La Commission européenne a récemment suscité de vives réactions en proposant de renouveler l’autorisation d’utilisation du glyphosate dans l’Union européenne pour une durée de dix ans, sous certaines conditions strictes. Cette décision intervient après la publication d’un rapport par un organisme de régulation affirmant que le niveau de risque lié au glyphosate ne justifiait pas son interdiction. Cette proposition a suscité un débat passionné, mettant en lumière les préoccupations concernant les pesticides, la santé publique, et les intérêts de l’industrie chimique.
Le glyphosate est un herbicide largement utilisé dans le monde, notamment dans des produits bien connus tels que le Roundup de Monsanto. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le glyphosate comme un « cancérogène probable » pour les humains, ce qui a suscité des inquiétudes croissantes quant à son utilisation.
L’autorisation actuelle d’utilisation du glyphosate dans l’UE avait été renouvelée en 2017 pour une période de cinq ans, mais cette autorisation devait expirer le 15 décembre 2022. Cependant, elle a été prolongée d’un an en attendant une évaluation scientifique plus approfondie sur les risques liés à cet herbicide.
En septembre 2023, une étude a été publiée dans le Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology, mettant en évidence pour la première fois un lien entre l’exposition au glyphosate et un marqueur biologique de dommages neurologiques. Cette étude a porté sur la population générale des adultes américains, exposée au glyphosate principalement par le biais de leur alimentation.
Les chercheurs ont utilisé des données provenant de l’une des plus grandes cohortes épidémiologiques aux États-Unis, appelée NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). Ils ont découvert une augmentation des taux de « neurofilaments à chaîne légère » (NfL), un marqueur de dommages neurologiques, en fonction de l’exposition au glyphosate. Bien que les niveaux de NfL relevés dans cette étude ne soient pas pathologiques, ils ont été associés à une perte future de volume cérébral, ce qui soulève des inquiétudes quant aux effets potentiels sur la santé à long terme.
Cette étude a été considérée comme surprenante, car elle n’a pas porté sur des populations professionnellement exposées à des doses élevées de glyphosate, mais sur la population générale. Cela a suscité des préoccupations quant aux risques associés à une exposition même faible à cet herbicide.
Cependant, il est important de noter que cette étude n’établit pas de manière formelle une causalité entre l’exposition au glyphosate et les dommages neurologiques. Les chercheurs ont souligné que des recherches expérimentales ultérieures seraient nécessaires pour explorer davantage cette causalité.
Parallèlement à ces découvertes, la Commission européenne a proposé de renouveler l’autorisation du glyphosate pour une durée de dix ans, tout en imposant des conditions plus strictes pour son utilisation. Les critiques de cette proposition, notamment émanant des eurodéputés de gauche, dénoncent le lobbying puissant de l’industrie des pesticides au niveau européen et appellent à une interdiction du glyphosate en raison de ses risques présumés pour la santé et l’environnement.
En France, le président Emmanuel Macron s’était initialement engagé en 2017 à interdire le glyphosate « au plus tard » début 2021, mais il a finalement révoqué cette promesse. La controverse autour du glyphosate soulève des questions cruciales sur la réglementation des pesticides en Europe, la transparence dans les décisions réglementaires et l’équilibre entre la protection de la santé publique et les intérêts de l’industrie chimique.
Le Glyphosate et ses Enjeux
Le glyphosate est un herbicide à large spectre qui a été largement utilisé depuis son introduction sur le marché dans les années 1970. Il est principalement connu sous la marque commerciale Roundup, qui appartient à la société Monsanto (acquise par Bayer en 2018). Le glyphosate est utilisé pour désherber les cultures, les jardins, les parcs, et même les espaces publics. Son utilisation massive dans l’agriculture conventionnelle a fait de lui l’herbicide le plus vendu au monde.
Le débat sur le glyphosate tourne principalement autour de ses effets sur la santé humaine et l’environnement.