— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Pour cette création originale François Bourcier projette un spectacle superbe sensible qui se veut être un témoignage poignant. Race(s)n’et pas un réquisitoire, mais juste une démonstration aussi dérangeante que salutaire.
D’où vient que l’on parle de race(s) quand la science d’aujourd’hui démontre qu’il n’en existe concrètement qu’une seule : la race humaine ? Sur quoi se fonde le racisme quand on sait qu’il a traversé les âges pour aboutir à l’esclavage, au monstrueux nazisme et à l’holocauste ? Race(s) forme avec « Lettres de délation » et « Résister c’est exister » une trilogie bien ficelée sur le thème toujours renouvelé des rapports humains viciés plus précisément lors de la guerre 1939- 1945. Des hommes célèbres ont traversé les siècles et fait émerger l’idée d’une prétendue supériorité de la race blanche allant jusqu’à justifier l’impensable théorie de l’esclavagisme et l’effrayant antisémitisme jusqu’à la monstruosité la plus abjecte au nom de cette idéologie. C’est précisément cette doctrine que François Bourcier entend explorer à travers la mise en scène, la scénographie et l’interprétation de ce spectacle, qui approfondit bien plus qu’une simple compilation de textes, de vidéos et d’images, la genèse et les postulats du nazisme. Ce spectacle est pensé à l’image d’une conférence où le parti est pris de « divertir tout en éveillant la conscience des individus sur un sujet, tout sauf léger » Ici la gravité côtoie l’insouciance, l’horreur, le burlesque, l’abominable, et le ridicule. Dans cette création originale François Boursier met en scène et interprète seul avec brio toutes ces figures qui de Platon à Pétain , Hitler ont alimenté et justifié cette montée en puissance du nazisme, à partir de textes authentiques jusqu’aux idéologies de l’esclavagisme et de l’abominable solution finale. Passant de l’un à l’autre de ces personnages avec une aisance essentielle.
« Une pièce engagée contre le racisme »
Les éclairages, au sens propre et au figuré sont remarquables par leurs poids dramatique. L’atmosphère pesante qu’ils font régner à travers les profils, les silhouettes clair- obscurs esquissés en ombres chinoises. Comme pour mieux faire ressortir les cotés sombres que peuvent comporter de simples idées et pensées parfois anodines, surement dangereuses par ce qu’elles recèlent de ferments, de moisissures. Préjugés qui pourrissent d’idées concrétisées, finalement, en actes barbares. On exprime, explore l’histoire à travers cette pièce et l’aspect sociologique semble parfois prédominant par son discours du groupe social spécifique étudié. La philosophie, l’économie, la politique, la science, et la littérature se penchent comme des fées maléfiques au-dessus de ce berceau d’humanité malade que représente l’altérité mal comprise. Où l’incompréhension haineuse, la négation de l’autre, le mépris de sa différence crée les barrières infranchissables du racisme. Quand des hommes échafaudent des théories à l’encontre d’autres hommes visant à leur dénier toute humanité, pour pouvoir les dépouiller les maltraiter, les avilir les anéantir sans état d’âme. Alors même que la vie est un processus relationnel dont le problème crucial consiste à instaurer avec l’autre la relation la plus juste possible.
En pratique !
Au Théâtre Aimé Césaire
Les 17, 18, 19 Janvier 2019
A 19h30
Mise en scène ,scénographie et interprétation :
François Bourcier assisté de Pauline Corvellec
Poèmes : Anne de Commines
Lumière : Romain Grenier
Son : Philippe Latron
Costumes : Jacqueline Boaz.
Vidéo THP
Photos : Emilie Génaédig
Réservation : 05 96 59 43 29.
Christian Antourel
& Ysa de Saint-Auret.