— Par Jean Samblé —
La réduflation, également connue sous le terme anglais shrinkflation, est une pratique commerciale où la quantité d’un produit diminue tandis que son prix reste inchangé, voire augmente. Cette stratégie, souvent non annoncée par les industriels, trompe les consommateurs qui pensent payer le même prix pour la même quantité, alors qu’ils reçoivent en réalité moins. Les références stables telles que le prix au kilogramme ou au litre sont souvent les seuls indicateurs permettant de repérer cette diminution de quantité.
Le terme « réduflation » est un mot-valise combinant réduction et inflation, popularisé au début des années 2000. Depuis lors, de nombreux exemples empiriques à travers le monde témoignent de cette pratique. Par exemple, en France, en 2018, la Coca-Cola Company a réduit le volume de ses bouteilles de Coca-Cola de 20 % tout en augmentant les prix, afin de compenser la taxe soda. Au Japon, face à un yen faible et des coûts de production en hausse, la célèbre tablette de chocolat Meiji est passée de 55 à 50 grammes en 2014 sans réduction de prix.
Au Royaume-Uni, la réduflation a été exacerbée par les conséquences économiques du Brexit, poussant les entreprises à réduire la quantité de leurs produits pour maintenir les prix et compenser la chute de la livre sterling. Un exemple notable est le Toblerone, dont la forme a été modifiée pour contenir moins de triangles de chocolat. Le phénomène a pris une telle ampleur que l’Office national de la statistique du Royaume-Uni effectue chaque année une étude sur la réduflation.
Face aux critiques et aux bad buzz, certaines entreprises ont choisi de communiquer ouvertement sur leurs pratiques de réduflation. En Australie, Cadbury a annoncé via les réseaux sociaux que ses tablettes de chocolat passeraient de 250 à 220 grammes sans baisse de prix.
En France, le phénomène a récemment été mis en lumière par l’association Foodwatch, qui en 2022 a dénoncé plusieurs marques pour leurs pratiques de réduflation, notamment l’eau Salvetat, les sirops Teisseire, le fromage Kiri et les chocolats Les Pyrénéens de Lindt. L’augmentation des coûts de transport, d’énergie et des matières premières a renforcé cette tendance, impactant une large gamme de produits.
Malgré les critiques, la réduflation reste légale. Cependant, le manque de transparence envers les consommateurs est régulièrement pointé du doigt. En réponse, certaines enseignes françaises ont commencé à utiliser le name and shame pour dénoncer les pratiques de marques comme Findus, PepsiCo, et Unilever.
Pour mieux protéger les consommateurs, une nouvelle législation est entrée en vigueur le 1er juillet. Cette loi oblige les supermarchés de plus de 400 mètres carrés à mentionner explicitement les produits ayant subi une réduflation. Tous les rayons sont concernés, de l’eau en bouteille aux croquettes pour animaux, en passant par la lessive, le riz, les pâtes, et l’huile d’olive.
Cette mesure vise à offrir une transparence accrue et à préserver le pouvoir d’achat des consommateurs. Avec des étiquettes claires sur les produits concernés, les clients pourront faire des choix informés et éviter de se laisser tromper par des pratiques commerciales opaques. Cette obligation légale marque une étape importante dans la lutte contre les pratiques trompeuses et dans la protection des droits des consommateurs.