Le 24 janvier 2025, le tribunal correctionnel de Fort-de-France a rendu son jugement dans l’affaire de Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique. Accusé de plusieurs infractions, dont la violation de domicile, l’outrage à l’ordre public et la rébellion en réunion, il a été condamné à un an de prison avec sursis et à une amende de 500 euros. Les faits reprochés à Petitot remontent au 11 novembre 2024, lorsqu’il s’est introduit sans autorisation, accompagné de trois militants, dans la résidence préfectorale en marge d’une visite ministérielle. À cette occasion, il s’en est pris verbalement au préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier.
Cette condamnation intervient après un procès tendu, marqué par des manifestations de soutien à Petitot, bien connupour ses prises de position contre les prix élevés des denrées alimentaires en Martinique. Le tribunal a souligné que, bien que certaines de ses actions s’inscrivent dans une démarche militante, elles ne pouvaient être excusées, d’autant plus qu’elles risquaient de banaliser l’idée que l’intrusion dans un domicile privé pourrait être un mode de revendication acceptable. Lors de son procès, Rodrigue Petitot a fermement nié être responsable de la violation de domicile, expliquant que la barrière de la résidence était ouverte au moment de son arrivée.
La défense de Petitot a plaidé pour sa relaxe, tandis que le parquet avait requis une peine plus sévère, de 30 mois d’emprisonnement, dont 15 mois fermes. Finalement, le tribunal a opté pour une peine avec sursis, ce qui permettra au militant de sortir de la prison de Ducos sous bracelet électronique. Cette décision intervient après une autre condamnation en décembre, où il avait été reconnu coupable d’intimidation envers des maires de l’île, ce qui lui avait valu dix mois de prison ferme, aménageables.
La situation à la Martinique reste tendue, avec des émeutes qui ont éclaté à plusieurs reprises, en grande partie à cause des prix des produits de première nécessité, qui sont en moyenne 40% plus élevés qu’en France métropolitaine. Le mouvement dirigé par Rodrigue Petitot s’inscrit dans un contexte de frustration sociale croissante, et les autorités se retrouvent face à un dilemme : comment concilier l’expression des revendications sociales avec le respect de l’autorité et des institutions de l’État.
Les trois autres militants impliqués dans l’incident du 11 novembre seront jugés le 31 mars 2025. L’issue de cette affaire pourrait encore renforcer les tensions entre les autorités et les militants protestant contre la vie chère, un problème persistant qui continue d’alimenter les débats et les actions sur l’île.