Deux associations avaient fait une demande de recherche de fosses communes, afin d’en faire des sépultures et des lieux de mémoire.
Fort-de-France – La Cour d’appel de Fort-de-France a rejeté mardi la demande de deux associations de descendants d’esclaves concernant la recherche de charniers où des milliers d’esclaves auraient été enterrés en Martinique, aux abords des plantations.
Elle a rejeté la demande émanant du Mouvement international pour les réparations (MIR) et du Comité national pour les réparations Martinique (CNP), confirmant le jugement de première instance et invoquant la prescription des faits.
Les associations avaient saisi la justice dans le cadre de la réparation des crimes de la traite et de l’esclavage pour « qu’une expertise soit ordonnée, avec comme (…) mission de retrouver les fosses communes qui sont essaimées sur le territoire de la Martinique où les corps des esclaves assassinés ont été jetés et oubliés depuis plus de deux siècles et demi« , explique la Cour d’appel dans un arrêt du 25 janvier consulté par l’AFP.
La procédure avait été initiée en février 2020 par le MIR qui milite pour l’indemnisation des descendants d’esclaves dans les Antilles et en Guyane.
L’objectif de cette démarche est double: étayer la condamnation de l’Etat français pour son rôle dans l’esclavage, et faire de ces charniers des lieux de sépultures et de mémoire.
Selon l’un des avocats du MIR, Me Alain Manville, interrogé par l’AFP, « la cour commet une erreur sur l’objet de la procédure, qui n’est pas la réparation en elle-même, mais le droit à la sépulture« .
Et d’insister sur le caractère symbolique que représenterait une telle mesure: « Ces gens (…) ont été les premiers résistants à l’esclavage, et devraient être honorés face à la société totalitaire colonialiste dans les plantations« .
« On va continuer, on va saisir la Cour de cassation, et la CEDH, le combat continue« , a-t-il assuré.
Garcin Malsa, président du MIR et du CNP Martinique, a affirmé ne pas être surpris par cette décision, tout en restant déterminé: « Nous exigeons un droit à la sépulture, nous exigeons que nos ancêtres aient un lieu quelque part en Martinique où nous puissions (nous recueillir)« .
Cette procédure n’est pas la première initiée par le MIR. Après le vote de la loi Taubira du 21 mai 2001, reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité, plusieurs associations des Antilles ont entamé des démarches judiciaires de réparation contre l’État, sans succès.
Source : AFP/ Le Figaro