En cette année 2024, une étape du parcours de la flamme olympique signalera un moment historique pour la Martinique, alors qu’elle s’apprête à accueillir cet emblème de paix et d’unité le 16 juin. Avant de poursuivre son voyage vers Paris pour les Jeux d’été, la flamme illuminera trois lieux emblématiques de l’île : le stade Louis Achille, la Montagne Pelée et le Lycée Victor-Schœlcher de Fort-de-France. Cet événement sera l’occasion pour les enfants de Louis Thomas Achille de rendre hommage à leur aïeul, le professeur Louis Achille, une figure majeure du sport et de la culture en Martinique avant même sa départementalisation en 1946.
Louis Achille, né le 4 février 1878 à Fort-de-France, a laissé une empreinte indélébile sur la Martinique. Descendant d’hommes libres d’Afrique réduits en esclavage à Marie-Galante, il est issu d’une famille qui a pu racheter sa liberté et s’installer en Martinique. Son parcours scolaire commence au lycée de Saint-Pierre, qu’il doit quitter après la destruction de la ville par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Louis Achille poursuit ses études en France, où il obtient une licence de lettres à Caen et devient, en 1905, le premier agrégé d’anglais noir, avec le numéro 1.
Sa carrière se déroule principalement au lycée Victor-Schœlcher de Fort-de-France, où il devient proviseur par intérim en 1937 et chef de service de l’Instruction Publique avant de prendre sa retraite en 1939. Conseiller privé du gouverneur de l’île, il accueille également le président des États-Unis, Théodore Roosevelt, en 1916.
Louis Achille ne se contente pas de ses fonctions académiques ; il se consacre aussi activement à la vie culturelle et sportive de la Martinique. Il forme les esprits, propage des idées humanistes et incarne un idéal moral qui inspire ses contemporains. Animateur de réunions littéraires et culturelles, conférencier, il organise la préparation militaire des jeunes Martiniquais mobilisés pour la Première Guerre mondiale et contribue à la fondation de sociétés d’assurances sociales et de secours mutuel.
C’est toutefois dans le domaine sportif que son impact est le plus durable. Athlète accompli, Louis Achille est l’un des rares Martiniquais à exécuter la croix de fer aux anneaux. Président de la Fédération Sportive de Fort-de-France, il cofonde et préside la Société de Culture Physique « La Française » et ouvre la Maison du Sport en 1934. En 1936, il fonde l’Union Sportive Martiniquaise de Sport Athlétique (U.S.M.S.A.), une institution encore active aujourd’hui.
En reconnaissance de ses contributions, un stade de Fort-de-France porte son nom, honorant sa mémoire et son engagement pour la promotion du sport en Martinique. Il aménage également des pistes forestières et refuges, donnant un nouvel élan à la Société d’Excursions Géographiques et guidant de nombreuses randonnées à la Montagne Pelée.
Louis Achille, respecté et écouté, choisit de ne pas briguer de mandats électifs. Atteint de cécité à 61 ans, il se retire à Nice, où il décède à 87 ans, le 10 janvier 1965.
À travers le passage de la flamme olympique à Madinina, « l’île aux fleurs », puissent de nouveaux rêves de performances sportives éclore, incitant les pouvoirs publics à fournir des équipements adaptés pour préparer les champions de demain. Le professeur Louis Achille, par son héritage, continue d’inspirer des générations et de rappeler l’importance de la culture et du sport dans l’épanouissement de la Martinique.
Son fils Louis Thomas sera également agrégé d’anglais. Le site internet consacré à ce dernier (www.louisthomasachille.com) comporte également des informations relatives à Louis Achille.