—Dossier de presse —
Portrait d’une femme faite de terre et de feu
— Par Maïté Marque —
Elle vit au bout d’un long chemin défoncé, cahoteux, aux ornières profondes, à la pointe Hyacinthe au bord des rives de la baie du Robert.
La terre de la Martinique ne l’a pas engendrée, mais l’a façonnée, forgée au gré des vents, des vagues et des accidents de la vie.
Pour parler de l’artiste, faut il parler de son art ? L’art et l’artiste font corps, l’une ne va pas sans l’autre. Le style ? Les inspirations ? Je dirais plutôt la respiration. Elle crée comme elle respire, elle donne et se donne, généreuse, comme ses doudou colorées, ses fruits à pain sucrés et rassasiants, élégante comme ses réceptacles de l’univers simplissimes et minimalistes, puissante comme ses structures articulées, partagées entre le vide et le plein, déchirante comme ses cris d’ébène, bouches béantes invitant aux murmures « tumultueuses ».
C’est une guerrière qui tire son énergie du feu de ses foyers. C’est une flamme qui lèche, caresse, révèle à l’épreuve de ses brasiers les multitudes facettes de ses oeuvres. Nul besoin de philosopher sur l’art ni sur l’artiste. Il suffit de la voir se saisir d’une motte de terre. Au centre du tour, enchâssée par ses deux mains humides, recouvertes d’argile, soudain apparaît une corole, qui monte et s’épanouit. La poussière d’argile, noyée d’eau, domptée par ce geste séculaire et précis, s’apprête à subir sa transformation. C’est à cet instant précis que la création fait son oeuvre, le bouquet final ne sera qu’une pâle transfiguration de cette chorégraphie. La brûlure du feu et les caprices de ses effets, viendront achever ce travail d’horloger.
Au bout de ce long chemin cahoteux, vit une femme faite de terre et de feu.
Maïté Marque
Martine Baker
Elle travaille sur les rives de la baie du Robert à Pointe Hyacinthe,depuis 1981. Après une formation en psychomotricité, elle se tourne vers la création artistique.
C’est d’abord l’impression de tissus avec la technique del’héliographie (impression au soleil) qui a retenu son attention, puis la céramique s’est imposée tout naturellement. Sa passion pour les plantes et surtout les bonsaïs l’a ensuite amenée vers la fabrication de pots.
L’atelier céramique du SERMAC de Fort de France (Martinique) lui a permis de faire ses premiers pas dans l’argile en 1998, elle affine sa formation de tournage et d’émaillage haute température, en 2000 et 2001 par des stages au CNIFOP (Centre National de Formation à la Poterie) de Saint Amand en Puisay puis à l’école PROMETER aux Pennes Mirabeau en 2002.
En 2010, elle oriente son travail vers la sculpture.
Elle explore différentes techniques : La faïence, le grès et surtout le Raku une technique de cuisson japonaise ayant le travail du feu comme moyen d’expression (les pièces sont sorties du four à 950°, enfouies dans des copeaux de bois puis plongées dans de l’eau).
Ses dernières expositions ont eu lieu à New York, en Colombie, à Paris, en Martinique et en Guadeloupe.
Habdaphaï par lui-même
Du parcours artistique à la fabrication d’une oeuvre Pour moi, une peinture ou un objet artistique part d’une émotion, d’une pensée, qui se module à une visualisation pratique qui pousse à la rencontre des choses et des sens. Déjà les matériaux pour fabriquer la forme de cette pense et faire
vivre les émotions dans celle ci….
J’arrive à un moment ou je ne peux plus trasuire en dessinant, les genstes identitaires de mon travail plastique.
Alors, il se passe une forme de désordre dans mon espace corps ou je rentre en questionnement sur ce que je pourrais faire….
Alors, je commence à faire des croquis, des formes d’écritures ou des formes automatiques, je ne cherche pas à parfaire mais à lâcher ces choses que je ne contrôle pas.
Comme une forme de surplus qui se trouve au plus profon de mon être, alors des gestes, des lignes, des cris, des graffs se bousculent sur des pages blanches avec de la mine de plomb, des pastels secs et gras, des traces d’eau et bien aussi des gouttes de sueurs pour vraiment accentuer et sacraliser ces moments de recherche.
Après beaucoup d’application, il y a des gestes qui reviennent et se construit petit à petit la forme qui se remplit de toutes les émotions du momen et des passés pour donner vie à ce que je pourrais appeler… Le mouvement gestuel qui approche du signe.
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