Rapport alarmant sur le déficit budgétaire de la présidence de la République

— Par Jean Samblé —

La Cour des comptes a récemment publié un rapport préoccupant concernant le déficit de 8 millions d’euros du budget de la présidence de la République pour l’année 2023. Ce rapport met en lumière les dépenses excessives en voyages, réceptions et dîners d’État organisés par Emmanuel Macron, qui ont été vivement critiquées par les magistrats financiers.

Réceptions somptueuses et coûts exorbitants

Un exemple emblématique de ces dépenses fastueuses est la réception en l’honneur de Charles III au château de Versailles en septembre 2023. Cette seule soirée a coûté 474 851 euros, répartis entre un traiteur extérieur à 166 193 euros, des extras pour le service à 100 428 euros, la scénographie et le montage à 42 720 euros, et 42 515 euros pour les vins et autres boissons. En comparaison, les dîners organisés au palais de l’Élysée, comme celui pour le président mongol ou le Forum de Paris sur la paix, ont coûté respectivement 62 000 et 67 000 euros, soulignant l’impact du choix du lieu sur le coût total des événements.

Augmentation des dépenses

En 2023, les dépenses de la présidence de la République ont atteint 125,5 millions d’euros, dépassant de 8,3 millions d’euros la dotation budgétaire initiale. Ce dépassement a nécessité un prélèvement sur la trésorerie. Les frais de déplacement et de réception ont particulièrement contribué à cette hausse, passant de 13,3 millions d’euros en 2022 à 21 millions d’euros en 2023. La Cour des comptes attribue cette augmentation non seulement à l’inflation, mais aussi à des choix de gestion et d’organisation interne jugés problématiques.

Voyages présidentiels coûteux

Les déplacements d’Emmanuel Macron ont également grevé le budget présidentiel. Par exemple, le coût moyen des déplacements nationaux du président a presque doublé depuis 2018, atteignant 60 462 euros en 2023. À l’échelle internationale, la tournée en Océanie a coûté 3,1 millions d’euros, tandis que les voyages en Afrique et en Chine ont respectivement coûté 1,9 million et 1,8 million d’euros. La visite en Chine en avril 2023, marquée par l’affrètement de deux avions A330 et la location de cinquante véhicules, a particulièrement été critiquée pour son coût de 1,8 million d’euros, supérieur de 40 % au budget prévisionnel.

Problèmes d’organisation interne

La Cour des comptes pointe également des problèmes d’organisation interne à l’Élysée, notamment les annulations et reprogrammations de dernière minute. En 2023, douze déplacements ont été annulés, entraînant des pertes de 832 328 euros. L’annulation du voyage en Allemagne en juillet 2023 a coûté à elle seule 429 100 euros. Ces annulations fréquentes sont attribuées à l’instabilité de l’agenda présidentiel et à des décisions tardives, ce qui entraîne un fonctionnement dans l’urgence et des surcoûts imprévus.

Réceptions et frais de traiteurs

Les réceptions à l’Élysée se sont multipliées en 2023, avec un total de 171 événements contre 146 en 2019. Les frais de traiteurs ont été particulièrement élevés, atteignant 1,3 million d’euros en raison de la rénovation des cuisines de l’Élysée, nécessitant le recours à des prestataires extérieurs. Les dîners d’État pour Charles III et le Premier ministre indien Narendra Modi, organisés à Versailles et au Louvre, ont respectivement coûté 474 000 euros et 412 000 euros.

Recommandations et réponses de l’Élysée

Pour l’avenir, la Cour des comptes recommande une meilleure anticipation de l’agenda présidentiel, la limitation de la taille des délégations et la modération des missions préparatoires. Ces missions, souvent décidées au dernier moment, entraînent des coûts supplémentaires, notamment en termes de déplacements aériens. L’Élysée a répondu qu’elle tiendra compte des remarques de la Cour pour améliorer son organisation et sa gestion budgétaire, tout en soulignant l’importance des relations diplomatiques et des événements équivalents organisés par d’autres pays.

Le rapport de la Cour des comptes met donc en lumière des dépenses élevées et des problèmes d’organisation au sein de la présidence de la République, tout en appelant à des mesures pour mieux contrôler et anticiper les coûts à l’avenir.