— Par Marijosé Alie —
Quelle est cette musique maléfique qui nous fait danser aujourd’hui au rythme des fake news et d’une révolte qui n’en est pas une puisqu’elle nous conduit lentement à un suicide collectif et à la disparition d’un peuple qui s’est tant battu pour exister ?
Je nous aime très fort et tels que nous sommes.
J’aime nos colères salvatrices et notre capacité à transformer le pire en meilleur mais là, j’avoue que je beugue.
Si je comprends, dans une solidarité intuitive, la méfiance que nous éprouvons envers l’autorité, qui souvent nous a baladés de silences en secrets, d’indifférences en oublis, de Charybde en Scylla, j’ai la conviction que nous avons su souvent contourner les pièges grâce à notre solide bon sens. Alors, je vous le demande : où est-il passé ce bon sens ?
Dans quelle eau trouble, polluée de peur et de révolte à deux balles est-il allé se noyer ? Pourquoi sommes nous coincés dans les mailles d’un filet chaque jour plus serré ?
Des centaines de jeunes et de moins jeunes frappent à la porte d’un hôpital qui bientôt ne pourra plus les recevoir et j’entends comme une ritournelle que c’est la faute à tout sauf à nous-mêmes :
la faute aux touristes,
la faute au préfet,
la faute aux élus ,
la faute à Macron.
Non mais soyons sérieux.
C’est la faute à nous-mêmes !
Nous ne croyons pas au vaccin ?
Ok mais alors dans ce cas la solution est-elle vraiment de faire comme si le virus n’existait pas ? De vouloir tout comme avant : restaurant, cinéma, spectacle, fêtes de famille, manifs, mariages, carnavals, zouks, parce que bien sûr, de par notre seule capacité à dire non à tout ce qui nous est proposé nous allons terrasserle virus qui a fait déjà des centaines de milliers de morts de par le monde ?
Et chaque matin, les avis d’obsèques égrènent la litanie des décès faisant de ce rendez-vous l’émission quotidienne la plus longue des radios locales.
Qu’est ce qui nous arrive ?
Sommes-nous devenus sourds, aveugles et terriblement cons ?
C’est la peur qui nous fait dire, penser, et agir n’importe comment ?
Noooooon ! Nous sommes plus forts que cela j’en suis sûre…
Beaucoup plus fort que cela.
Alors réveillons-nous dans ce monde tel qu’il est aujourd’hui. L’urgence c’est le ou la Covid ; pas les règlements de compte avec l’histoire.
Je crois en nous mais je crois aussi que maliberté se termine là où commence celle de mon voisin, de mon ami, de mon enfant, de toi qui ouvre les bras juste à côté de moi.
Ma liberté c’est dire aussi que je vomis celui qui brûle un centre de vaccination, une pharmacie, un espace public qui sert à tous.
Je vomis celui qui organise des zouks comme si c’était un acte révolutionnaire, celui qui pousse à manifester sans masque au milieu de la nuit, celui qui emmène sa famille et ses potes autour d’un pique-nique à 50 sur la plage.
Parce que, eh bien oui, aujourd’hui, c’est dangereux ; et nos plaisirs, tous ces plaisirs qui nous aident à affronter la vie sont prohibés.
Il faut beaucoup d’humilité pour accepter l’idée que ce virus nous met en coupe réglée d’une discipline extravagante.
Mais c’est le seul moyen dont dispose la science aujourd’hui alors merde, an nou tchimbé bagaï la, pa kitéye chapé.
Ma liberté, c’est de préférer le vaccin dans mon corps plutôt que le virus. Qui, même s’il ne me tue pas, laisse des séquelles dont certains rescapés font les frais aujourd’hui.
Ma liberté, c’est de choisir de faire partie des 3 milliards d’humains vaccinés sur cette planète.
Ma liberté, c’est la vôtre, la nôtre et le pari d’une intelligence qui nous a sérieusement désertés en ce moment.
Alors, je vous en supplie, je nous en supplie, réveillez-vous, réveillons-nous pour que demain soit…
Marijosé Alie