— Par Jean Samblé —
Le budget des Outre-mer pour 2025 suscite de vives inquiétudes dans les territoires ultramarins. Annoncé le 10 octobre, il prévoit une réduction de 9 % par rapport à l’année précédente, soit une diminution de 250 millions d’euros, portant le total à 2,49 milliards d’euros. Cette baisse significative intervient dans un contexte de crises sociales multiples, notamment en Martinique, où les tensions sur le coût de la vie continuent de croître.
Deux tiers du budget seront alloués aux exonérations de cotisations sociales pour stimuler l’emploi, tandis que le soutien à la compétitivité des entreprises bénéficiera d’une augmentation de 100 millions d’euros. Cependant, le programme dédié aux conditions de vie subira une baisse conséquente de 300 millions d’euros, une réduction jugée inquiétante par les députés ultramarins. Christian Baptiste, député socialiste de Guadeloupe et rapporteur spécial du budget, a souligné l’importance de maintenir une stabilité budgétaire, face aux défis structurels et au coût élevé de la vie dans ces territoires.
Cette annonce n’a pas tardé à faire réagir l’opposition. Les députés de La France insoumise et du Rassemblement national à La Réunion, notamment Jean-Hugues Ratenon, Perceval Gaillard et Joseph Rivière, ont co-signé une lettre au Premier ministre Michel Barnier pour demander une exemption de leur département des réductions de budget, notamment sur les pensions de retraite. Ils plaident pour un « effort de solidarité nationale » envers les Outre-mer.
Bien que le gouvernement justifie ces coupes par la nécessité de redresser les finances publiques et de trouver 60 milliards d’euros d’économies, les parlementaires ultramarins dénoncent une approche déséquilibrée. Ils soulignent que le budget de l’outre-mer ne représente qu’environ 10 % des fonds publics dédiés à ces territoires, et que les économies devraient être faites dans d’autres secteurs. Béatrice Bellay, députée socialiste de Martinique, appelle à ce que les grandes entreprises, en particulier les distributeurs, participent à cet effort de solidarité, tout en critiquant la réduction des crédits dans un contexte de crise sociale croissante.
Dans ce cadre, des ajustements budgétaires restent envisageables. Le projet de loi de finances sera débattu à partir du 21 octobre à l’Assemblée nationale, mais la situation est délicate pour le gouvernement Barnier, qui ne dispose pas d’une majorité claire. Le Premier ministre pourrait avoir recours au 49.3, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement pour faire adopter le budget sans vote, une option risquée.
Laurent Saint-Martin, ministre chargé du budget, a défendu ces coupes comme étant nécessaires pour éviter des « choix douloureux » à l’avenir. Toutefois, il a laissé la porte ouverte à des modifications lors du débat parlementaire, en fonction des réalités locales et des difficultés spécifiques des territoires d’outre-mer. Reste à savoir si ces ajustements seront suffisants pour apaiser les tensions et répondre aux attentes des populations ultramarines.