Dans le fatras de fausses indignations auxquelles le Président du conseil exécutif de la CTM nous a habitué on relève quelques appréciations pertinentes: «l’État (sous-entendu français) n’a pas de stratégie pour les pays d’outre-mer,confettis d’un Etat colonial qui n’a pas su réinventer sa relation à l’autre»; «l’économie de la Martinique construite sur le mal-développement est une économie de comptoir qui persiste et qui dure »; «le contrôle des prix et des marges en Martinique est d’une insuffisance (de moyens!) chronique» et encore et surtout le constat incontestable que «grandit le sentiment d’insécurité des familles martiniquaises» eu égard à « l’échec de la doctrine d’intervention de l’État qui consiste à protéger l’Europe de la drogue ( lutte contre les narcotrafiquants) et à laisser les pays d’outre-mer en première ligne». Tout ceci, qui méritait d’être dit, est hélas d’une brûlante actualité. satisfecit donc à Mr le PCE pour l’avoir dit. Malheureusement tout le reste de la démonstration n’est que faux-semblant qui empeste la manipulation à plein nez. Comment ne pas reconnaître le bien-fondé du constat, celui-ci dressé par le Préfet ( sous réserve de l’entorse faite à l’obligation de neutralité de sa fonction ), selon lequel:« les Martiniquais n’ont jamais travaillé ensemble à bâtir un projet d’avenir, projet qu’il n’aurait jamais vu de la part de leurs élus»; l’ensemble des citoyens martiniquais, qui seraient bien en peine de dire en quoi consiste ce “projet d’avenir”de nos élus dont ils n’ont jamais vu la couleur, ne peuvent que souscrire à cette assertion; ils sont mieux placés que quiconque pour savoir qu’ils n’ont jamais été invités à se prononcer sur un tel projet qui les concerne au premier chef. La litanie des propositions égrenées avec jubilation par Serge Letchimy ne doit pas faire illusion, il s’agit pour la plupart d’initiatives personnelles, cogitées, en son for intérieur par l’intéressé, au mieux avec le concours de quelques affidés, qu’il a entrepris propio motu de soumettre aux autorités nationales sans qu’elles n’aient fait l’objet d’aucune étude approfondie et encore moins receuillies l’approbation de la population. On est là au coeur de la dérive des institutions telles que pratiquées par l’Exécutif actuel de la CTM . quoi bon tous ces plans sur la comète, tel ce fameux plan de mandature, lesté à l’origine de 207 actions regroupées autour de 13 axes majeurs, dont quatre ans après, on ne voit pas l’ombre d’une réalisation, mais qui assurément, vient d’être définitivement enterré,si l’on en croit les projections financières, sans concession, dressées par l’élu responsable à la collectivité territoriale des finances publiques, ? Que valent ces autres propositions à l’emporte-pièce qui ne sont adossées à aucun calendrier ni plan de financement et sont exemptes de consensus? On est à mille lieues d’un vrai projet d’avenir qui suppose avant toute chose la mise en place d’un mécanisme de consultation des martiniquais dans toutes leurs organisations représentatives, qu’elles soient professionnelles, culturelles ou sociales. Bien entendu, elles devront être assistées pour la formulation de leurs propostions tenant compte des données de base et des anticipations du futur, par les meilleurs spécialistes en matière d’analyse prospective, qu’ils soient locaux ou venus de l’extérieur. La maîtrise d’œuvre de cette vaste opération devrait être confiée à l’Université car c’est le destin de notre jeunesse qui est en jeu. Un comité de pilotage ad hoc devrait être mis en place regroupant, sur un plan d’égalité, l’ensemble des autorités politiques du pays : maires, parlementaires, conseillers territoriaux, EPCI, sans oublier l’Etat financeur incontournable qui, en toute hypothèse, reste à ce jour le principal garant du respect des règles républicaines. Le maître d’œuvre serait tenu de rendre compte régulièrement au comité de pilotage de l’avancement de ses travaux. Au final, cette “vision d’avenir stratégique,” synthétisée dans un document clair et compréhensible par tous, devra être soumise à la sanction approbative du vote populaire, selon des modalités à déterminer. Ce document deviendra de ce fait la feuille de route servant de référence à toutes les parties prenantes pour leurs prises de décisions ainsi que dans leurs relations, contractuelles ou non, les unes avec les autres.
Utopique ? diront certains, gageons qu’il s’agira de ceux qui regardent obstinément l’avenir dans un rétroviseur, de ceux qui n’ont rien d’autre à offrir à notre jeunesse impatiente de faire ses preuves et de montrer ses capacités que la régurgitation ad nauseam du plat frelaté de l’esclavage et de la colonisation .Ainsi, ils s’avèrent incapables de traduire en actes leur slogan mille fois répété de “l’autonomie alimentaire;”pourtant, les professionnels concernés leurs ont largement mâché la besogne en inventoriant les actions principales à entreprendre : installation et formation des exploitants, désenclavement des terres agricoles, remises en culture des friches dépoluées, préfinancement du Posei, abondé en faveur de la diversification, structuration des filières et aides à la commercialisation …; rien n’y fait,faute d’initiatives courageuses ils restent désespérément les deux pieds dans un même sabot, ressassant jusqu’à plus soif leur discours éculé reportant sur les autres (l’Etat) ou sur les séquelles d’un passé révolu (l’esclavage),la responsabilité de leur inaction (le même scénario d’impuissance que pour la lutte contre “la vie chère “!).Pendant ce temps le monde avance et la Martinique, elle, ne cesse de reculer; privée de boussole,elle en est réduite à se donner à corps perdu au premier charlatan mâtiné de populisme venu, dont le progrmme affiché est la destruction de tout ce qui existe de positif sur cette île. Projet d’avenir ou cauchemar garanti sur factures (mais sans les assurances qui se retirent !), il appartient aux martiniquais, désormais dos au mur, de choisir la voie dans laquelle ils veulent s’engager.