— Marie-Michelle Toussaint, secrétaire générale du SE-Unsa Martinique —
À partir du 1er septembre, plus de 40 000 jeunes Martiniquais ainsi que l’ensemble des personnels de l’éducation vont reprendre le chemin de l’école. Le 14 août, 2 semaines avant la rentrée, le ministère de l’Éducation rendait public un protocole sanitaire assouplissant les exigences relatives notamment aux gestes barrières, au port du masque et à la distanciation physique dans les établissements scolaires. Suscitant étonnement et inquiétude chez les personnels.
Il est évident que ce protocole allégé était inadapté compte tenu de la reprise avérée de la circulation du virus et de l’incertitude de la situation épidémique en septembre prochain. Les personnels sont légitimement inquiets d’autant que d’une part, de récentes études scientifiques affirment que les enfants, les adolescents et les jeunes peuvent être des agents de transmission de la Covid-19 et que d’autre part, l’OMS recommande le port du masque pour tous dans les salles de classe.
Paradoxalement, la France deviendra le 1er septembre le 1er pays européen à imposer le port du masque dans les entreprises. Or, une telle disposition n’est pas prise pour les salles de classe qui sont également des lieux clos et couverts. Il est rappelé que dès le 8 juin, le SEUnsa demandait au ministre de l’Éducation l’ouverture d’une concertation pour préparer la rentrée en prenant appui sur l’expérience acquise durant les mois précédant la sortie et pour permettre aux personnels d’anticiper et aux collectivités de réaliser des aménagements si nécessaire.
Protocoles adaptés
Dans le cadre de la préparation de la rentrée, le SE-Unsa demande l’élaboration de protocoles sanitaires adaptés à plusieurs niveaux de circulation du virus et à l’âge des élèves de la maternelle au lycée. Ces protocoles, même adaptés localement, devront garantir une réelle sécurité sanitaire de tous les usagers de l’école.
S’agissant de l’application des gestes barrières et notamment du port du masque, au SE-Unsa nous demandons qu’il soit rendu obligatoire à l’intérieur des établissements mais également devant les portails de ces établissements. Il faut également prévoir l’obligation du port du masque pour les parents d’élèves qui accompagnent leurs enfants à l’école, notamment en école maternelle.
Les protocoles devront mentionner les mesures de protection prévues pour les personnels fragiles ou à risques. En outre, les protocoles sanitaires devront clairement indiquer les dispositions applicables dans le cas où un foyer serait identifié dans un établissement. Au SE-Unsa de la Martinique, au regard de la situation socio-économique du territoire, nous demandons que les masques soient fournis gratuitement à tous les collégiens aux lycéens et aux écoliers du cycle 3 (CM1 et CM2). Dans un tel contexte, nous demandons un plan de soutien financier de l’État aux collectivités (mairies et CTM) pour la rénovation et l’équipement des bâtiments scolaires. Par ailleurs, la question de la distribution de l’eau sur tout le territoire devra être résolu pour rendre possible le fréquent lavage des mains et le respect strict de cette mesure sanitaire. Il est nécessaire de mettre en place un véritable service de santé pour les personnels et les élèves et procéder au recrutement de médecins et d’infirmiers scolaires.
Le confinement et la fermeture des établissements ont mis en évidence et ont amplifié les inégalités scolaires et sociales. Dans le cas où la progression de l’épidémie nécessiterait la fermeture d’établissement, il conviendrait qu’il y ait un plan d’équipement et de connexion des élèves dès l’école primaire pour dépasser la fracture numérique. De même que nous revendiquons un crédit d’impôts pour tous les personnels : enseignants, CPE, psychologues de l’éducation, assistants sociaux et AESH pour l’achat de matériel individuel et l’accès à internet très haut débit.
Réflexion pédagogique
Du point de vue pédagogique, il conviendrait de prévoir une réflexion et une aide à l’adaptation des contenus d’enseignement pour tenir compte de la rupture de scolarisation de l’année scolaire précédente. Il est urgent que : – le moratoire sur les suppressions de postes et les fermetures de classes soit effectif ; – des personnels enseignants , CPE, psychologues de l’éducation, AESH, AED, personnels administratifs, d’encadrement en vie scolaire, Atsem en maternelle, secrétaires pour l’aide à la direction d’école) soient recrutés en nombre pour renforcer l’accompagnement et le suivi individuel des élèves. Pour ce faire, il est impératif que soit mis en place dans le budget 2021 un plan pluriannuel de recrutement et de formation pour l’ensemble des personnels. Pour renforcer l’accompagnement social des élèves et des familles, le recrutement d’assistants sociaux s’impose.
De telles mesures — du point de vue de l’organisation de la vie dans l’école et le collège ou le lycée et du point de vue pédagogique ou social devront être complétées par du temps dégagé sur le temps de service pour la concertation des équipes et leur formation. Ces premières propositions du SEUnsa visent à permettre la réussite scolaire des élèves, de la jeunesse de notre pays dans ce contexte de crise renforcé par la pandémie du virus Covid-19 Enfin, nous rappelons que le SE-Unsa Martinique et sa Fédération l’Unsa Éducation réitèrent la demande de la mise en place d’un Observatoire de la réussite scolaire dans l’académie.
Marie-Michelle Toussaint, secrétaire générale du SE-Unsa Martinique