— Par Florent Grabin, PUMA —
Au moment où le gouvernement a présenté le 18 janvier 2018 le projet de futur »PLAN PESTICIDES », (dont la date limite de dépôt des propositions est fixée au 30 mars 2018), nous remarquons qu’aucune communication n’a été faite à ce sujet par les Services de l’État, contrairement à la surmédiatisation sur la molécule Chlordécone, savamment orchestrée en Martinique par nos médias.
Cette manipulation de l’opinion publique, n’est pas recevable et ne peut pas se poursuivre ; d’autant plus qu’au niveau national nous notons dans la Priorité 1 du plan pesticides : »Il est nécessaire d’interdire rapidement l’usage de tous les pesticides de synthèse dont les substances actives sont les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement les cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques certains, probables ou possibles ainsi que perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés ».
Depuis des années nous vous interpellons sur l’urgence de diminuer très rapidement l’utilisation des substances les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement, que nous retrouvons dans l’eau du robinet dans certaines zones de notre département. Dans une étude faite par la Direction de la Santé et du Développement Social en 2008 (document joint), il est écrit :
»En revanche, il est curieux d’observer la présence d’anthraquinone, diuron et monuron (toujours en dessous des seuils de potabilité) sur le réseau de distribution, puisque ces molécules ne sont pas retrouvées de façon usuelle au niveau de la ressource en eau brute (prise sur la rivière Lézarde ou la rivière Capot). Les distributeurs d’eau ont été informés ».
Depuis rien, n’a été fait et c’est sans relâche que l’État indique que les niveaux de ces polluants sont inférieurs aux seuils de potabilité, tout en refusant de prendre en compte les effets cocktails de l’ensemble de ces petites doses que nous ingérons au quotidien.
En votre qualité de Parlementaire, nous vous invitons à renforcer notre démarche concernant l’unique molécule Chloredécone, fait que nous dénonçons depuis le lancement de cette opération en Martinique. Il est impératif de sortir cette polarisation, nous consommons différentes molécules chimiques issues de notre production locale et de toute l’importation, c’est sur ce »cocktail détonnant » que nous devons nous orienter.
Télécharger : Recherche pesticides sur les réseaux eau du robinet 2008.pdf
Télécharger : Recherche pesticides dans l’eau de distribution.pdf
Le Ministre de la Santé a arrêté de financer les recherches menées aux Antilles sur la chlordécones, ce qui pour nous, est un aveu d’échec. Il n’est pas acceptable de financer des personnes qui refusent de se référer à »la littérature scientifique à comité de relecture », dans laquelle il y a des publications des : Professeurs Gilles Éric SERALINI (Professeur en Biologie Moléculaire) le Professeur Charles SULTAN (Professeur en Endocrinologie Moléculaire) le Professeur Dominique BELPOMME (Professeur en Cancérologie) Le Professeur Claude REISSE (L’un des Inventeurs de la Toxicogénomique). Ces derniers ont depuis plusieurs années prouvé le lien entre la combinaison chlordécone et différentes molécules dans le cancer de la prostate et les autres.
Il est nécessaire que nos parlementaires cessent de se conformer aux données locales, et s’orientent vers des chercheurs indépendants pour comprendre ce qu’il ne faut plus faire chez nous dans notre production et consommation.
Forts de ces éléments ils devront, tout faire pour demander à la France de s’engager à impulser une réforme totale de l’évaluation des pesticides en Europe, notamment en exigeant que l’ensemble des études scientifiques disponibles et leurs conclusions soit prises en compte afin de mettre un terme à la situation actuelle scandaleuse, dans laquelle les études fournies par les industriels servent de base à l’évaluation des pesticides. Avant de donner une autorisation de mise sur le marché des produits chimiques à usage agricole, les études devront être menées sur les adjuvants et les autres composants du produit commercialisé.
De même, il est impératif que l’INRA augmente, de manière considérable, les budgets consacrés à la recherche sur des systèmes de cultures économes en intrant, y compris à travers une recherche participative avec les agriculteurs les plus performants dans ce domaine. En Martinique, nous avons des solutions naturelles que l’on ne peut faire valider faute de moyens financiers et autres freins. Les produits de cette recherche devront ensuite être diffusés via des organismes de transfert (cf. Agrotransfert en Picardie) et les réseaux DEPHY.
Dans le même temps, si nous voulons préserver notre population, il est urgent que tout le monde ait accès à une nourriture saine. Il n’est plus possible de maintenir cette discrimination entre ceux qui ont les moyens financiers pour accéder à la bonne nourriture et le reste de la population qui n’a pas accès à la qualité nutritive, (recours au prix bas, avec toutes les dérives que cela implique).
Que l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides d’Ecophyto que nos producteurs agricoles ont largement dépassé (75% de réduction de l’usage des pesticides) soit rappelé à ce stade à la France, ainsi que son indicateur de référence nationale NODU (basé sur le nombre de doses) et que la société civile soit associée à sa gouvernance !
Grâce au dialogue permanent avec la profession de la banane, nous avons atteint des performances, à savoir : le retrait du désherbant à base de Glyphosate avec les adjuvants les plus dangereux, l’utilisation de plantes de couverture et bien d’autres innovations allant dans le bon sens.
Le plan présenté par l’État est très insuffisant et ne permettra pas, tel qu’il est, de conduire à une forte et rapide réduction de l’usage des pesticides au niveau national ni, de protéger convenablement les populations exposées (riverains, professionnels…). Dans ces conditions nous devrons produire propre, afin d’obtenir, à terme, l’autosuffisance alimentaire… Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président