— Le n° 290 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Toute la stratégie gouvernementale visant à imposer sa contre-réforme au profit des gros et contre les petits, a consisté à laisser croire que les jeux étaient faits, que son plan scélérat était acquis, et que toute mobilisation était vaine.
C’était tabler sur les difficultés financières décourageant beaucoup de travailleurs et travailleuses à faire grève. Et en même temps, se tromper sur la profondeur du rejet populaire, en France comme dans les colonies.
De ce côté ci, la grève semblait moins indispensable pour gagner. La semaine écoulée, a malgré tout été marquée par des mobilisations multiformes faites de manifestations de rue, de blocages de zones économiques et d’opérations sur la voie publique (molokoy, barrages filtrants ou pas). Les milieux d’affaires pestent contre les barrages de zone, la police est finalement envoyée contre un blocage de la circulation.
Cela n’a pas empêché une semaine agitée et un mouvement encore vivant.
C’est l’honneur de celles et ceux qui se mobilisent, de ne pas accepter de se courber devant la machine de classe du grand patronat et de continuer la lutte.
Les salarié.e.s de conciergerie transferré.e.s à la SIMAR.
Menée avec opiniâtreté, dans l’unité, la lutte du personnel a payé. La menace du tribunal actionnée par Conciergerie-services, le soutien de la CTM et de quelques maires (Fort-de-France, François, Trinité…) ont aidé à faire échouer le plan initial de la Simar.
Ce plan consistait à refuser le transfert, à effectuer des opérations d’embauches suivant leur bon vouloir et à leurs conditions, sur la base du : à prendre ou à laisser.
Le résultat final ne correspond pas à ce cauchemar cynique. Une convention tripartite, entre les deux sociétés et chaque salarié, assure que l’ancienneté sera intégralement maintenue, que l’avantage logement perdu sera compensé, que la nouvelle répartition des tâches de chaque agent ne sera pas contradictoire avec sa mission sociale si importante. Sur ce point, la vigilance s’impose, compte tenu que l’abandon par la direction de sa clé de répartition, n’est pas remplacé par une formule claire et expressément formulée.
C’est pour cette vigilance, entre autres, qu’une pétition signée par le personnel, demande à juste titre que le mandat des élus du personnel soit maintenu jusqu’à son terme. On verra si le sieur Ribac et ses chefs de France, se plient à cette exigence démocratique élémentaire.
Le monde agricole des colonies confronté aux discriminations
Agricultrices salariées, conjointes d’exploitation, exploitantes agricoles…ou sans statut, s’agissant de leur retraite, quel que soit leur statut, les critères de pénibilité, ne leur permettront pas de bénéficier d’un départ anticipé, puisqu’ils ont été supprimés en 2017 par Emmanuel Macron.
Salariées agricoles soumises au travail saisonnier, elles sont elles–aussi, encore plus pénalisées par l’allongement de la durée des cotisations à 43 annuités. Conjointes d’exploitation, considérées comme «Aide à l’exploitation », sans salaire, sans déclaration, sans cotisations versées leur droit répondent plus du droit de la famille que du droit du travail.
Quant aux exploitantes agricoles, dépendant du régime de l’Assurance Maladie des Exploitants Agricoles (AMEXA), pour s’inscrire, elles doivent présenter soit un titre de propriété, un bail rural ou un commodat, d’une parcelle comprise entre 2 hectares pour le maraîchage et de 4 hectares pour la diversification.
Nos agricultrices exploitantes, nos « marchandes de graines bois », ne disposent pas de titre de propriété, n’ont pas cette surface, et ne sont pas pour la plupart reconnues comme agricultrices pouvant cotiser et recevoir de subventions.
Le statut de cotisant solidaire qui leur permettrait de contourner cette difficulté liée au foncier existe en France mais ne s’applique pas en Martinique.
Les militantes de l’Union des Femmes de la Martinique, en plein débat sur la réforme des retraites, ont fait écho du double problème qui frappe nos exploitantes agricoles.
D’une part, ces colonisateurs ancrés aux valeurs de l’expansionnisme français, s’érigent à étendre à leurs domaines « Outremers », la « discontinuité territoriale », qu’ils ne pratiquent qu’au moment où cela les arrange : méthode hypocrite et frauduleuse !
De même dans leur duperie, ils refusent de prendre en compte les spécificités de territoire et les problèmes structurels de la profession : rareté et complexité d’acquisition des terres agricoles, contamination des sols, topographie, climat et problèmes d’irrigation qui ne permettent pas le maraîchage et la diversification, sans avoir recours à la mécanisation ou solutions alternatives.
Les militantes de l’UFM ont interpellé les députés, le sénateur et la sénatrice. En solidarité avec les agricultrices les plus impactées (mais les agriculteurs en bénéficieront), une campagne de signatures a été lancée le 8 mars, et se poursuit sur les marchés.
Signez et faites signer la pétition en ligne https://chng.it/qHYyvvkXzn
8 mars : la journée internationnale de lutte pour les droits des femmes
EN JONCTION AVEC LA MOBILISATION CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES
Ce 8 mars se situait en pleine mobilisation face à la contre–réforme sur nos retraites.
Les femmes sont parmi les plus touchées par cette réforme scélérate :
– Leur salaire est en moyenne inférieur à celui des hommes : leur pension de retraite sera donc inférieure à celle des hommes. (40 % de moins)
– Les femmes occupent en majorité les emplois à temps partiel, précaires et pénibles. Elles ont des carrières hachées parce que interrompues par des non-renouvellements de contrats, des congés parentaux, ou aussi le fait de devenir aidantes familiales de parents dépendants. Parce que leur statut ne le leur permet pas, de fait, elles n’atteignent que rarement et tardivement, le nombre de trimestres requis pour obtenir une maigre retraite à temps plein, et ceci, dans un état de plus en plus proche de l’épuisement.
Il était donc important de faire le lien entre ces deux actions.
La manifestation du 8 mars matin, reprenait donc à la fois les mots d’ordre sur la retraite, et ceux sur les droits des femmes. Pour celles-ci, nous étions ici, en solidarité avec les femmes des pays où ces droits ont été remis en question ces derniers mois.
À l’appel de l’intersyndicale et de 6 associations féministes ou sensibles aux droits des femmes, près de 150 personnes ont participé à la projection du film « Debout les femmes », proposé par l’UFM à la Maison des syndicats.
La projection a été suivie d’un débat ponctué de témoignages sur les pénibles et invisibles conditions de travail des femmes des métiers « du lien », et sur la nécessité de l’action concertée entre syndicats et associations pour mobiliser les femmes concernées.
Pendant tout le mois de mars, les associations féministes poursuivent leurs actions.