— Par Daniel Boukman —
Lors du GRAND ENTRETIEN du samedi 21 et dimanche 22 janvier 2017, la parole a été donnée à Joseph Jos présenté comme « homme des lettres [martiniquais] », qui déclare, entre autres, « je crois qu’il y a un génie martiniquais de la littérature. Nous avons eu des prix Renaudot, Goncourt, etc » et qui, à la question de l’interviewer (Peut-on parler d’une école martiniquaise de littérature ?), répond « Elle [l’école de littérature martiniquaise] devrait se construire ; nous sommes dans une période de création, à l’instar de ce que nous cherchons à faire dans le domaine des arts »).
De ce « génie martiniquais de la littérature » est exclus par omission (volontaire ? inconsciente ?) tout un pan de la littérature martiniquaise écrite en langue créole, tant dans le domaine de la poésie que dans celui du roman, de la nouvelle, du conte, de la chronique, du théâtre voire de l’essai, sans oublier un secteur non moins exemplaire, celui de traductions de la langue française à la langue créole de Martinique.
De la part de Daniel Boukman, à l’attention de Joseph Jos et de ceux, de celles qui ignorent (ou font semblant d’ignorer) l’existence de cette littérature martiniquaise en langue créole, le Manifeste que voici, rédigé en créole martiniquais et traduit en anglais, espagnol et en français, en date du 8 novembre 2008.
« La littérature martiniquaise s’honore de l’existence de nombreuses productions dont certaines suscitent résonance au-delà des frontières de notre pays.
Mais il est temps de dissiper une équivoque donnant à croire que cette littérature s’écrit exclusivement en langue française, erreur qui souvent tend à reléguer dans l’oubli les œuvres produites en langue créole.
Faire la distinction entre littérature écrite en français et littérature écrite en créole est une nécessité, étant bien entendu que distinguer n’est pas opposer. Pas question donc de déclencher quelque guerre que ce soit entre ceux écrivant en créole et ceux écrivant en français, et ce d’autant plus que bon nombre des cosignataires de ce texte utilisent en littérature et le créole et le français.
Cependant aux productions en langue créole, nous estimons qu’il est urgent d’accorder une sollicitude particulière dans la mesure où celles-ci sont souvent – trop souvent – considérées comme choses secondaires.
Dans le respect de la diversité de leurs positions idéologiques, politiques, au-delà de leurs choix stylistiques respectifs et des thèmes traités, il est temps que les écrivains martiniquais produisant en langue créole romans, nouvelles, essais, poèmes, contes, pièces de théâtre, s’organisent.
Il convient que leurs œuvres bénéficient d’une plus grande visibilité et que par le biais d’actions individuelles et/ou collectives, leurs écrits devenant davantage accessibles, circulent au sein d’un lectorat grandissant. »
Membres fondateurs de Krey Matjè Kréyol Matinik (KM2) : Daniel Boukman, Georges De Vassoigne, Judes Duranty, Roger Ebion, Georges-Henri Léotin, Térez Léotin, Jean-François Liénafa, Michaelle Mavinga, Eric Pezo, Michel Rechou, Serge Restog … Ont depuis intégrés KM2 : Hugues Barthéléry, Romain Bellay, Nicole Cage, Camille Marlin.