—Par Selim Lander —
Une petite en uniforme de lycéenne – jupette jaune et haut blanc – qui court, qui court à perdre haleine, deux jeunes gars bien baraqués, l’un le frère de l’une, l’autre le copain de l’un, qui œuvrent sans entrain dans la cuisine d’un palace, des chiens errants, des étrangers en goguette, des putes guère affriolantes, des familles naufragées, la drogue, les médicaments, et l’argent, l’argent qui brûle les doigts et qui manque, qui manque. Tout cela est filmé à Cuba avec des vues en plongée sur les toits de la Havane, des scènes de rues entre les maisons décaties, des vélos hors d’âge tractés par des autobus brinquebalants. Et la mer, la mer belle mais dangereuse dans laquelle on peut se noyer.
De quoi construire une belle aventure de cinéma et Lucy Mulloy, américaine, porte sur la Havane et ses habitants le regard précis et distancié qui convient. Cette histoire de Cubanos qui veulent troquer l’enfer (leur île) contre le paradis (Miami) est plus originale qu’il n’y paraît, ne serait-ce que parce que des trois fugitifs, un seul est vraiment candidat à l’exil, Raul. Elio suit parce qu’il est, sans le savoir, amoureux de ce beau gosse. Quant à Lila, elle embarquera au dernier moment sur le radeau, simplement parce qu’elle n’imagine pas de vivre sans Elio, son frère jumeau.
L’histoire, au demeurant, n’a pas tellement d’importance. Le film vaut davantage par son découpage – nerveux à souhait, qui nous contraint à rester collés à l’écran – et par des images empreintes d’une troublante sensualité, alors même que les scènes d’amour proprement dites sont plutôt refroidissantes. Une psychanalyse, Ms Mulloy ?