— Par Julie Bessard —
Fond Bernier,
quartier littoral de Schœlcher, mon quartier serré dans la boucle entre la mer et la route de Saint-Pierre. Quartier dense et enchevêtré grimpant vers la colline.
Un terrain municipal central : parking, stockage, manœuvres, rencontres .
Au milieu s’élève notre majestueux tamarinier centenaire et plus, comme une respiration dans l’enchevêtrement des maisons serrées du littoral.
Victorieux des cyclones, poumon vert semé d’oiseaux, identité du quartier, aucun arbre littoral comparable de Ducos à Saint-Pierre.Identité.
Ils sont venus, ils l’ont détruit, git la mangrove de ses branches mortes.
Fin de l’histoire.
Pourquoi ?
Rumeurs d’insécurité pressées et sans experts. Frénésie des tronçonneuses endiablées.
Trop de beauté.
Le quartier est comme une bouche édentée qui crie son arbre disparu, béance ,mutilation.
Le soleil frappe en retour la nudité de ces maisons maintenant si exposées.
Plus d’oiseaux, plus de danse verte au vent.
Comme des charognards autour du moignon martyr, les carcasses de voitures abandonnées sont réapparues.
Quartier banal de béton et de tôles.
Pas de réparation pour un arbre tombé,
Restent la morsure du soleil, l’errance des oiseaux et le silence des feuilles.
Impunité contre humanité.
Julie Bessard