Par Selim Lander.
Le Roman de Renart date du tournant du XIIIe siècle. C’est donc l’un des premiers textes comiques écrits en (vieux) français. Maurice Baud a décidé de le monter au théâtre dans une version abrégée et modernisée sans excès par Bruno Cosson. Ils rendent tous deux un service éminent aux lettres françaises en rendant accessible ce texte des origines de notre littérature. Et le public l’a bien compris qui se presse nombreux aux représentations (le Théâtre municipal fait salle comble tous les soirs). Autant dire que ce retour en arrière est plus que rafraîchissant. Nos ancêtres y apparaissent comme des êtres primesautiers, irrévérencieux, s’amusant de choses simples et ne négligeant pas la gaudriole. Le roi Lion ne sait pas ce qu’il veut, le curé est en puissance de femme et d’enfant et les femelles de tout poil se font allègrement sauter par un messire Renart lequel possède plus d’un tour dans son sac.
Le comédien est accompagné sur la scène par une violoncelliste, Marie-Claude Douvrain. Elle lui apporte un contrepoint musical qui n’a rien de superflu. On notera que le violoncelle possède une « voix » grave et chaude qui explique qu’on le trouve souvent présent sur les scènes de théâtre, l’accordéon demeurant son seul concurrent sérieux.
Quant à Maurice Baud, qui déploie un dynamisme étonnant, il fait merveille dans ses imitations des animaux qui peuplent le Roman de Renart. « Imitation » n’est d’ailleurs pas le mot, car il s’agit d’un vrai travail d’interprétation ou, si l’on préfère, de recréation. Il parvient à évoquer ces animaux sans les copier servilement, ce qui constitue – si l’on y songe bien – le vrai travail du comédien.
Seul bémol à cette représentation : qu’elle soit un peu trop répétitive. Les frasques et les ruses de Renard sont à peu près toujours les mêmes. Sachant que la version canonique du Roman de Renart compte 120.000 vers, on a peine à croire qu’il n’eût pas été possible de diversifier davantage les épisodes retenus.
Au Théâtre municipal de Fort-de-France du 13 au 15 novembre 2014.