— Par Pierre Alex Marie-Anne —
La reconstruction du Lycée SCHOELCHER est susceptible de constituer un test majeur pour la crédibilité des dirigeants de la nouvelle CTM .
D’abord remarquons que ce sont bien ces responsables qui ,de manière surprenante s’agissant d’une collectivité nouvellement créée dont la vocation première est le Développement économique conditionnant tout le reste, ont placé cette question en tête des priorités de leur action politique .
Analysons donc cette démarche quelque peu singulière !
Pour tout esprit se voulant libre et non inféodé à une quelconque chapelle deux éléments essentiels s’en dégagent : le sort réservé à la communauté éducative d’une part, le parti architectural affirmé dans le dossier technique, de l’autre.
Le respect dû à la Communauté Educative
Elle le mérite amplement pour avoir fait de cet établissement d’enseignement secondaire un des meilleurs de France ; ses exigences en matière de maintien de son unité et de sa cohésion tant sur le plan pédagogique que sur celui de la gestion s’avèrent en conséquence parfaitement légitimes.
Ce qui ne l’est pas par contre ,c’est qu’elle soit toujours dans l’incertitude du sort qui lui est réservé à moins de six mois de la prochaine rentrée ; il n’est pas admissible qu’elle doive encore attendre les conclusions d’un soi-disant comité d’experts où dominent les considérations politiques pour arrêter les conditions matérielles et pédagogiques de la nouvelle année scolaire .
Il est impératif que tout ce qui s’y rapporte soit bouclé dans les plus brefs délais et en tout état de cause avant la fin du mois en cours, car les délais normaux de préparation d’un évènement aussi considérable que l’organisation de l’accueil et de la scolarité de plus d’un millier d’élèves sont d’ores et déjà largement dépassés.
Il y va de l’avenir de nos enfants, l’ancien prof de math qui dirige actuellement la CTM devrait le savoir mieux que quiconque.
Ce serait commettre une lourde erreur que de croire que les enseignants, leurs syndicats , les parents d’élèves et plus généralement la population pourraient accepter sans réagir que des considérations politiciennes prennent le pas sur le devenir des générations futures ; une telle faute ne manquerait pas de porter un coup irrémédiable à la crédibilité des nouveaux responsables de la CTM et à la confiance pouvant leur être accordée.
Le parti architectural du nouveau Lycée Schoelcher
Après de multiples controverses , une solution d’équilibre a été trouvée pour remanié intelligemment le projet initial qui pêchait, malgré ses qualités, par son aspect monolithique de grande barre horizontale.
Il réalise désormais une synthèse harmonieuse entre le passé et le présent , entre tradition et modernité ; la meilleure preuve en est que ce sont les mêmes architectes qui sont à l’œuvre sur cette opération .
C’est d’ailleurs ce qui explique que la conseillère en charge des questions d’éducation au Conseil Exécutif ait pu de bonne foi déclarer sur les ondes , avant d’être malencontreusement contredite , que c’était bien le projet de l’ancienne mandature , disposant déjà d’un permis de construire permettant d’engager sans autre retard les travaux qui avait été retenu .
Si donc, pour on ne sait quelle obscure raison, on devait revenir à la case départ et reprendre l’ensemble de la procédure, cela reviendrait à signer l’arrêt de mort de cet établissement prestigieux qui tient à cœur à tous les martiniquais.
Le lycée SCHOELCHER – faut-il le rappeler- n’est pas un établissement ordinaire mais un lieu de mémoire ; il est le symbole indiscutable de la longue marche de la société martiniquaise vers son émancipation par le moyen de la Culture et de l’Instruction ; il a nourri en son sein les plus grands esprits qui ont porté haut le renom de notre pays : les CESAIRE ,les FANON , les ALIKER , les MENIL ,les GLISSANT, les TURIAF , les LOUIS-ACHILLE pour ne citer que les plus connus.
C’est donc avec une grande humilité et un profond respect que l’on doit se pencher sur son devenir : on ne joue pas impunément avec les symboles !
Il va de soi que la municipalité de Fort de France, dépositaire de cet élément incontournable de notre patrimoine , ne se laissera pas faire comme elle l’a déjà laissé entendre ; or qu’on le veuille ou pas ,le Droit est de son côté car la délivrance du permis de construire comme l’établissement des prescriptions du PLU relèvent de sa compétence souveraine ; de plus, le classement partiel de cet établissement à l’inventaire des monuments historiques lui garantit le concours vigilant de l’architecte en chef desdits monuments contre toute entorse qui pourrait être faite à cette disposition réglementaire.
On risque par conséquent , si la sagesse tant vantée ces derniers temps ne prévaut pas, de repartir dans une guerre Picrocholine qui ne laisserait derrière elle que des perdants :
d’abord la jeunesse martiniquaise privée d’un outil d’excellence dont elle a un urgent besoin, le contribuable ensuite qui ferait inévitablement les frais de toutes ces péripéties , les entreprises aussi dont les carnets de commandes sont au plus bas et qui espèrent l’ouverture rapide de grands chantiers mais surtout n’en doutons pas , la classe politique ,sans distinction, qui aura fait en l’occurrence la démonstration de son incapacité à s’élever au dessus des contingences politiciennes pour servir l’intérêt général dans le cadre des importantes responsabilités qui sont désormais les siennes.
C’est donc à un test majeur que nous allons assister qui déterminera pour longtemps, soyez-en sûr !, la suite des évènements.
Pierre Alex MARIE-ANNE