— Le n° 375 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Le contraste entre l’acharnement répressif sur place, et l’incapacité du pouvoir de garantir le peu qu’il avait promis dans son protocole d’objectifs et de moyens, souligne l’impasse de la situation actuelle.
Le pire qui pourrait nous arriver serait un enlisement sans perspectives ni solutions. Ce n’est pas en diminuant sur les exigences et sur les moyens pour les conquérir, mais au contraire en augmentant l’audace et la cohésion qu’on avancera.
Il faut décrocher l’ouverture d’une nouvelle négociation, il faut acter la fin de la répression et obtenir la libération des emprisonnés, dans un cadre élargi accepté clairement par toutes les parties, et en particulier par le RPPRAC, initiateur de la phase actuelle de la lutte. Les syndicats qui ont cherché l’action commune avec le RPPRAC devraient, selon nous, y travailler.
KREY MOUVMAN POPILÈ MATINIK
VOUS DONNE RENDEZ–VOUS
Krey Mouvman Popilè Matinik est un regroupement en construction d’organisations de natures, de tailles et d’histoires diverses (des organisations politiques, un syndicat, des associations).
Ce regroupement réfléchit sur son périmètre et aura forcément à approfondir les échanges sur ses propres fondements idéologiques. Le GRS est partie prenante de cette initiative avec la volonté de construire un instrument unitaire au service des luttes du peuple martiniquais.
L’urgence de la situation a conduit, et c’est heureux, à donner la priorité à l’action, sans nier la nécessité de la réflexion. Dans ce cadre, plusieurs rendez-vous sont programmés pour l’ immédiat.
Lundi 16 à 18h, au rond–point de Champigny à Ducos, contre la répression et les multiples emprisonnements et condamnations de militants, sujet régulièrement évoqué dans nos colonnes.
Mercredi 18 à 18h, conférence-débat sur les évènements de décembre 1959, les trois jours d’émeutes au terme desquels le Conseil Général de l’époque avait réclamé une forme d’autonomie de la Martinique et le départ des CRS. La conférence se tiendra dans la salle même de cet ancien Conseil Général. Orateurs : Louis-Georges Placide et Richard Château-Degat.
Vendredi 20 à 18h : marche aux flambeaux avec explications sur les lieux même des meurtres des trois jeunes victimes les plus connues. Rendez-vous devant l’ancien hôtel de l’Europe, sur la Savane, où les événements avaient commencé. Après la marche, partie artistique sur le parvis de l’Atrium.
Participons massivement à toutes ces actions !
Mouvement ouvrier, mouvement citoyen, écologie et question de l’eau
La venue en Martinique du député LFI, Gabriel Amar, et les deux réunions publiques tenues avec lui, permettent de faire mieux que de relancer le débat sur la question de la gestion publique de l’eau.
La première réunion vendredi 13 décembre, se tenait à l’initiative des Insoumi·e·s de Martinique, qui pour l’occasion, avaient invité des militants du mouvement social, mais aussi l’ancien (Yvon Pacquit) et le tout nouveau (Daniel Chomet), président de Odissy.
Le débat a tourné, au–delà de questions techniques indispensables, autour de la gestion publique de l’eau, position fondamentale sur laquelle le député a écrit des brochures éclairantes (Manifeste pour la gestion publique de l’eau, éditions 2013) en s’appuyant, entre autres, sur son expérience d’élu local mobilisé sur cette question.
Les avantages de la gestion publique de l’eau ont été démontrés, que l’on se situe sur le plan social, sur le plan économique, sur le plan écologique, ou sur le plan de la démocratie.
En Martinique, la nécessité de la gestion publique se combine avec celle de la gestion unifiée, même si on ne peut tenir ces deux bouts à la fois que grâce à la mobilisation populaire. Laisser cette question aux mains du grand capital qui a toujours tiré les ficelles et les cordons de la bourse, c’est aller à l’encontre des intérêts du plus grand nombre et du vivant en général.
La mettre aux mains exclusives des élu·e·s et des institutions, c’est prendre le risque de la soumission au capital, de la poursuite d’errements déjà constatés, voire de l’incompétence et de la corruption, un mal qui ronge notre société.
La gestion publique doit se faire sous un contrôle ouvrier et citoyen exigeant, compte tenu de l’importance vitale des enjeux. Les syndicats ouvriers des différentes entreprises concernées par ce débat, doivent s’en emparer en dépassant le corporatisme dont l’horizon se borne aux seules questions des salaires et des carrières.
Le corporatisme étroit bien souvent, n’est qu’une porte ouverte à la bureaucratisation et à la corruption, dont on peut donner des exemples tristement célèbres.
L’eau, c’est la vie. Elle mérite donc la conjonction de toutes les forces mobilisées sur le social et sur le vivant.
Nous évoquerons la deuxième réunion tenue à l’initiative, et sous l’impulsion de Marcellin Nadeau, au Lorrain, dans notre prochain numéro.
D’ores et déjà, nous pouvons dire que l’heure des initiatives concrètes est venue. D’un côté, à l’Assemblée nationale de France, avec une proposition de Amar et Nadeau. En parallèle, en Martinique, avec les associations et mouvements déjà ou pas encore totalement engagés.
La manifestation pour les droits humains à Fort-e-France
Samedi 14 décembre, quelques dizaines de militants et surtout de militantes ont battu le pavé foyalais et fait entendre des revendications et aspirations malheureusement trop silenciées.
L’initiative des organisations (Assoka, Culture Égalité, Kap Caraïbe, Konbit, Mouvement du Nid, Roots of the Sea, Union des femmes de Martinique) de profiter de la journée internationale des Droits humains pour associer les exigences féministes, le combat antiraciste, le soutien aux travailleurs/ses immigré·e·s, la cause des droits des LGBTQI+, l’écologie, la solidarité internationale, était on ne peut plus justifiée.
C’est bien pourquoi, RESPÉ, mouvement social et politique dans lequel se retrouvent les militant·e·s du GRS, avait décidé de s’associer à la manifestation, en ajoutant pour sa part, d’autres revendications, d’autres combats qui relèvent eux aussi des Droits humains : droit aux libertés publiques et à l’autodétermination dans les dernières colonies, solidarité avec les peuples palestinien, haïtien, droits économiques et sociaux, sans lesquels les autres droits humains ont une portée limitée. En ce moment même, il faut le rappeler, la France est interpelée par le mouvement citoyen KENBÉ RED sur son refus d’inclure ses territoires coloniaux dans l’application de la charte européenne des droits sociaux.
Honneur à celles et ceux qui ont organisé et participé à cette mobilisation !