— Par Roland Tell —
La notion de bonne gestion politique est-elle une utopie à la Martinique ? Voilà bien la question essentielle ! C’est le noeud du débat actuel, qui consiste à savoir si la gouvernance de la Collectivité est un produit passif de la classe politique, ou si elle agit efficacement, pour transformer la vie culturelle et sociale du citoyen martiniquais, et, en même temps, développer les conditions de travail et de redistribution, nécessaires à l’oeuvre commune, à laquelle s’appliquent les entreprises. C’est à ce titre d’idéal politique, qu’il importe précisément de s’interroger..
Avant tout, il est primordial de retenir la notion d’alliance politique à la tête de la gouvernance, dans sa valeur morale, dans sa fonction éxécutive, compte tenu du processus historique actuel de la Martinique. N’est-ce pas, en ce cas, un processus artificiel, sans fondement idéologique, monté à la hâte, entre deux tours de scrutin, par des carriéristes de la politique, soucieux de se maintenir comme élite gestionnaire de la Martinique ? Quelles peuvent être les justifications de cette élite ? N’est-il pas possible d’y voir une sorte de recrutement, fait nuitamment, de manière expresse, pour la montée au pouvoir – la gouvernance cherchant de justification dans l’impasse de l’idéologie ?
Cette élite, qui gouverne maintenant par la mystification idéologique, est-elle digne de gérer la Martinique, du fait de l’écroulement des valeurs citoyennes ? De là, maintenant, cette politique de pacifisme forcé, par exemple à propos du budget du tourisme, mais aussi d’accommodements tous azimuts, assez typiques de mauvaise gestion, de renoncements par double langage sur le transport, mais aussi à propos des plans économiques en direction des entreprises, sans oublier les comportements dictatoriaux à l’encontre des travailleurs de la Collectivité, en leurs justes revendications. N’est-ce pas dans l’ordre d’une histoire de prêcheurs d’une prompte alliance, exerçant, tous ensemble, l’art difficile de trahir ?
Sur la Martinique du devenir, les gouvernants de l’alliance ont assis leur vouloir et leurs valeurs de politiciens fonctionnaires, sans projet d’envergure, ne comptant donc que sur l’art de fonctionner au jour le jour, tantôt allant de l’avant, en des formes d’autoritarisme, comme s’il s’agissait de la lutte éternelle des masses et de l’élite, comme lors des conflits sociaux au Parc Naturel Régional, tantôt rapetissant en miettes les revendications des salariés de Plateau Roy. Quelles vertus héroïques a-t-il fallu à ces travailleurs, pour ne pas retomber dans les multiples petites résignations de leurs services et ateliers !
Entre gérer et évaluer, il est un manque ! Là aussi, un manque est manquant, c’est le projet, introduisant le futur dans le temps de gouvernance ! Le président de la Collectivité et ses alliés sont des personnes ayant des objectifs à atteindre pour la Martinique ! Ils sont chargés de rendre le futur actuel, à partir de tous les moyens fournis par la France, l’Europe, et les impôts des Martiniquais. Où est le projet, qui traduit la représentation échelonnée, dans les cinq ans de la mandature, de tous les possibles sociaux, culturels, économiques, humains, dont le futur de la Collectivité est gros ? Certes, l’alliance, faite nuitamment entre les deux tours, a définitivement séparé le présent d’alors du futur de 2020. Donc, pas de projet, pas d’objectifs, pas d’anticipation, notamment sur l’avenir de la jeunesse sans travail ! Quelles évolutions pour celle-ci, pour la vie de la communauté martiniquaise, pour les entreprises agricoles, commerciales, industrielles ? Certes, toutes ces fonctions d’éxécution, pour ne citer que celles-là, posent d’ores et déjà des problèmes de gestion, des décisions à prendre, des ressources à mobiliser, des résultats à évaluer. Bien gérer, n’est-ce pas faciliter, pour tout Martiniquais, la prise de conscience du sens des dites évolutions ?
Il est, en chaque Martiniquais, désir d’avenir pour la Martinique, parlant le langage du progrès continu, prodiguant à ses enfants l’expérience et la vision du meilleur ! C’est pourquoi il importe que l’oeuvre politique existe, que cette sorte de futur soit créé, même par surabondance ! Aussi convient-il de communiquer complètement au peuple martiniquais l’expérience et la vision de votre projet d’avenir. Car celui-ci entend vivre à un niveau plus élevé de vie culturelle, sociale, économique, toujours dans l’ordre de l’histoire. Aussi convient-il de replacer la vie économique sous la loi de l’usage commun, compte tenu des abus de pouvoir personnel. C’est sous une forme sociétaire que pouvoir politique et sphère économique industrielle doivent collaborer à la mise en oeuvre de formes nouvelles de formation, de travail, de production. L’oeuvre de la gouvernance est de réaliser une vie commune, ici et maintenant, pour la jeunesse du pays. Cette oeuvre commune à accomplir, avec les entreprises, devra être orientée tout entière vers la réalisation d’une meilleure organisation de la Martinique.
ROLAND TELL