— Le n° 294 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
La peur du débat et le refus de l’unité des masses, relèvent d’une même faiblesse : le manque de confiance dans le mouvement populaire et dans son rôle central dans le combat émancipateur. Ces peurs entretiennent les malentendus et nourrissent l’impuissance des tiraillements stériles.
Sans prétendre détenir des vérités d’évangile, nous soumettons sous une forme très ramassée, quelques axes de réflexion.
1. Devant la gravité des menaces qui nous assaillent, tant chez nous qu’au niveau mondial, le premier devoir est de résister. Sans le combat immédiat, aucun plan ne vaut.
2. La confrontation engagée en France, et suivie avec intérêt et sympathie dans bien des pays, décidera largement des conditions des luttes à venir.
3. Le rôle principal est joué par les forces sociales de France, mais notre participation à ce combat est une question d’intérêt pour nous–mêmes, pour les générations à venir, et une question élémentaire de dignité.
4. Le retrait du plan scélérat de Macron, l’exigence d’un retour aux 60 ans et aux 37,5 annuités, doivent aller de pair avec le combat pour les salaires, contre la vie chère, pour l’emploi décent, pour des services publics convenables, pour la sortie du crime chlordécone, pour le droit de vivre, de travailler, de décider au pays, pour la transition énergétique, pour l’égalité des genres. Tous ces combats sont liés.
5. Le rôle des équipes militantes syndicales et politiques, n’est rien d’autre que de chercher le chemin des masses, de susciter, de soutenir, d’impulser leur mobilisation, d’aider à leur auto-organisation.
6. Dans cette activité, la grève, les grèves, les reconductibles, la grève générale est l’arme la plus efficace des travailleur·se·s. Tout le reste, les manifestations, les blocages, les barrages, doivent être subordonnés à cette stratégie. Tout ce qui la favorise est bon. Tout ce qui la contrarie est mauvais. Dans cette lutte, le mouvement de masse doit assurer sa propre protection contre les violences de l’État et de ses sbires.
7. Le critère principal pour juger de l’intelligence et de la sincérité dans la lutte, c’est celui de la recherche de l’unité au sommet comme à la base, dans les intersyndicales d’entreprises comme dans « l’intersyndicale » centrale.
8. La combinaison des formes de lutte, l’alternance des moments, la complémentarité des actions sont des évidences, dès lors qu’elles ne vont pas à l’encontre de l’objectif rappelé en 6.
Refuser les manifestations unitaires, c’est se priver des participations larges qui crédibilisent le mouvement. Refuser les blocages, c’est laisser tranquilles les exploiteurs pour le compte de qui Macron est en service commandé. Refuser le travail à la base, dans les entreprises et les bureaux, c’est priver le mouvement de ses jambes. Refuser les cibles symbolisant l’État, c’est oublier la nature sociale ET politique du combat. Refuser le principe : on gêne au maximum les Profiteurs et leur État, on gêne au minimum la population, c’est rendre plus difficile la participation du plus grand nombre, arme essentielle de la victoire.
9. L’acteur premier dans cette lutte est le mouvement syndical. Toute la population est concernée. Cela veut dire que le mouvement associatif, que les partis se réclamant de la majorité sociale, ont leur place et doivent jouer leur rôle. Les élus conséquents, en plus de leurs instances représentatives, se doivent d’être dans la rue et d’appeler leurs électeurs et électrices à se mobiliser.
10. Dans le combat qui se déroule en ce moment, la victoire et la défaite sont possibles. Oui, la victoire est possible. Agissons pour elle !
Lyannaj Po Dépolyé Matinik (LPDM) : «Pour un débat public sur la loi programme chlordécone»
La CTM a voté à l’unanimité un texte, pour une loi–programme sur la sortie du chlordécone. Au–delà des mots ronflants, qui ne nous émeuvent guère (loi mawon!), nous approuvons la démarche.
Nous considérons que Lyannaj pou dépolyé Matinik a tout–à–fait raison de demander un débat public sur ce projet. Le front social et politique discuté avec les élus, dont le président de la CTM, suppose ce type de débat, indispensable à la création d’un rapport de forces face à l’État.
Rien que pour Paris, contre la réforme Macron : 90 arrestations préventives et arbitraires
« Neuf cent personnes, entre le 16 et le 26 mars, ont été interpellées et placées en garde à vue dans le cadre de manifestations à Paris…La grande majorité de ces personnes ont bénéficié d’un classement sans suite… ».
Ceci est l’extrait d’une tribune collective d’avocats contre le recours aux arrestations préventives et arbitraires, publiée dans le quotidien Le Monde du 27 mars. Tout cela s’est passé en 11 jours de manifestations contre leur contre-réforme des retraites dont ne veut pas 70% des Français et 90% du monde salarié.
Répartitipon ou capitalisation ? Voler nos cotisations et enrichir les capitalistes
À observer la macronie, les LR, et le Modem, tous ne jurent que par la répartition, (en feignant d’être sincères), depuis l’écriture de leur contre-réforme des retraites pondue ces derniers mois. Ils auraient donc, même oublié la réforme par points.
En effet, celle-ci ouvrait largement la porte à la capitalisation. Macron en 2019, tant lui et ses partisans, nous la proposaient, aujourd’hui ils font semblant d’être les plus ardents défenseurs de la répartition. N’allez surtout pas les croire !
Lorsqu’a été créée la Sécurité sociale en 1945, à la suite des sacrifices de la seconde guerre mondiale et des objectifs du Conseil National de la Résistance, tout ce que la droite comptait comme réactionnaires, a combattu cette conquête du monde salarial. La droite reprochait à la Sécu, d’être un système par répartition, à l’opposé de la capitalisation, dans lequel c’est la capacité pécuniaire individuelle qui prime, et pas les besoins de chacun.
Avec la Sécu et la répartition, on passait alors au moins partiellement, du « à chacun selon ses capacités » au « à chacun selon ses besoins ». Pour la bourgeoisie, pour le grand patronat, pour Trump, pour Bolsonaro, pour Rishi Sunak, pour Giorgia Méloni, cette aspiration n’est que l’institution du « diable communiste ».
D’ailleurs, l’apparente sincérité des macronistes, LR, Modem, Socialistes à la Cazaneuve, Rossignol et Hollande, tiendrait la route si tous, depuis des décennies, n’avaient pas combattu et cherché en permanence à casser la Sécu, au point de la rendre dans son état actuel, presque « hostile » aux intérêts du plus grand nombre.
En effet, de nos jours, la Sécu n’est plus que le pâle reflet de ce qu’avaient mis en place les combattantEs de l’époque avec les luttes ouvrières massives. Se soigner, ainsi qu’avoir une protection sociale satisfaisante, coûte de plus en plus cher pour le plus grand nombre.
Leur défense formelle du système par répartition, n’est finalement que mensongère car ils et elles l’ont largement mis à mal. Ils et elles ont affirmé leur volonté de nous faire travailler plus longtemps en faisant de la retraite un choix individuel. Ils et elles ont fait le choix de ménager coûte que coûte le patronat. Ils et elles ne font aujourd’hui que poursuivre leur objectif fondamental, à savoir liquider la Sécu (voir la place grandissante des assurances et mutuelles, le renchérissement du coût de la santé…).
Une liquidation programmée par doses successives, qui sera demain le prétexte (à moins de notre lutte massive, populaire et victorieuse) à l’introduction « inévitable » de leur capitalisation (« à chacun selon ses capacités ») qui offrira aux assurances, mutuelles…un marché constitué par l’immense budget de la Sécu (c’est-à-dire une part de nos salaires), nettement supérieur à celui de l’État.