— Par Max Dorléans (GRS) —
A observer la macronie, les LR, et le Modem, tous ne jurent apparemment très sincèrement depuis l’écriture de la réforme des retraites pondue ces derniers mois, que par la répartition. On aurait même oublié la réforme par points – qui ouvrait largement la porte à la capitalisation – proposée en 2019 par Macron, tant lui et ses partisans apparaissent comme les plus ardents défenseurs de la répartition. Pourtant, lorsqu’a été créée la Sécurité sociale en 1945, tout ce que la droite comptait comme réactionnaires, a combattu celle-ci, précisément parce que c’était un système par répartition, à l’opposé de la capitalisation dans lequel c’est la capacité pécuniaire individuelle qui prime, et pas les besoins de chacun. Avec la Sécu et la répartition, on passait alors au moins partiellement, de « à chacun selon ses capacités » à « à chacun selon ses besoins ». Sauf que leur apparente sincérité tiendrait la route si tous, depuis des décennies, n’avaient pas combattu et cherché en permanence à casser la Sécu, au point de la rendre dans son état actuel, presque « hostile » aux intérêts du plus grand nombre. En effet, de nos jours, la Sécu n’est plus que le pâle reflet de ce qu’avaient mis en place les combattant/es de l’époque avec les luttes ouvrières massives, et se soigner ainsi qu’avoir une protection sociale satisfaisante, coûte de plus en plus cher pour le plus grand nombre. Ce qui signifie en réalité, qu’avec d’une part leur défense formelle du système par répartition largement mis à mal, et surtout leur volonté de nous faire travailler plus longtemps en faisant de la retraite un choix individuel, et d’autre part leur choix de ménager coûte que coûte le patronat, ils ne font aujourd’hui que poursuivre leur objectif fondamental, à savoir liquider la Sécu (voir la place grandissante des assurances et mutuelles, le renchérissement du coût de la santé…). Une liquidation programmée par doses successives, qui sera demain le prétexte (à moins d’une lutte massive, populaire et victorieuse contre) à l’introduction « inévitable » de leur capitalisation (« à chacun selon ses capacités ») qui offrira aux assurances, mutuelles…un marché constitué par l’immense budget de la Sécu, nettement supérieur à celui de l’Etat.