans la Drôme, l’an II de la démocratie participative