— Par Pierre Alex Marie-Anne —
La déflagration provoquée par la tenue de cette exposition à atteint de plein fouet les acteurs de la vie politique, culturelle et médiatique martiniquaise. La première victime est la classe politique dans son ensemble ; elle s’est vu infligée par un chef d’État africain en exercice, le Président du Bénin Patrice Talon, une leçon de réalisme et d’ouverture d’esprit :« le passé est le passé, il faut gommer les rancœurs et tourner résolument son regard vers l’avenir» On est loin des sempiternelles jérémiades de nos élus qui cherchent à nous maintenir dans l’obsséssion victimaire de l’esclavage et de la traite négrière pour mieux dissimuler leur incapacité à gérer le présent et à penser l’avenir L’attitude du Président de la Collectivité Territoriale de Martinique en la circonstance est particulièrement choquante : il a été en dessous de tout! Ces déclarations comminatoires :«je m’oppose à accueillir une exposition béninoise à l’habitation Clément…j’exclus catégoriquement l’invitation …» sont pathétiques ; de quel droit formule-t’il ces oukases, se prend-t’il, tel un nouveau Poutine, comme le futur souverain d’une Martinique à sa botte? Confronté à cet évènement majeur de la visite d’un deuxième chef d’État africain après celle de Senghor en février 1976, il n’a pas su en tirer partie pour stimuler les échanges économiques et culturels avec cet État francophone du vaste continent noir. Héritier plus que jamais infidèle, tour à tour “enchamoisé”( co-officialité du Créole à côté du Français, langue nationale ) puis “malsalisé” («participer à cet évènement serait une dissonance émotionnelle avec le respect dû à la mémoire de ceux dont les souffrances persistent dans ces lieux chargés d’histoire»), il n’a pas hésité, en marge de cette visite, à piétiner sans vergogne le message ultime d’Aimé Césaire de réconciliation des membres de la communauté martiniquaise ( message symbolisé par la plantation avec GBH, le 17 Décembre 2001 sur cette même habitation d’un courbaril, “l’arbre de la fraternité “). On s’attendrait à plus de hauteur de vue chez quelqu’un qui aspire à laisser sa marque dans l’histoire!
Deuxième confrérie sur la sellette lors de la visite de ce chef d’Etat africain qui fera date : le monde de la Culture et des Media ;ils en ont pris pour leur grade tous ces pseudo historiens et journalistes engagés, qui nous rabâchent à longueur d’antenne et de discours que nous serions les victimes de la cupidité de l’unique colonisateur. Voilà un authentique africain et non des moindres qui réfute publiquement ces allégations en reconnaissant le rôle déterminant joué dans la traite négrière par les roitelets des petits royaumes africains, en guerre permanente les uns avec les autres ; ce furent les premiers esclavagistes de leurs compatriotes, capturés lors de razzias et les pourvoyeurs attitrés de “bois d’ébène” aux capitaines des bateaux négriers de passage ; sans eux la chaîne du commerce triangulaire entre l’Afrique et les Antilles n’aurait pu s’amorcer et encore moins prospérer.
La journaliste qui menait l’interview avec ce haut dignitaire était dans ses petits souliers (pas seulement dans ceux-ci d’ailleurs !) car plus elle cherchait à le remettre dans le droit chemin celui de la fable que nous servent à profusion les décolonialistes patentés ), plus il s’en éloignait. Alors arrêtez une fois pour toute vos manipulations et contrevérités en tout genre, qui n’ont d’autre but que d’asservir le peuple pour mieux l’exploiter à votre seul profit! Laissez-moi vous rappeler pour éclairer vos consciences, ses mots de Frantz FANON, parus en janvier 2006 dan la revue Esprit, lesquels disent tout :«Je ne veux pas chanter le passé aux dépens de mon présent et de mon avenir…n’ai-je donc sur la terre autre chose à faire qu’à venger les noirs du XVII°¨siècle? je ne suis pas esclave de l’esclavage qui déshumanisa nos pères».
Pierre Alex Marie-Anne