Responsabilité scientifique : Sylvie Chalaye
La saison théâtrale a été marquée par de vives polémiques autour de la « diversité » sur les scènes françaises. Depuis les manifestations liées à l’installation performance de Brett Bailey le débat s’est poursuivi avec la table ronde organisée au Théâtre de la Colline pour promouvoir le programme 1er Acte. Notre laboratoire s’interroge depuis longtemps sur la place accordée aux créativités afrocontemporaines dans la culture française. C’est dans le sillon de cette actualité que nous organisons notre Université d’été en Avignon en partenariat avec le Festival Off, la Compagnie Rualité et la Chapelle du Verbe Incarné.
La société française est largement polychrome, mais cette variété des carnations et bien peu représentée sur les plateaux des théâtres nationaux et subventionnés par l’Etat. Les acteurs noirs sont nombreux et créatifs, néanmoins leur présence dans le paysage théâtral français reste invisible. Pour que la créativité des Afrodescendants fasse l’actualité, il faut qu’un événement soit associé à « leur condition », alors l’institution théâtrale rend hommage aux Antillais et aux Africains de France, on monte Les Nègres de Genet ou La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, histoire d’avoir un beau panel d’acteurs noirs, ou encore on décide de traiter du fait colonial et de l’esclavage et on convoque un événement commémoratif et dénonciateur avec son lot d’Afrodescendants en vedette et sans oublier les invitations festivalières à l’Afrique lointaine pour dépayser les spectateurs avec ses violences génocidaires, ses guerres, sa misère endémiques et ses rêves migratoires. Pourquoi a-t-on l’impression que ces projets théâtraux ne sont jamais très loin d’un dispositif d’exhibition ? Le laboratoire « Scènes francophones et écritures de l’Altérité » souhaite interroger la scène contemporaine et la notion d’incarnation dans les pratiques théâtrales de notre XXI siècle. Pourquoi les artistes noirs se voient systématiquement enjoints de convoquer l’Afrique, les îles ou l’histoire coloniale, quand ce n’est pas l’immigration et le territoire des « sauvageons » de banlieue ? Pourquoi hommes et femmes noirs restent-ils enfermés dans leur apparence épithéliale au regard de créateurs, metteurs en scène et directeurs de théâtre qui ne voient pas au delà de la peau ? Le corps de l’acteur est-il le corps du personnage ? Le personnage a-t-il même une peau ? La question noire au théâtre n’est pas une simple question de diversité, c’est une question politique qui témoigne d’un impensé théâtral ou plutôt d’un refus de penser une question sociale qui convoque toutes sortes de crispations et de clichés qu’il est urgent de mettre à jour et de déconstruire.
Les journées d’étude de l’université d’été se dérouleront en 3 volets
– Le 14 juillet à 10 h : Projection de « La Mort de Danton », film documentaire d’Alice Diop dans le cadre des Ecrans du tout monde à la Chapelle du verbe incarné, suivie d’une rencontre avec la réalisatrice animée par Sylvie Chalaye.
– Le 14 juillet à 14h30 : Question de peau. Question de politique : débat public au Chapiteau du Off animé par Isabelle Elizéon avec Sylvie Chalaye, Daniel Urrutiaguer, Greg Germain, Souria Adèle, Jean-Camille Sormain, Astrid Bahiya, Paulin Foualem Fodouop, Nach, Bintou Dembélé, Silex, Nach, et bien d’autres.
– Le 15 juillet à 9h30 : Peau et exhibition sur les scènes contemporaines : conférences, performances, projections et tables rondes à La Chapelle du verbe incarné
Le personnage a-t-il une peau ? par Sylvie Chalaye
Les Nègres : avec Wilson mais sans Genet par Marjorie Bertin
Carnation et incarnation au théâtre vues par Patrick Chamoiseau par Stéphanie Bérard
Présenter au lieu de représenter. Une alternative à la question de l’incarnation sur scène ? par Isabelle Elizéon
Projection : Z.H. un film d’Enrico Bartoluci autour du travail chorégraphique de Bintou Dembélé. 50’
Performances de Nach et Silex
12 h : Un acteur, c’est de quelle couleur ? Table ronde animée par Pierre Letessier avec Sylvie Pérault, Chantal Loïal, Mariann Matthéus, Paulin Foualem Fodouop, Bintou Dembélé, Alice Diop et Julia Gros De Gasquet
Résumé des conférences :
Le personnage a-t-il une peau ?
par Sylvie Chalaye
Jouer la comédie c’est, dit-on, entrer dans la peau du personnage, c’est incarner un rôle. Mais de quelle peau parle-ton ? Qui connaît la carnation de Tartuffe, Lady Macbeth, Phèdre ou Hernani ? Cette peau de théâtre n’est que la défroque du personnage, l’enveloppe dramatique que s’approprie l’acteur, mais qui ne saurait coïncider avec sa propre chair. Alors où se joue l’incarnation théâtrale ? Sur le plateau ou dans l’imaginaire ?
Les Nègres : avec Wilson mais sans Genet
par Marjorie Bertin
Genet est un auteur démiurge. Les Nègres doivent être un « camouflet » (voir la préface inédite) pour les spectateurs Blancs. Le texte, respecté scrupuleusement, devrait représenter une arme pour le metteur en scène. Une arme que, dans sa création, Bob Wilson néglige. Estimant peut-être que les représentations racistes des Noirs sont datées, il choisit d’en faire autre chose. Au risque de mettre en scène des représentations stéréotypiques qui perdent Les Nègres et le spectateur…
Carnation et incarnation au théâtre vues par Patrick Chamoiseau
par Stéphanie Bérard
Dans sa pièce Audition sur l’esclavage (2005), Patrick Chamoiseau met en scène quatre comédiennes antillaises qui passent une audition pour une pièce sur la traite négrière et l’esclavage aux Amériques. Le “kaléidoscope biologique” formé par la chabine, la mulâtresse, la négresse et la koulie permet à l’auteur martiniquais de dénoncer les stéréotypes associés à chaque couleur de peau tout en s’interrogeant sur le lien entre incarnation d’un personnage et carnation de l’acteur.
Présenter au lieu de représenter
Une alternative à la question de l’incarnation sur scène ?
par Isabelle Elizéon
Au travers du travail de Robyn Orlin et de Pippo Delbono, deux artistes de la scène qui nous posent la question de la norme par l’utilisation de corps, de figures, de types souvent absents d’autres scènes théâtrales, nous explorons la question du présenter en place du représenter. Nous envisagerons ainsi l’acteur, la personne en acte, plutôt que le comédien, c’est à dire la présence provocante de l’humain au lieu de l’incarnation d’un personnage. Nous nous poserons ainsi la question de savoir si le présenter en place du représenter peut ouvrir à une nouvelle façon de penser, de voir et d’utiliser l’acteur.
Chercheurs
Stéphanie Bérard est titulaire d’un doctorat franco-américain sur le théâtre francophone et créolophone de Guadeloupe et de Martinique. Après avoir enseigné aux Etats-Unis et au Canada, elle est actuellement chercheur invitée, dans le laboratoire SeFeA (Scènes Francophones et Ecritures de l’Altérité) de l’Institut de Recherches en Etudes Théâtrales de l’Université Paris 3 grâce à une bourse européenne Marie Curie. Auteure de Théâtres des Antilles. Traditions et scènes contemporaines (2009), elle est co-éditrice avec Sylvie Chalaye du collectif Émergences Caraïbes. Une création théâtrale archipélique (2010). Son dernier ouvrage Le Théâtre Monde de José Pliya paraîtra prochainement aux éditions Honoré Champion.
Marjorie Bertin est Docteur en études théâtrales et attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’Institut d’Etudes théâtrales de la Sorbonne nouvelle. Ses travaux portent sur Genet, Pirandello, la folie au théâtre, le théâtre arabe et plus généralement le théâtre du XXe siècle. Elle est assistante à la mise en scène et dramaturge.
Sylvie Chalaye est anthropologue des représentations coloniales et spécialiste des dramaturgies contemporaines d’Afrique et des diasporas. Co-fondatrice d’Africultures, elle est professeur et directrice de recherche à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, où elle dirige l’Institut d’Etudes Théâtrales et le laboratoire « Scènes francophones et écritures de l’altérité » (SeFeA). Elle est l’auteur de plusieurs travaux sur l’imaginaire colonial et a publié de nombreux ouvrages sur les scènes et dramaturgies afro-caribéennes. Membre associé du Laboratoire de Recherches sur les Arts du Spectacle du CNRS, elle a également publié plusieurs études consacrées à des metteurs en scène : Thomas Ostermeier, Didier Georges Gabily, Dominique Pitoiset, Jean-François Sivadier, Jean-Marie Serreau et s’intéresse à la question de l’altérité dans la mise en scène contemporaine. Elle a publié avec Pascal Blanchard La France noire aux éditions de la Découverte en 2011 et participé à Exhibitions, l’invention du sauvage aux éditions Actes Sud. Elle a dirigé le volume Cultures noires : la scène et les images (Africultures, n°92-93, 2013).
Elizéon Isabelle est chercheuse, membre du laboratoire SefeA, elle prépare une thèse à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 sous la direction de Sylvie Chalaye. Elle développe sa recherche autour du corps, des notions combinées de marge, d’entre-deux et de métamorphose sur la scène contemporaine au travers du travail de Robyn Orlin, Koffi Kwahulé et Pippo Delbono. Elle est metteure en scène et dramaturge au sein de la compagnie Lasko et comédienne-pédagogue dans différentes structures culturelles et compagnies en Bretagne.
Julia Gros de Gasquet est comédienne et universitaire. Actuellement maître de conférences à l’Institut d’Etudes Théâtrales de Paris3-Sorbonne Nouvelle. Elle a publié aux éditions Champion En disant l’alexandrin, l’acteur tragique et son art, 17e siècle-20e siècle. Comme comédienne, elle s’est formée à l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et techniques du théâtre) à Lyon, à l’Académie russe des arts du théâtre de Moscou (GITIS), et auprès d’Eugène Green pour le jeu baroque. Au cinéma, elle a été dirigée par Eugène Green dans Le Pont des Arts, elle retrouve le cinéaste pour son prochain film Le Fils de Joseph, sortie prévue en 2016. Elle collabore régulièrement avec des musiciens, sur des projets de théâtre/musique et d’opéra (madrigaux italiens avec la chanteuse Mariana Rewerski à Rome, à la villa Médicis en 2011, Rinaldo à Prague en 2009 avec Louise Moaty, Lakmé à l’opéra National de Montpellier en 2012 avec Vincent Huguet). Elle reprendra en 2016 à la Scène Nationale de Chambéry le spectacle La Précieuse qu’elle a joué et dont elle a signé l’adaptation d’après Michel de Pure au festival baroque de Sablé en 2013. Elle est la directrice artistique du festival de la Correspondance de Grignan.
Pierre Letessier est maître de conférences à l’Institut d’Etudes Théâtrales de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, dont il est le directeur adjoint, et membre de l’IRET. Ses recherches, menées dans une double perspective, anthropologique et dramaturgique, portent sur la réception spectaculaire du théâtre romain (Il a ainsi publié avec Florence Dupont Le Théâtre romain, Colin, 2011.), sur les enjeux herméneutiques de l’édition du théâtre et sur les liens entre théâtre et musique. Metteur en scène, il a signé une douzaine de mises en scène, en particulier de théâtre musical. Il a été lauréat de la bourse d’aide à l’écriture de l’association Beaumarchais-SACD pour le livret de L’Opéra Thérapeutique (musique d’Isabelle Aboulker), représenté en 2006 au Théâtre Le Lucernaire.
Sylvie Pérault est une Ancienne professionnelle de la danse, docteur en ethnologie, spécialisée dans l’anthropologie du costume de scène et d’écran, elle appartient au département costume de l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre). Elle dirige le groupe de recherches CERPCOS.
Daniel Urrutiaguer est Professeur en études théâtrales à l’Université Lumière Lyon 2. Ses recherches en socio-économie du spectacle vivant portent sur les interactions entre les compagnies, les établissements publics, les collectivités publiques, les publics et leurs effets sur la valorisation de la production artistique. Il a coordonné une enquête nationale sur les territoires et les ressources des compagnies en France. Il est notamment l’auteur de Droit et économie du spectacle vivant en France (PSN, 2009), Les professions du spectacle vivant. Entre les logiques du marché et du service public (Armand Colin, 2012) et Les mondes du théâtre. Désenchantement politique et économie des conventions (L’Harmattan, à paraître). Il a publié des articles dans une douzaine de revues dont Africultures.
ARTISTES
Astrid Bayiha est comédienne. Après le Conservatoire National d’Art Dramatique, elle joue dans La prochaine fois le feu de James Baldwin, Andromaque de Racine monté par François Genty et As You like it de Shakespeare. Elle incarne Maryse Condé dans La Vie sans fards mise en scène par Eva Doumbia et participe à la mise en scène des Nègres de Genet par Bob Wilson en 2014.
Bintou Dembélé est reconnue comme étant l’une des pionnières du Hip-Hop. C’est en 1996 qu’elle devient professionnelle en travaillant au Théâtre Contemporain de la Danse de Paris (TCD). Co-fondatrice du groupe Ykanji et du groupe féminin Ladyside, on la retrouve dans Mission Impossible (House Dance), Aktuel Force (Break-Dance), et la compagnie Käfig mais aussi aux côtés d’MC Solaar. En 2002 dans une démarche d’auteur, elle crée la compagnie Rualité compte aujourd’hui 5 créations : L’assise, LOL, Mon appart en dit long, Papillon noir, ZH (qui donne lieu à un film documentaire réalisé par Enrico Bartolucci) et STRATES. Depuis une dizaine d’année, Bintou promeut la culture Hip-Hop en France et en Guyane en développant des projets de transmission ainsi que des événements. Elle est également appelée en tant que jury dans des battles, accompagne et forme des danseurs. En 2011, elle chorégraphie le clip « Roméo kiffe Juliette » de Grand Corps Malade.
Alice Diop est orignaire de Aulnay-sous-Bois, elle est tombée dans le documentaire malgré elle « c’est le fruit d’une heureuse rencontre avec un documentaire d’Eliane de Latour », rencontre qui lui permet de réaliser la force des messages pouvant être véhiculés dans les documentaires et la possibilité de croiser un regard sociologique à un traitement cinématographique. Alice s’intéresse à ceux que l’on ne voit pas, elle raconte la diversité culturelle. Pour Alice Diop, réaliser un bon documentaire consiste à « raconter des choses intelligentes en utilisant un biais artistiques et humain. Combattre les idées reçues pour faire avancer la société. » Alice Diop passe un DESS Image et société et intègre un atelier d’écriture à la Fémis. Réalisatrice pour L’Oeil et la Main (France 5), elle est auteure de documentaires : La mort de Danton (2011, Mille et Une.Films). Alice Diop est lauréate de la Bourse « Auteur de documentaire » de la Fondation Jean-Luc Lagardère.
Paulin Foualem Fodouop est acteur, metteur en scène et spécialiste d’arts martiaux chinois. Il est né au Cameroun puis a grandi au Havre et à Paris. Il dirige avec Myriam Tadessé la Compagnie « Quelle heure est-il ? ». Il a joué Les Nègres de Jean Genet dans la mise en scène d’Alain Ollivier au TGP. Il travaille régulièrement avec Philippe Adrien (Le projet Conrad en 2009, L’ivrogne dans la Brousse en 2002) et se consacre aujourd’hui à des projets de mise en scène. Il interprète Mandela dans Afrika Mandela à la Chapelle notre dame de la Conversion à 12h50, tout au long du Festival.
Greg Germain est comédien, metteur en scène et réalisateur. Président du festival d’Avignon Off, il dirige depuis 17 ans le Théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné en Avignon. Dans les années 1970-80, la série télé Médecins de nuit, dans laquelle il interprète le Dr Alpha, lui donne une célébrité sans précédent pour un artiste noir français. En 1992, il fonde CINÉDOM+, association regroupant de nombreux artistes de la diaspora d’outre-mer. Un de ses combats fut de trouver un espace d’expression artistique du Tout-Monde, où les Outre-Mer, l’Afrique et ses diasporas trouveraient une place en brisant les stéréotypes d’une création fantasmée. Il est ainsi engagé dans une démarche qui prône l’égalité artistique, la richesse et la pluralité des cultures françaises. En 1997, alors qu’il joue un texte de Derek Walcott au Festival d’Avignon, il rencontre Marie-Josée Roig, maire de la ville, avec qui il visite la Chapelle du Verbe Incarné, une ancienne chapelle désaffectée. L’année suivante, année du 150e anniversaire de l’Abolition de l’esclavage, la première édition des TOMA (Théâtres d’Outre-mer en Avignon) y sera donnée.
Chantal Loïal est danseuse-chorégraphe. Elle a travaillé dans la compagnie Montalvo-Hervieu et dirige aujourd’hui sa propre compagnie, DIFE KAKO, qu’elle a créée en 1994. Née un 31 mars à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, elle a tout juste 6 ans quand elle fait ses premiers pas de danse folklorique au sein d’un groupe guadeloupéen. Une passion qu’elle va pouvoir concrétiser avec son arrivée en métropole en 1977. Elle côtoie les milieux de danse africaine, puis antillaise et contemporaine. Au fil des années, elle acquiert une maîtrise complète de son art et rejoint le rang des danseurs et chorégraphes professionnels. A tout moment, et aujourd’hui encore, elle nourrira son expérience de rencontres : Assaï Samba chorégraphe, Lolita Babindamana, chorégraphe du Ballet National du Congo, le Ballet Lemba, Tchico Tchikaya, chanteur congolais, Kanda Bongo Man, chanteur zaïrois, Georges Momboye, chorégraphe, puis avec José Montalvo et Dominique Hervieu, Jérôme Deschamps et Macha Makeieff. Avec ces différentes compagnies, elle participe à de nombreuses tournées en France et à l’étranger. Parallèlement à ses activités de chorégraphe et de danseuse, Chantal Loïal n’a de cesse de transmettre son savoir et sa passion. Elle le fait avec un dynamisme et un enthousiasme intacts, accompagnée des danseuses et des musiciens de la compagnie, à travers des stages, des cours, des conférences dansées et l’animation de bals antillais. Son solo On t’appelle Vénus, est programmé à la Chapelle du Verbe Incarné tout au long du festival d’Avignon 2015.
Mariann Matthéus est comédienne et chanteuse. Après ses débuts dans le théâtre musical contemporain au sein de la Compagnie Lonsdale-Puig, Mariann Mathéus rencontre Toto Bissainthe pour former le groupe Chants populaires d’Haïti. Mémoires d’Isles d’Ina Césaire signe son « entrée » en théâtre avec le personnage d’Hermance, pièce créée au théâtre du Campagnol en 1984 dans une mise en scène de Jean-Claude Penchenat. Elle ne cesse depuis d’alterner concerts avec son groupe et créations théâtrales d’auteurs de la Caraïbe, tels que Simone Schwarz-Bart, Vincent Placoly, Aimé Césaire avec La Tragédie du roi Christophe à la Comédie française, ou plus récemment Alain Foix et Jean Métellus. Thelma de Claude Bonin lui permet d’aborder les marionnettes et de composer des musiques de scène. Elle suit les travaux du Laboratoire Sefea depuis 2012 et, à ce titre, a participé à l’Université des Théâtres d’Outre-Mer en Avignon en juillet 2014 (Sorbonne Nouvelle) avec une communication portant sur l’oralité au théâtre. Son spectacle musical, Mariann Matthéus, d’Afrique en Caraïbe, est programmé à la Chapelle du Verbe Incarné tout au long du festival d’Avignon 2015.
Nach est krumpeuse. Elle est originaire de Seine Saint-Denis, est issue d’une famille aux origines métissées (Cap-Vert, Vietman, Sénégal) et grandit entourée de musique et de danse : Motown, Reggae, Mbalax, Fou Nana, Jazz, Hip-Hop, Soul, Rap. Après une adolescence tumultueuse elle obtient un Bac S en 2004 puis s’envole en Australie. Elle revient en France un an plus tard, entreprend une licence de littérature – civilisations étrangères en Anglais et se passionne pour l’histoire des Afro-Américains. Elle retrouve alors le Krump, qu’elle avait découvert en 2005 avec le film Rize. Surprise de constater que le mouvement persiste en France, elle décide alors d’intégrer la communauté. Happée par cette pratique de la danse, Nach en fait un véritable mode de vie. Elle poursuit parallèlement ses études et obtient un Master pro en Musicologie – Arts du Spectacle. En 2012, elle intègre la compagnie du chorégraphe Heddy Maalem. Depuis 2013, elle travaille également à un projet de valorisation des danses urbaines au Sénégal, Sunu Street, soutenu par l’Union européenne et l’ambassade du Luxembourg. Nach a récemment intégré la compagnie Rualité, suite à sa rencontre avec Bintou Dembélé.
Silex est slameuse et poète. C’est la rencontre avec le slameur Félix J qui marque l’entrée de Silex dans le monde du slam. Elle a slamé à la CIP (Coordination des intermittents et précaires) qui défend des propositions alternatives à la précarisation, aujourd’hui en attente de relogement ainsi que dans de nombreux festivals. Son spectacle L’âme orale de l’histoire co-écrit avec Nebil, Afro, JLS, Nëggus, Sania et Madah s’est notamment joué sur la scène du théâtre de La Reine Blanche, Paris 18ème. Elle a collaboré au reccueil Volcaniques, une anthologie du plaisir dirigé par Léonora Miano (Mémoire d’encrier, 2015).
Jean-Camille Sormain est comédien et metteur en scène. En 1989-90 il est l’élève de Jean-Laurent Cochet, dans sa classe du Conservatoire supérieur de Paris. Puis il joue dans des spectacles avec des metteurs en scène très différents dont Alexandre Vassiliev pour Bal masqué à la Comédie Francaise. En 1995 il décide de signer ses propres spectacles, pour dire ce qui lui tient à cœur, notamment son combat contre le racisme, l’intolérance de toute sorte, la violence, et prôner une plus grande fraternité…
Dés cet instant, il fonde l’Acacia Théâtre. En 2001 il décide également de faire du cinéma. Il réalise deux courts métrages : Heinrich Heine et Évidence ? Il présente au festival d’Avignon 2015 la pièce Des couteaux dans les poules de David Harrower programmée à l’Artéphile, dont il est le directeur artistique.
Adèle Souria est comédienne et chanteuse. Elle commence la danse africaine vers 13 ans et découvre
les grands ballets d’Afrique noire, puis elle s’initie au jazz avec Mat Mattox. Elle accompagne des artistes et fait partie de nombreux groupes (Nino Ferrer, Julien Clerc, Grand Orchestre du Splendid)… Sur les planches, elle travaille avec Jérôme Savary à Chaillot dans La résistible Ascension d’Arturo Ui, puis on la voit dans une comédie musicale, Barnum. Depuis 2002, elle a obtenu, avec le spectacle Marie-Thérèse BARNABE, Négresse de France, plusieurs prix et joué régulièrement au Café de la Gare à Paris. Elle joue actuellement Mary Prince. Récit autobiographique d’une esclave Antillaise dans une mise en scène d’Alex Descas. Tous les jours durant le festival d’Avignon à l’Albatros à 12h30.
Le SeFeA – Qui sommes-nous ? Collectif de chercheurs et d’artistes français et internationaux, animé par Sylvie Chalaye au sein de l’IRET, le laboratoire Scènes Francophones et Ecritures de l’Altérité (SeFeA) étudie les poétiques contemporaines des dramaturgies du monde francophone traversées par l’histoire coloniale et l’histoire des migrations. Le programme « Afrique(s) en scène : corps, territoire et mémoire » que développe le laboratoire s’inscrit dans une dynamique triangulaire entre Afrique, Europe et Amérique(s) et interroge la création contemporaine en étudiant en particulier la question du corps scénique et du corps diasporique dans des dramaturgies travaillées par les enjeux de la mémoire et du territoire.
Nos dernières publications : Emergence Caraïbe(s) : une création théâtrale archipélique , dir. Sylvie Chalaye et Stéphanie Bérard, Africultures n° 80, 2010 ; Kossi Efoui : une poétique du marronnage au pouvoir , dir. Sylvie Chalaye, en 2011 ; Culture(s) noire(s) en France : la scène et les images , dir. Sylvie Chalaye, Africultures n° 92-93, 2013 et Afropéa, un territoire culturel à inventer, dir. Pénélope Dechaufour avec la collaboration de Sylvie Chalaye, Africultures n°99-100, 2015.