La militante iranienne Narges Mohammadi, emprisonnée depuis 2021 dans son pays, a été récompensée du prix Nobel de la paix 2023, dimanche 10 décembre, à Oslo. Détenue dans la prison d’Evin à Téhéran, elle n’a pu assister à la cérémonie, mais ses enfants, Kiana et Ali Rahmani, ont lu son discours où elle a dénoncé le « régime religieux tyrannique et misogyne » en Iran.
Engagement sans Faille Malgré les Obstacles
Narges Mohammadi, devenue une figure emblématique du mouvement « Femme, vie, liberté », a consacré la majeure partie des deux dernières décennies à la défense des droits des femmes et à la lutte contre la peine de mort. Elle a été arrêtée à plusieurs reprises et condamnée à plus de trente et un ans de prison, ainsi qu’à 154 coups de fouet, pour ses positions courageuses.
L’histoire de Narges Mohammadi est aussi celle d’une mère prête à tout sacrifier pour son combat. Ses enfants, séparés d’elle depuis huit ans, ont reçu le prix Nobel en son nom et ont lu son message poignant exprimé « derrière les hauts murs froids d’une prison ». Sa fille Kiana et son fils Ali, âgés de 17 ans, ont été contraints de vivre sans voir leur mère depuis son incarcération à la prison d’Evin à Téhéran.
Une Voix qui Résiste à l’Oppression
À travers ses écrits clandestins depuis la prison, Narges Mohammadi continue de dénoncer les tortures et les violations des droits humains en Iran. Son discours souligne la nécessité de l’abolition du « hijab obligatoire » et appelle à la solidarité internationale pour soutenir le peuple iranien dans sa quête de démocratie, de liberté et d’égalité.
Le mouvement « Femme, vie, liberté », déclenché par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, a trouvé en Narges Mohammadi l’une de ses principales porte-parole. La militante a refusé de porter le voile en prison et a symboliquement brûlé son foulard pour protester contre l’oppression du régime.
Un Prix Nobel en Temps de Persécution
Malgré son prix Nobel, Narges Mohammadi fait face à des pressions accrues depuis sa nomination. Son état de santé préoccupant, marqué par des problèmes cardiaques, a conduit à une grève de la faim pour protester contre le refus d’accès à des soins médicaux. Son mari, Taghi Rahmani, réfugié en France, exprime son inquiétude quant à la situation de sa femme derrière les barreaux.
La cérémonie de remise du prix Nobel de la paix s’est déroulée avec un fauteuil symboliquement vide, surmonté du portrait de Narges Mohammadi. Cette militante infatigable rejoint la courte liste des lauréats du Nobel de la paix honorés en détention, rappelant l’engagement historique de personnes telles que Carl von Ossietzky, Aung San Suu Kyi, Liu Xiaobo et Ales Beliatski. Son combat, comparé à celui de figures telles que Desmond Tutu et Nelson Mandela, souligne la détermination des femmes en Iran à lutter contre l’oppression, avec l’espoir que leur quête aboutira à une démocratie, une liberté et une égalité tant attendues.