Le projet de réforme gouvernemental sidère tant il paraît déconnecté du monde réel et du quotidien des femmes.
— Par Alexandra Schwartzbrod —
Comment comprendre qu’en 2023, à l’heure où l’égalité hommes-femmes reste un combat quotidien, le chef de l’Etat ait pu envisager de démarrer son nouveau mandat avec un projet de réforme des retraites qui lèse clairement les femmes ? Certaines erreurs d’Emmanuel Macron et de son gouvernement frôlent décidément l’amateurisme. Ou attestent d’une déconnexion totale avec le monde réel et le quotidien de la population. A ce niveau-là, on ne sait pas ce qui est le pire. L’exécutif a bien tenté de faire croire que les femmes étaient les grandes gagnantes de ce projet, mais le bobard n’a pas tenu très longtemps. Il a suffi à certaines de se précipiter sur leur simulateur pour comprendre que, une fois de plus, elles n’étaient pas traitées de la même façon que les hommes, une évidence confirmée en début de semaine par… le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester. La mesure la plus aberrante reste l’annulation des trimestres attribués pour congé-maternité du fait du report de l’âge légal du départ à la retraite. Quel esprit hors sol a pu imaginer qu’elle ne provoquerait pas de remous ? Il est temps que les dirigeants de ce pays comprennent que le parcours professionnel d’une femme reste jalonné d’embûches. Aujourd’hui encore.
Salaires inférieurs à ceux des hommes pour un même poste, choix difficile de s’arrêter plusieurs mois pour faire un enfant à un âge où la carrière est censée prendre son envol, charge mentale plus importante dans la gestion du foyer puis des parents âgés, et l’on ne parle même pas des remarques ou des comportements sexistes. Mener de front une carrière professionnelle et une vie privée épanouies reste, pour une femme, une course d’obstacles incessante. Et l’on voudrait en plus leur demander de cotiser plus longtemps ? Les femmes sont en colère, pas question d’être prises pour des truffes, et elles entendent bien le clamer haut et fort, mardi, lors de la journée de mobilisation nationale contre ce projet de réforme ni fait ni à faire.
Source : Libération