— Par Caroline Constant —
Avec Carole Matthieu, ce soir à 20h55 sur Arte, Louis-Julien Petit signe une fiction glaçante sur le monde du travail. Isabelle Adjani, en médecin du travail impuissant devant un management sans pitié, montre l’étendue de son talent.
Elle a essayé d’alerter, Carole Matthieu. Cette femme médecin du travail, complètement investie dans sa mission, a appuyé sur tous les signaux d’urgence à sa portée : la direction, l’inspection du travail, les syndicats. Personne ne l’a écoutée, lorsqu’elle alertait sur la façon de diriger les salariés de la plateforme téléphonique de Melidem : double écoute, infantilisation des personnels, à qui l’on demande même, parfois, de changer de prénom, brimades, harcèlement moral… La liste est longue. Au point que des salariés craquent. Comme Vincent, à bout, qui, un jour, lui demande de l’aider à se suicider en posant devant elle un revolver. Et Carole Matthieu appuie sur la détente. « Une euthanasie d’entreprise », résume Louis-Julien Petit, le réalisateur de ce téléfilm glaçant sur le monde du travail.
Car de travail, il en est question, beaucoup : quand on demande aux hommes de devenir des machines, de n’avoir plus de liens entre eux, de laisser à la porte leur identité, forcément, les dégâts sont considérables. Carole Matthieu est adapté du roman d’un sociologue, Marin Ledun, intitulé les Visages écrasés. L’auteur l’a écrit d’une traite, après avoir travaillé sept ans à France Télécom, connu pour sa maltraitance salariale. Il est d’une noirceur absolue sur l’évolution du monde du travail. La seule réponse de Carole Matthieu est de commettre l’irréparable…
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