Tropiques Atrium du 3 au 14 septembre 2019
— Par Michèle Arretche —
Il est temps de reparler de l’exposition d’Alain AUMIS « RAD KABANN » puisque nous aurons le plaisir de la voir ou de la revoir du 3 au 14 septembre à Tropiques Atrium.
Lors du premier vernissage au mois de juillet 2019, un événement imprévu a transformé celui-ci en une performance inattendue !
Une subite panne d’électricité a privé de lumière tout l’Atrium et la salle André ARSENEC, et donc, l’exposition d’Alain Aumis, de tout éclairage pourtant sûrement savamment calculé. Le noir total !
Les amis, les invités, s ‘interrogent sur le parvis : attendre, partir, revenir ?
Puis discrètement, timidement d’abord, certains pénètrent dans l’obscurité à l’aide de leur téléphone portable et là émotion, éblouissement ! Par contagion admirative tous les invités se pressent, chacun sa loupiote, à cette « nuit des musées » improvisée.
Et là serendipity : c’est exactement ce qu’il fallait à cette installation, la lumière hésitante des portables se mue en lampes à pétroles et en bougies des anciennes cases, nous plonge dans l’atmosphère surannée où dorment nos souvenirs, enfouis sous le matelas.
Rad Kabann, pour ceux qui l’ignoreraient ce sont les vêtements usagés, trop petits, rapiécés, délaissés que les anciens utilisaient, en couches successives, comme matelas sur les planches de leur lit, voire même à terre pour les enfants.
Couches sédimentaires de mémoires oubliées, refoulées, stigmates de la misère et de la survie.
Mais Alain Aumis s’en empare pour les sublimer, les dévoiler à la lumière, les transformer en tissus soyeux, colorés, dorés, ajourés. Les trous d’usure sont devenus dentelles et voilages.
Mais peut être ne faut-il pas s’arrêter aux tissus chatoyants, voire même à la nostalgie des rad kabann, le travail d’Aumis va bien au delà. Les multiples couches appliquées en palimpseste sur la toile ou sur bois, les pigments patiemment rapportés de ses voyages, puis mélangés, soupesés sont là pour témoigner d’une démarche, d’un long cheminement artistique et plastique.
La lumière revenue, nous pouvons apprécier l’intensité des bleus, l’ivresse des violets, des noirs, presque outre noirs. La violence des rouges volcaniques, la noblesse des ocres, des ors, des blancs vaporeux.
Mais sans doute faut-il encore passer au delà de la séduction de la couleur et s’attarder sur les gravures, les griffures, les pliures qui, comme le dit la commissaire Patricia Donatien, imposent à la vue le dessous de nos lits, le dessous de nos vies .
Alors ne boudons pas notre plaisir, rendez-vous à tous à partir du 3 septembre à Tropiques Atrium,
Michèle Arretche
Amateur d’art
Le 1er septembre 2019