— Présentation par Steve Zébina —
Le temps comme mesure, celui d’histoires vécues, d’histoires imaginées, d’histoires racontées. Pour cette 13 e édition, nous avons choisi l’ancrage temporel comme fil conducteur de notre voyage. Un voyage qui ravive les mémoires, questionne le temps présent et se tourne vers l’avenir.
Les films s’immiscent dans la vie de ceux qui les regardent ; aimés, détestés, ils ne laissent jamais le spectateur indifférent. Une relation intime et sentimentale qui « colonise notre inconscient » nous dit Wim Wenders. Ils sont le reflet d’une histoire familiale, d’une génération, d’une époque.
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De ces souvenirs, de cette intimité se dessine une véritable mémoire collective.
Ces films « qui nous ont fait », pour reprendre la formule de Martin Scorcese, n’ont pas de frontières. Une conviction que nous avons portée depuis plusieurs années en présentant des œuvres du monde entier. Elles ont toujours révélés qu’au-delà des connotations culturelles, se trouve une même humanité, traversée par les mêmes rêves et espoirs, par les mêmes émotions.
Ces films rappellent que les lieux géographiques sont aussi des espaces dans lesquels les temporalités prennent vie : des vecteurs de mémoire, des rhizomes qui participent à la construction
des individus et de leur devenir. Cette perspective met en évidence qu’à travers eux, une population peut se découvrir, s’identifier, se révéler.
C’est ce nouveau défi que nous souhaitons relever à travers plus de 80 films : Le temps comme mesure, les souvenirs comme émotion.
Il s’agit d’une vision « archipélique » du monde par les formes et les récits qu’ils empruntent.
Notre programmation dès lors interroge notre façon de narrer : comment raconter nos histoires ?
Des réalisateurs tels que Jean Rouch ont opté pour une approche ethnologique qui déplace les frontières entre observateur et observé.
Ce questionnement revêt une acuité particulière dans la Caraïbe, véritable creuset de diversité.
C’est ce que nous découvrirons avec les compétitions de documentaires et courts-métrages qui rappellent notre ancrage à ces terres caribéennes mais aussi à cette Amérique. Un foisonnement de formes, de récits, d’histoires et de regards qui font de nos cinémas la source de souvenirs et de modèles pour se situer dans le présent. Le 7e Art peut être une invitation à la rêverie et à l’imagination mais aussi être un observateur critique du monde. Ainsi, entre réel et fiction, le cinéaste haïtien, Raoul Peck fait de sa caméra un scalpel du Politique. Dès lors, le 7e Art a la force de regarder demain, questionnant les problématiques contemporaines tels que les enjeux migratoires, traités avec une acuité toute particulière.
C’est ce que nous propose Human Flow de Ai Wei Wei ou Moving Parts
. Du film d’auteur au film de Kung Fu, nos mémoires du Cinéma balayent les classifications et catégorisations.
Cette édition ce sera celle du passé mais très vite de l’avenir avec une foi toute particulière pour les films qui montrent, démontrent, annoncent et dénoncent. Une posture militante qui résonne dans l’industrie cinématographique. Oui nous pouvons continuer à faire des films avec l’espoir de changer le monde, de créer des utopies,
de ré-enchanter le réel. L’histoire du 7e Art devient alors celle de nos luttes, de nos audaces et surtout… de nos partages.
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