—Par Muriel Ameller & Huguette Bellemare pour Culture Egalité —
Au milieu de cette nouvelle campagne d’Octobre Rose où l’on souligne la responsabilité des femmes dans les soins à prendre de leur santé par le dépistage du cancer du sein, nous devons, aux Antilles et particulièrement en Martinique, demander des comptes aux autorités.
Certes, une politique « d’auto-surveillance » a dû être élaborée au fil des années car la plupart des femmes qui développent un cancer du sein n’ont presque jamais connu de signes avant-coureurs. Le seul moyen de prévention accessible est le dépistage systématique et gratuit après 50 ans, par mammographie.
Cependant, est-ce suffisant ? Quoique ce cancer progresse et touche des femmes de plus en plus jeunes, ses causes ne sont jamais recherchées.
Et pourtant, beaucoup d’articles et de témoignages dénoncent l’augmentation incroyable de nouveaux produits chimiques qu’on retrouve dans les cosmétiques, dans la nourriture, dans les solvants ménagers, dans les ordinateurs… et dans l’ensemble de notre environnement.
Par exemple, le chlordécone : ce pesticide mortel est interdit d’utilisation aux Etats-Unis depuis 1976 ; mais en France, il reste utilisé. En 1990, enfin, il est interdit en France métropolitaine. Pourtant, en Guadeloupe et en Martinique, il faut attendre 1993 pour que soit proscrit officiellement son épandage. Néanmoins, il est employé dans les bananeraies pendant un certain temps encore, au su et au vu des autorités !
Ainsi, pendant des années, les populations des Antilles ont été surexposées à ce poison sans aucune précaution. Certains planteurs, sciemment, n’ont pas hésité, pour s’enrichir, à pourrir la terre et à sacrifier la santé de milliers de femmes et d’hommes et ce, pour plusieurs générations ! Aujourd’hui, leur mépris a sans doute toute sa responsabilité dans le développement du cancer du sein en Martinique (ainsi que de celui de la prostate).
On peut aussi souligner les dégâts causés par la « Mal bouffe », qui crée des générations d’obèses et de malades.
Le comble de découvrir que des entreprises dont Mac do en tête, mettent en place de grands rassemblements sportifs invitant la population à s’engager contre le cancer….Ainsi le 18 octobre en Martinique, ARCOS DORADOS MARTINIQUE enseigne McDonald’s, organise une Course Pédestre Open d’environ 5 km réservée exclusivement aux femmes âgées de plus de 14 ans. Une jolie occasion citoyenne de se déculpabiliser et surtout de se déresponsabiliser des effets des troubles alimentaires et médicaux causés. Bref un bel exemple cynique d’éducation pour la santé et de promotion de la santé qu’il faut dénoncer et boycotter.
La campagne de prévention est certes nécessaire et indispensable, mais un « Octobre rose » par an ne suffit pas pour rendre justice aux femmes victimes et les aider à se retrouver, à se reconstruire après ce choc et toutes les souffrances subies dans leur corps, leur vie personnelle et sociale.
Les femmes, comme toute la population, ont le droit d’exiger des autorités d’être informées véritablement sur les causes de ce cancer.
Ainsi, elles pourront agir plus facilement dessus, plus vite. Mieux armées, débarrassées de tout sentiment de culpabilité individuelle, les femmes pourront davantage trouver de l’accompagnement afin de sortir de l’isolement, s’aimer malgré les conséquences physiques du traitement, restaurer leur estime de soi et prendre en charge du mieux qu’elles peuvent leur corps meurtri avec l’espoir de lui faire vivre une vie aussi riche et épanouissante qu’avant.
À elles aussi, ainsi qu’à toute la population, de s’engager pour dénoncer, combattre et prévenir tout ce qui détruit notre santé.
On se doit de s’exprimer contre toutes les entreprises, les multinationales qui continuent à faire des profits sur notre santé.
Car si nous ne nous battons pas nous-mêmes et pour nos enfants, qui le fera ?
12 octobre 2015
Membres Culture Egalité
Muriel AMELLER – Huguette BELLEMARRE