— Déclaration de la CGTM —
Monsieur le Ministre,
Après la Kanaky, après Mayotte, la Réunion, vous poursuivez votre tournée et vous voilà depuis samedi dans les Caraïbes, et aujourd’hui en Martinique.
Dans le programme communiqué par la préfecture, il est indiqué : « 16.45 : Séance plénière de l’OPMR à la préfecture suivie d’un discours sur la vie chère ». Nous y sommes donc.
Monsieur le Ministre, vous n’êtes pas un inconnu.
Vous avez été membre du Parti socialiste, ministre de l’Intérieur, Premier ministre, et cela sous la présidence de François Hollande, un président dit socialiste. Et vous aviez eu au gouvernement un collègue à la tête du ministère de l’économie et des finances, M. Emmanuel Macron, dont vous êtes depuis quelques mois le ministre en charge des Outre-mer, expression employée pour désigner tous ces territoires loin de la France hexagonale.
Durant le mandat de François hollande, mais aussi avant lui, celui de Jospin, un de vos prédécesseurs et camarades, les travailleurs ont trinqué. D’un Jospin qui a déclaré que « l’Etat ne peut pas tout », à un Hollande qui a déclaré que « son véritable adversaire, c’était le monde de la finance » (Bourget en janvier 2012), on a vu comment cela s’est traduit : le Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE), l’Accord National Interprofessionnel (ANI) avec la réduction du délai de prescription en matière de salaires, passé de 5 ans à 3 ans, le barème des indemnités en cas de licenciement abusif, la loi travail, dite loi El Khomri, la réforme Touraine portant sur les retraites. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, la saignée ne s’est pas arrêtée : mise en place du Comité Social et Economique, obligation vaccinale, loi portant l’âge de départ à la retraite à 64 ans, etc.
Oui M. le Ministre. Il y a un bilan. Et les travailleurs ont lourdement payé et n’oublient pas.
En 2009, des dizaines de milliers de femmes et d’hommes se sont mobilisés pour dénoncer la vie chère et ont pu arracher un accord, limité certes, au bout de 38 jours. Mais c’est par la mobilisation populaire que cet accord a pu être obtenu
En juillet 2024, une association dénommée le RRPRAC a relancé la mobilisation pour dénoncer la vie chère et exiger la baisse des prix. L’Etat et ses services ont répondu par la répression.
En charge des outre-mer, vous avez pris position en dénonçant la position dominante de certains capitalistes locaux, notamment les békés, et plus spécialement du Groupe Bernard Hayot, parlant « d’étouffement économique ». Mrs Jégo, Dubois, et même Carenco ont tenté. On sait quel sort leur a été réservé.
M. le Ministre, nous évoluons dans une économie capitaliste, basée sur la recherche du profit maximal. Et c’est au nom de ce système qu’un petit nombre amasse des sommes considérables tout en maintenant, avec le concours de l’Etat, une majorité dans la misère et la difficulté, tant sociale qu’économique.
Prix élevés, mais bas revenus : salaires, pensions de retraite, minima sociaux. Ces deux éléments sont les deux bouts d’un même bâton. Et malheur à celles et ceux qui osent dénoncer cette situation, la machine judiciaire et répressive se met en branle au quart de tour.
Vous avez la prétention d’intervenir en votre qualité de ministre pour faire baisser les prix. Que l’Etat donne donc l’exemple, en annulant l’accord « Indemnité de Précarité des Gérants (IPG), accord qui a succédé à l’Accord Interprofessionnel Pétrolier (AIP), un système qui contribue à renchérir les prix des carburants en faisant payer les consommateurs pour protéger les profits de Total, Rubis, Sol et autres. Car ici, les prix sont administrés et c’est l’Etat qui décide, sous couvert de l’OPMR, une instance dite consultative. Et ce sont des millions qui ont ainsi été soutirés et continuent à l’être encore aujourd’hui (27 millions entre juin 2008 et avril 2020). Malgré des demandes répétées, l’Etat tarde à communiquer les chiffres de 2022, 2023 et 2024. Que veut-il cacher ? Qui veut-il protéger ?
Monsieur le Ministre, ceux qui doivent être poursuivis, ceux qui doivent être condamnés, ce ne sont pas ceux qui dénoncent les abus et les situations qui étranglent les faibles. Ce sont qui refusent toute discussion pour parler salaire, conditions de travail, etc. Ce sont ceux qui profitent de la bienveillance de l’Etat pour échapper à leurs obligations.
C’est pourquoi nous exigeons l’arrêt des tracasseries administratives et judiciaires contre les représentants du RPPRAC dont le seul tort est de réclamer l’arrêt des abus dont est victime la grande majorité de la population.
Nous exigeons également l’arrêt des poursuites contre les militants kanaks, éloignés de leurs terres, pour avoir réclamé leurs droits sur ces dernières.
Tel est le message que nous CGTM tenons à porter à votre connaissance au nom de tous ceux et toutes celles qui sont victimes du fonctionnement du capitalisme, ce système inique, notamment dans sa version locale.