— Tribune de Roland Tell —
Récemment, Emmanuel MACRON a soulevé la question morale des maltraitances et des souffrances, infligées autrefois aux peuples colonisés. Après les Africains, pendant des siècles de colonialisme européen, et du commerce des esclaves, les Algériens, il y a plus de cinquante ans, se levèrent, un bon matin, réfugiés sur leur propre sol, et à partir de là, victimes de toutes les formes d’aliénation, pendant que les Colonisateurs bénéficiaient de tous les avantages – la terre, les conditions de vie, de travail, de progrès. La vraie question morale, posée en fait, est de savoir si une race avait le droit de maltraiter une autre, et puis, décolonisation oblige, de s’en tirer indemne ailleurs, après des années de barbarie, de pillages, de conquêtes, pour chercher à légitimer en 2017 l’oppression du passé, et réaliser une force idéologique subversive, née des cendres de la décolonisation.
Plus d’un demi-siècle après, sur la terre de France, ils restent incapables de penser de manière communicative, et, même par leur descendance métropolitaine, ils continuent d’être des monstres de l’intolérance et du racisme. Et pourtant, et pourtant, la société multiculturelle est de plus en plus une évidence dans la France d’aujourd’hui ! Le processus de purification des idéaux politiques et citoyens n’a toujours pas cours en eux, entraînant à la fois des réactions ethnocentriques, et une grande confusion des valeurs. Des petits groupes spécifiques se forment ainsi, manifestant une mentalité fermée, étroite et bornée, trouvant désormais leur modèle d’exutoire et d’explication dans les partis racistes d’Extrême-Orient.
Et pourtant encore, l’indicateur de train de vie fait que les uns et les autres vivent aujourd’hui, pour la plupart, de manière cloisonnée, sans aucune compréhension interculturelle, les conditions difficiles d’existence dans ce que l’on appelle les « banlieues » des grandes villes, autour de Paris, de Marseille, de Nice : Pieds Noirs, Arabes, Noirs africains, ou caribéens, avec souvent des requêtes sociales communes. Pour l’identité collective politique, à quelque niveau qu’elle se trouve, ces races humaines diverses sont devenues, précisément là où ils vivent, des « races sociales » – prolétariat de banlieue, où parfois des explosions révolutionnaires, comme la récente affaire Théo, menacent l’ordre public, tant la détresse et la souffrance y sont vives. Rien n’est plus vain que de chercher à rassembler des hommes et des femmes, de diverses origines, sur un minimum de laïcité et d’égalité d’État, sur le commun dénominateur de la liberté de l’usage commun, là où il y a accès à la popularisation du logement, dit à loyer modéré. Dans cette conception, le savoir politique, quand il passe les limites du passé historique, dissimule en fait d’impénétrables obscurités. C’est l’écran de fumée ! N’est-ce pas ce que semble dire le candidat Benoît Hamon, quand il avance que le Président François Hollande a totalement échoué dans sa politique des banlieues, à l’égard d’abord des traditions démocratiques, s’agissant de la communauté de destin et de solidarité, à l’endroit ensuite des conditions économiques d’existence, des exigences de la vie sociale, et enfin des droits transcendants de chacun , liés, en banlieue surtout, à la quête d’identité ! D’où un certain melting pot d’indifférenciation, éloigné des riches singularités des uns et des autres, ignorant toutes procédures de partage, voire de synthèse culturelle.
La nouvelle sociabilité, induite dans les banlieues par les races sociales, reste une sociabilité fermée, faites de ponts et de passerelles, comme autrefois dans les Colonies. C’est toujours la manière d’habiter les banlieues des conurbations françaises, avec les racines du passé historique, les attachements, les souvenirs de grandeur ou de décadence. C’est ce que les Pieds Noirs ont vertement signifié à Emmanuel Macron, à son retour d’une visite en Algérie. Tel est le prix de l’histoire, oubliée et bafouée, de la Colonisation algérienne.
ROLAND TELL
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*NDLR : La notion de race humaine fut employée pour établir des classifications internes à l’espèce humaine selon des critères morphologiques ou culturels. Des études scientifiques, fondées depuis le milieu du XXe siècle sur la génétique, ont montré que le concept de « race » n’est pas pertinent pour caractériser les différents sous-groupes géographiques de l’espèce humaine car la variabilité génétique entre individus d’un même sous-groupe est plus importante que la variabilité génétique moyenne entre sous-groupes géographiques. Le consensus scientifique actuel rejette en tout état de cause l’existence d’arguments biologiques qui pourraient légitimer la notion de race, reléguée à une représentation arbitraire selon des critères morphologiques, ethnico-sociaux, culturels ou politiques, comme les identités.
La notion de race a été utilisée à partir du XVIIIe siècle pour distinguer des groupes humains possédant des critères physiques transmissibles, dans le prolongement des généalogies bibliques puis des grandes taxinomies de Linné. Elle n’est plus utilisé aujourd’hui dans la description du monde vivant que pour désigner des types de plantes cultivées et d’animaux domestiques.
Source Wikipedia