— Par Roland Sabra —
Serge Letchimy a invité le 25 novembre 2009 les personnels de la communauté scolaire du lycée Schoelcher a une séance d’explication à propos de son refus de délivrer le permis de construire du nouveau lycée. Après avoir distribué une épaisse brochure au public il a fait une lecture commentée de l’article 11-UA du Plan d’urbanisme Local ( PLU) de la ville, sur lequel il s’appuie pour motiver son refus. Il s’est attardé sur l’alinéa intitulé « Restauration, rénovation, extension de constructions existantes » qui précise : « Les interventions doivent notamment respecter la typologie architecturale,, les matériaux d’origine, la composition des façades ( reprise des proportions, du rythme et des éléments de modénature) les pentes et la volumétrie des toitures. » Il va de soi que le projet retenu par la Région ne répond pas à ces exigences. La question est de savoir si cet alinéa invoqué est propre à soutenir le refus de permis. « Restauration, rénovation ou l’ extension de constructions existantes sont une chose, la reconstruction en est une autre. C’est ce que soutiennent les services juridiques de la SODEM et les deux architectes, Nicolas et Torres, comme l’a reconnu à regret Serge Letchimy qui semble tenir deux discours différents et incompatibles. D’une part il se dit favorable à un arrangement avec la Région, sous réserves de modifications mineures du projet ou du PLU ou les deux à la fois. D’autre part il soutient, et son conseil municipal avec, la demande auprès des Monuments historiques de classement des bâtiments de façade du lycée, ce qui rendrait caduc le projet de la Région. En effet même si la demande ne porte pas sur l’ensemble des bâtiments, comme celle d’Aimé Césaire, seuls les bâtiments d’arrière-plan seraient détruits, la décision de classement préserverait trop d’éléments pour que le nouveau lycée puisse y trouver place. Comment soutenir une position qui à pour conséquence d’annuler la totalité du projet déposé et dans le même temps prétendre que l’on est favorable à ce projet s’il est aménagé?
Le plus pathétique est de devoir souhaiter que les services de l’État français sachent raison garder et se limitent à classer les deux bâtiments d’entrée, que le projet préservait, et la loge du gardien.
La rivalité avec le Président de Région est apparue au détour d’une critique du Maire sur la conception d’un lycée ouvert sur la ville contenue dans le projet des architectes. Serge Letchimy n’a pas hésité à agiter le chiffon rouge d’un lycée ouvert parce que préservant une entrée pour les deux salles de théâtre du nouveau lycée. Rappelons que cette ouverture ne se ferait qu’en dehors des heures de classe et pendant les vacances scolaires et qu’il ne s’agirait que d’une utilisation annexe de locaux vides par des artistes de Martinique pour répéter ou présenter leurs travaux. La spécificité du Lycée Schoelcher, lycée d’Aimé Césaire, est d’être le seul établissement de Martinique à présenter une section L3, section théâtre avec des horaires conséquents. Cette particularité n’est pas sans rapports avec les excellents résultats de la filière littéraire au baccalauréat. La municipalité de Fort-de-France a vu dans cette possibilité d’ouvrir le théâtre à d’autres, une volonté de la Région de faire concurrence au Théâtre Aimé Césaire de Foyal! C’est à pleurer, quand on pense que la municipalité de Fort-de-France est incapable de libérer la totalité de l’espace du Théâtre, qu’elle y loge des services municipaux, au détriment d’une librairie des arts de la scène introuvable en Martinique ou tout simplement d’un foyer, et qu’elle le réquisitionne selon son bon vouloir pour rendre hommage à tel artiste au préjudice de tel autre. Le comédien et grand metteur en scène Marcel Maréchal lors de sa dernière venue à Foyal en sait quelque chose.
Les artistes martiniquais qui manquent cruellement de lieux de répétition, de lieux de travail apprécieront.
Le gouvernement israélien négocie avec le Hamas mais Marie-Jeanne ne peut pas discuter avec Letchimy!!
Du coté de la Région la volonté de d’Alfred Marie-Jeanne de liquider le Lycée Schoecher n’a jamais été aussi précise. Outre tous ses refus de prendre contact avec les édiles de Fort-de-France, ses refus de répondre aux invitations au dialogue il s’est adressé au Recteur pour lui demander la suppression dés la rentrée 2010 de six classes de seconde et de transférer les sections Sciences et Techniques de Gestion (STG) vers le lycée Joseph Gaillard à la Pointe des Nègres qui en accueille déjà et de ramener ainsi les effectifs de Schoelcher entre 700 et 800 élèves. Une façon de vider le lycée en trois au quatre ans tout au plus. On peut s’interroger sur une politique Les élèves en grève le jeudi 26 novembre se sont rendus en cortège à l’Hôtel de Région. Ils ont voulu être reçus par Alfred Marie-Jeanne. Celui-ci indisponible a délégué Jean-Claude Soumbo. Il ressort de l’entretien qu’il est désormais absolument hors de question pour le Conseil Régional de reconstruire le Lycée Schoelcher. Le permis a été refusé et c’était à prendre ou à laisser. La délégation d’élèves a été sidérée par le niveau d’incompétence de ses interlocuteurs. Par exemple le Conseil Régional n’avait pas compris que la suppression de 6 classes de seconde et le transfert des sections STG pour ramener les effectifs aux alentours de 700 élèves entrainerait automatiquement à la rentrée suivante la disparition d’autant de classes de premières! La population du lycée serait ramenée à 500 élèves, ce qui immanquablement poserait le problème de la survie du lycée. Incompétence ou mauvaise foi? Le « ou » n’est-il en réalité pas inclusif? Après deux heures et demi de dialogues de sourds la délégation a enfin rencontré Alfred Marie-Jeanne dans le hall de l’Hôtel de Région. Le président du Conseil Régional à tenté d’expliquer que le blocage et l’enterrement du projet était de la responsabilité du Maire de Fort-de-France et qu’il fallait « dégonfler » (sic!) le lycée pour le ramener aux environs de 500 élèves, ce qui confirmait les craintes de ses interlocuteurs. Il faut noter qu’il n’existe aucun document d’expertise scientifique permettant de certifier que tel ou tel bâtiment est en mesure d’accueillir un public et que tel autre ne l’est pas! Et Alfred Marie-Jeanne d’expliquer aux élèves qu’il était un homme de dialogue. Mais quand un enseignant lui demande courtoisement pourquoi il ne pouvait pas rencontrer Serge Letchimy pour régler le problème, une scène totalement hallucinante est offerte aux élèves. Marie-Jeanne ivre de colère explose littéralement. » Monsieur, je n’ai aucun ordre à recevoir de vous, mais aucun, Mais aucun… Aucun monsieur » (Poser une question à Monsieur Marie-Jeanne revient donc à lui donner un ordre!) « Je ne vous connais pas, je ne connais pas Letchimy, je vais traiter avec lui pour quoi faire?… Occupez vous de vos affaires! »
Quel indice du comportement, de la tenue, de l’aspect de cet enseignant Marie-Jeanne a-t-il retenu pour péremptoirement déclarer que la sauvegarde du lycée Schoelcher ne concernait pas ce professeur de Sciences Economiques et Sociales?
En tout cas est-il que cette attaque déclenche des huées d’élèves, qui disparaitront au montage sur Télé Martinique, et qui couvrent la voix du Président. Les images de télévision ( ATV), en témoignent avec force. Parmi les médias Radio Martinique remporte à cette occasion le Grand Prix de la Courbette en présentant le lendemain au journal de 13 h ce professeur comme un « militant du PPM » pour tenter d’expliquer, si ce n’est encore tout à fait, justifier le comportement de Marie-Jeanne. La Voix de son Maître. Seule RCI prendra la peine de ‘s’informer auprès de l’intéressé qui dénoncera ces « allégations totalement mensongères« .
Si Soumbo, le Président de la Commission Education a bien confirmé que pour la Région il n’était plus question de reconstruire le lycée et qu’il était donc destiné à disparaître il n’est pas sûr que le sort de cette vénérable institution soit scellé.
La communauté scolaire est fatiguée de cette guerre des chefs, dont elle se sent l’otage. Elle en en assez d’une classe politique martiniquaise réplique à l’identique de la classe politique française en irresponsabilité. Elle demande que soit trouvé au plus tôt un terrain pour y construire un lycée de transit car il n’est plus possible pour elle de continuer dans un établissement aussi délabré, sous-équipé, laissé à l’abandon par un Conseil Régional qui ne remplit plus ses obligations depuis tant d’années. Elle espère qu’une fois vidés les lieux, les élus, quelques qu’ils soient, une fois les élections passées, auront l’intelligence de mettre un terme à ces guerres picrocholines. Il est exclu pour elle qu’elle se disperse sur plusieurs sites. Le Lycée Schoelcher, premier lycée de Martinique par ses résultats, veut vivre.
Roland Sabra
le 25 novembre 2009
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ALFRED MARIE-JEANNE ACCUSE SERGE LETCHIMY
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Le journal ATV 19h30 du 26/11/09