Pour Haïti, contre ses prédateurs de tous poils, pour que vivre soit enfin beau un jour…
— Par Lenous Guillaume-Suprice —
Ta fabuliste de correspondante est vite devenue une (autre) abrutie du système, un phare de plus pour des croisiéristes, bruit seulement de ses copains comploteurs, écho par-ci par-là de leurs méfaits.
Toi, tu fais maintenant le chien à tes plaies, essaies de te guérir du passé et d’aujourd’hui, de certaines ratures d’un manque et des lésions du fouet sur ta conscience.
Tu verseras toute ta déconfiture, de l’autre côté d’un ancrage, dans une douloureuse mer d’adieux, fuyant l’acidité d’un grand nombre de scélérats aux dents à la fois perfides et caressantes.
Tu trouveras, sait-on jamais, un peu plus de monnaie pour tes songes-lecteurs, au cours des instants à venir, pour leur relocalisation dans d’autres bibliothèques de vie, hors des quartiers d’avilissements qui les défigurent, depuis l’éternité et plus on dirait, depuis le rétrécissement de l’avenir au profit d’un groupuscule de péteurs de feux, depuis par eux les vols à répétition des habits d’un mieux-être sur ta nudité.
Fais quand tu veux l’impénétrable et, mieux encore, reste insensible devant les inconvenances de quiconque s’exténuant, fabuliste ou autre énergumène du genre, à fleurir tes champs de blues avec sa fausse blondeur de sincérité.
Si un vent de volcan s’abat sur ta vallée, ne laisse pas son boa de feu avaler la conscience du sauveteur de toi-même, aide à reconstruire les ponts délaissés des bras de plusieurs, presque tous en attente d’un apaisement de leur faim d’autrui, et méfie-toi un peu des bateaux de plaisance sur leurs roulis de boulevards, au cours de certaines fêtes voilées par quelques embruns de faméliques espoirs.
Mais, avant de t’endormir, mieux vaut manger ta faim sans ailes ni cuisses et non plus poitrine, en attendant…, si tu ne veux pas entendre du caquetage en rêvant…ou marcher sur de vides coquilles en te réveillant.
Lenous Guillaume-Suprice,
Montréal-Nord, mars-novembre 2024.
NOTE BIOBIBLIO
Lenous Suprice
Né à Fond- des- blancs, Haïti. Il a publié quelques recueils de poèmes en créole et en français à Montréal où il vit depuis 1976.