Face à une escalade de violences sans précédent, la préfecture de Martinique a réinstauré le couvre-feu à compter du jeudi 10 octobre, de 21h à 5h du matin. Cette décision fait suite à une nuit de chaos marquée par des violences urbaines d’une intensité inédite. Le directeur de cabinet du préfet, Paul-François Chira, a annoncé sur les ondes de RCI que toutes les manifestations sur la voie publique seraient interdites sous peine de sanctions, afin de restaurer l’ordre dans l’île.
Une vague de violences d’une ampleur exceptionnelle
La nuit du 9 au 10 octobre a été le théâtre d’actes de vandalisme généralisés. Des bandes organisées ont déferlé dans plusieurs communes de l’île, semant la destruction à travers des incendies et des pillages. Le bilan est particulièrement lourd : 500 véhicules incendiés, 30 policiers et gendarmes blessés, 12 arrestations, et un mort par balle au Robert. Une vingtaine de commerces ont été pillés, dont une quinzaine également incendiés, ainsi que deux bâtiments publics entièrement détruits par les flammes.
Des barricades enflammées ont été signalées dans plusieurs zones de l’île, notamment sur la rocade de Fort-de-France, où des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos. Les forces de l’ordre ont dû intervenir pour reprendre le contrôle de plusieurs points stratégiques.
La question de la vie chère au cœur des tensions
Bien que ces actes violents soient attribués à des groupes criminels, Paul-François Chira a tenu à distinguer ces exactions des revendications légitimes liées à la vie chère, une problématique qui mobilise la population martiniquaise depuis le mois de septembre. Le mouvement contre la hausse du coût de la vie, porté par le collectif RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), dénonce notamment la différence de prix avec l’Hexagone, les produits alimentaires étant 40 % plus chers en Martinique.
Si la situation s’était quelque peu calmée ces dernières semaines, les violences ont repris après un affrontement lundi entre les CRS et des militants lors d’une opération de blocage à Fort-de-France. Depuis, chaque nuit, de nouveaux incidents éclatent, aggravant une situation déjà tendue.
La réponse des autorités : sécuriser et « pacifier »
En réponse à ces événements dramatiques, les autorités locales ont mobilisé d’importants effectifs pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire. Un arrêté préfectoral officialisant le rétablissement du couvre-feu est en cours de rédaction. L’objectif est de contenir les violences et d’éviter de nouveaux débordements, tout en maintenant le dialogue sur les questions sociales à travers une réunion prévue ce jeudi entre les acteurs locaux.
La Martinique traverse actuellement une période critique, où les frustrations liées à la vie chère s’entremêlent avec des actes de vandalisme, plongeant l’île dans un climat de tension extrême. Les autorités espèrent que les mesures prises permettront de rétablir le calme et de recentrer les débats sur les revendications sociales sans que la violence ne continue de prendre le dessus.