— Par François Vercelletto —
On ne sait rien, du point de vue documentaire, des premières années de Jésus. Les deux Évangiles de Matthieu et Luc ne sont pas des « biographies » au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Mais cela n’ébranle en rien ce qui relève de la foi.
Noël est maintenant tout proche. Et, comme chaque année, ceux qui assisteront à la messe pourront entendre le récit de la Nativité, selon l’Évangile de Luc.
Comment comprendre ce texte ? Sûrement pas comme un document historique, mais comme un récit à interpréter.
Seuls les Évangiles de Matthieu et de Luc parlent de la Nativité. Et encore, les deux textes ne disent pas la même chose.
Le premier situe la naissance de Jésus situe la naissance de Jésus à la fin du règne du roi Hérode, mort en – 4.
Luc fait naître Jésus lors du recensement romain de Quirinus, en l’an 6.
D’autre part, Luc évoque un recensement, décidé par l’empereur Auguste, à caractère universel. Or, sous l’empire romain, les recensements, destinés à fixer le montant des impôts quand une province était intégrée, n’avaient qu’un caractère régional. Ils n’impliquaient pas non plus de se déplacer sur le lieu de naissance de la famille.
Autre incertitude, on ne sait pas précisément si Jésus est né à Bethléem ou à Nazareth. Luc nous parle d’une famille de Nazareth qui se déplace pour se faire recenser à Bethléem. Matthieu, d’une famille de Bethléem.
Bref, les récits de la Nativité ne doivent pas être pris au pied de la lettre.
Les deux Évangiles de Matthieu et de Luc ont pour objectif de nous présenter un sauveur et utilisent à dessein des procédés d’écriture habituels dans l’Antiquité, comme celui d’une naissance miraculeuse.
Matthieu inscrit la naissance de jésus dans la continuité biblique. Il fait intervenir le roi Hérode qui aurait fait éliminer tous les enfants de moins de deux ans.
Aucun document n’atteste de l’historicité du massacre des Innocents. Mais ce récit établit un parallèle entre Jésus et Moïse qui avait échappé au meurtre des nouveau-nés décrété par Pharaon. Jésus, nouveau Moïse.
Luc, lui, établit un synchronisme entre la naissance de Jésus et le recensement de Quirinus pour la situer dans le contexte de la paix romaine et de l’universalisme qui s’installent.
Quant à Bethléem, c’est le lieu, désigné par le prophète Michée, où doit naître le Messie. Si les Évangiles insistent sur ce point c’est pour montrer que Jésus descend de la cité du roi David.
Ce que l’on doit comprendre, c’est que dans l’Antiquité, il n’y a pas l’histoire neutre. Tout élément est retenu pour son sens et non pas pour sa réalité historique.
Personnellement, ce qui précède ne trouble aucunement ma foi. Peu m’importe, au fond, que Jésus soit né en – 6 ou en + 6, à Bethléem ou à Nazareth. De toute façon, il est impossible de le savoir précisément en s’appuyant sur des documents historiques….
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