Le CSA a reçu près de 400 plaintes et 1 000 signalements après que la marque d’hygiène féminine Nana a diffusé un spot jugé osé, relate « Le Parisien ».
Cachez-moi ces règles que je ne saurais voir. Tel pourrait être le dicton du monde cathodique, qui se montre bien pudique lorsqu’il s’agit de parler des périodes menstruelles. Le sujet paraît si tabou dans la société française que les marques et les agences de publicité qui travaillent pour elles ont pris un malin plaisir à éviter tout réalisme dans leurs réclames. Montrer du sang à l’écran ? Hors de question ! Les spécialistes de l’hygiène féminine lui préfèrent un liquide bleu déshumanisé, mais bien plus pur et moins choquant pour les téléspectateurs. Et tant pis si ces derniers restent dans l’ignorance. « Quand j’étais petit, je croyais que les filles versaient du liquide bleu en secret », reconnaissait le célèbre youtubeur Cyprien dans un sketch paru en 2013 sorti de l’oubli par nos confrères de Stratégie.
Autre chimère véhiculée par les marques : le bien-être de la gent féminine au moment des règles. Moult publicités montrent ainsi des femmes tout sourire s’éclater sur un trampoline, se faire masser en toute quiétude dans leur plus simple appareil sur une plage paradisiaque ou lovées sur le dos de leur gentil compagnon qui leur épargnent la montée d’un escalier. Un plaisir de vivre permis par les tampons vendus en grande surface. Et une promesse des marques en filigrane : la période menstruelle serait bien plus « fun » que le reste du mois.
« Pourquoi vous nous avez menti pendant tant d’années »
L’acteur Richard Neil avait d’ailleurs créé le buzz en 2015 en raillant sur Facebook une publicité de Bodyform montrant une femme gambader et en train de faire virevolter son paréo au vent. « En tant qu’homme, je dois vous demander pourquoi vous nous avez menti pendant tant d’années », lançait l’artiste new-yorkais, expliquant qu’enfant, lorsqu’il regardait les pubs, il se disait que les femmes avaient bien de la chance de connaître une fois par mois un moment aussi intense. « Je me sentais un peu jaloux. Faire du vélo, du roller, danser, sauter en parachute. Maudit pénis ! » Puis Richard a eu une copine et ses yeux se sont ouverts. Chaque mois, le malheureux voit en effet sa douce et tendre « devenir la gamine de L’Exorciste, pleine de venin et la tête en vrille à 360 degrés » !
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D’où vient cette imposture télévisuelle ? Des annonceurs ? Ou des téléspectateurs ? La dernière polémique en date donne un premier élément de réponse. En ce mois d’octobre 2019, le CSA croule en effet sous les plaintes – entre 400 et 1 000 signalements – après un spot jugé bien trop osé de la célèbre marque Nana, intitulé « Viva la vulva ». Son tort ? Avoir exposé du sang sur une serviette hygiénique et mis en valeur la vulve. Pêche, coquillage, petit sac rose… Des objets du quotidien sont en effet détournés afin de ressembler au sexe féminin.
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