— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Bien entendu la question du choix d’un drapeau n’est pas d’actualité : nous appartenons constitutionnellement et historiquement à l’ensemble national français dont nous reconnaissons sans complexe les insignes officiels, à savoir le drapeau tricolore et la Marseillaise.
Que dire de ce drapeau rouge vert noir, brandi par certains en toutes occasions, pour essayer d’en faire désespérément la promotion ?
Principalement, qu’il constitue un facteur non de rassemblement mais de désunion de la population: c’est le drapeau d’un clan, habité par une volonté séparatiste, qui repose sur des bases erronées, voire mensongères- en clair, une manipulation :
-Une soi-disant légitimité historique, abusivement revendiquée ; seule l’opinion publique, dans sa globalité peut conférer cette légimité, or elle n’a jamais été consultée et donc ne s’est jamais prononcée sur cette question existentielle – ils décident à la place du peuple et osent se dire démocrates!
De surcroît, la seule vraie légitimité historique de la Martinique est celle de ses premiers habitants à savoir les Amérindiens qui ont ensemencés cette terre de leur sang et dont les vestiges sont omniprésents dans l’histoire et dans notre culture.
Tous ceux qui sont venus après, et ils sont nombreux, ne sont que des pièces rapportées dont aucune ne peut prétendre avoir le pas sur les autres, sauf à se lancer dans de la ségrégation à rebours ;
– Une identité tronquée : un emblème national se doit d’exprimer, avant tout, l’identité d’un peuple, forgée au cours des siècles à travers de multiples évènements et tribulations sur un territoire donné:
le drapeau R.V.N. n’exprime lui en rien la singularité de notre peuple caractérisé par le métissage de diverses populations (Europe,Afrique,Inde, Chine, Caraïbe,Proche-orient) qui se sont agrégées tout au long de l’histoire de notre île, en brassant leurs apports culturels et leurs gènes respectifs pour ne former qu’ une seule et même communauté ; c’est à bon droit que les martiniquais se réclament d’us et coutumes,d’ un mode de vie, d’un langage créole, bref d’un rapport au monde spécifique qui leur appartient en propre; il ne peut donc être question de réduire leur identité à celle d’une seule de ses composantes fut-elle prépondérante ; à quel titre d’ailleurs ? puisque la vérité historique nous enseigne que ce sont bien les rois nègres africains qui ont vendus leurs frères noirs aux blancs .
Que nous le voulions ou non, nous sommes tous des métis, des sang-mêlé et ne pouvons accepter un quelconque « noirisme « ,fusse par le biais des couleurs d’un drapeau.
«Nègre de personne » !,selon la répartie célèbre attribuée à Léon Gontrand DAMAS.
Il est clair qu’un tel choix réducteur conduirait à un appauvrissement, une négation de l’essence même de notre identité plurielle, dont nous tirons notre originalité et notre force ;
c’est elle qui fait de nous des « citoyens du monde », à l’aise dans n’importe quel coin de la planète, ouverts et perméables à toutes les manifestations de l’esprit et de l’âme inhérentes à l’humanité.
Les couleurs « rouge- vert- noir « sont en fait celles des Afrodescendants américains prônées par Marcus GARVEYdans les années 1920, par référence aux origines éthiopiennes du continent noir; Elles n’ont pas vocation à représenter toute la richesse de notre réalité ethnique diverse et composite, ancrée dans le bassin caraïbe aux portes des Amériques, qui emprunte ses éléments constitutifs à de multiples continents et civilisations.
Laissons donc aux Afro-américains, de cette mouvance minoritaire qu’est l’UNIA, ce qui leur appartient ! Notons au passage, que celle-ci réclamait également le Droit au rapatriement en Afrique, dont nos zélateurs locaux en bons pharisiens qu’ils sont, ne veulent entendre parler à aucun prix (ce serait pourtant la seule réparation qui vaille car un crime contre l’humanité ne s’efface pas avec de l’argent !) .
Si néanmoins dans l’avenir, la question d’un drapeau national devait se poser, il serait alors temps de faire travailler notre génie propre pour concevoir un emblème exclusivement Martiniquais (et non la simple copie de références venues d’ailleurs), qui exprime vraiment ce que les aléas de cinq siècles d’histoire ont fait de nous.
Pierre Alex MARIE-ANNE