—Entretien réalisé par Sylvie Ducatteau —
Kishore Singh, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’éducation, dénonce l’explosion de la privatisation de l’éducation dans les pays en voie de développement. Un phénomène qui aggrave les inégalités et développe un enseignement très utilitariste.
Comment expliquer cette explosion de la privatisation de l’éducation dans les pays en voie de développement ?
Singh : Lors du Forum mondial sur l’éducation de Dakar, en 2000, les États et la société civile internationale se sont engagés à permettre l’accès de tous les enfants à un niveau scolaire équivalent à l’école primaire d’ici à 2015. Cette ambition repose sur un droit de l’homme fondamental, celui du droit à l’éducation. Que constate-t-on quinze ans plus tard ? Des disparités grandissantes et des dépenses publiques pour l’éducation en diminution dans de nombreux pays. Dans un monde en pleine mutation, l’école publique fonctionne parfois sans aucune norme, les enseignants ne sont pas ou peu formés, les enfants disposent peu de manuels et le niveau de leur acquis reste faible. Dans ce contexte, qui semble s’aggraver, la privatisation explose. D’une manière générale, les États n’ont pas fait grand-chose pour empêcher le mouvement de privatisation. Certains en ont même été complices en subventionnant le système privé au détriment du public. La reconfiguration des services publics au sein de la mondialisation néolibérale a placé l’éducation dans les phares du privé, notamment des entreprises à but lucratif.
Dans le rapport que vous avez présenté en octobre à l’ONU, vous alertez sur les violations au droit à l’éducation que produit ce mouvement de privatisation
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