Prix International de l’Invention Poétique 2024 : Palmarès de la 3ème édition

— Par Sarha Fauré —

La littérature haïtienne continue de briller sur la scène internationale, consolidant sa réputation avec de nombreux auteurs qui se distinguent par leurs œuvres exceptionnelles. Lors de la troisième édition du Prix International de l’Invention Poétique, organisée par l’association Balisaille en Martinique, Haïti a triomphé en remportant les deux catégories principales.

Le 11 mai 2024, l’association Balisaille a révélé les lauréats du prix lors de la clôture du Festival Mai Poésie. Dans la catégorie Langue Française, Witerwan Kenley Jean a été couronné pour son texte poignant intitulé « Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes ». Originaire de Lascahobas, ce jeune écrivain-poète a exprimé une profonde joie et un sentiment d’accomplissement après avoir reçu cette reconnaissance. Il a décrit sa poésie comme une exploration des thèmes de la mort et de l’existence, qui a su toucher le cœur des jurés.

Dans la catégorie Langue Créole, Iléus Papillon a remporté le premier prix avec son texte « Adjeridan ». Papillon, un poète bien établi et auteur de plusieurs recueils de poèmes en créole tels que « Sèt priyè lari », a dédié ce prix à sa terre natale, Haïti, via sa page Facebook. Sa victoire est un témoignage de la force et de la vitalité de la poésie créole contemporaine.

En outre, une mention spéciale dans la catégorie Langue Créole a été décernée à Litainé Laguerre pour son texte « Alelouya Desalin ». Laguerre a exprimé sa gratitude envers l’association Balisaille sur les réseaux sociaux, soulignant son amour pour la poésie en créole et sa satisfaction d’être reconnu pour son travail.

Le jury de cette troisième édition était composé de plusieurs personnalités littéraires de renom, dont Max Rippon de la Guadeloupe, Catherine Boudet, Juliette Combes-Latour, Raphaël Confiant, Hermas Gbaguidi, Valérie Marin La Meslée et l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot. Leur choix a mis en avant la richesse et la diversité de la poésie en langue française et créole.

Il convient de noter que cette édition marque une nouvelle réussite pour les auteurs haïtiens, qui avaient déjà brillé lors des éditions précédentes. En 2022, Witensky Lauvince et Ar Guens Jean Mary avaient remporté les prix dans les catégories française et créole respectivement. En 2023, bien que le doublé n’ait pas été réalisé, Niklovens Fransaint s’était distingué dans la catégorie créole avec son recueil « Dans powèm pou sèl sezon flè ».

Ces distinctions internationales illustrent l’importance de reconnaître et de célébrer le talent des poètes haïtiens, qu’ils soient émergents ou confirmés. Elles témoignent de la vitalité et de la profondeur de la littérature haïtienne, qui continue de s’enrichir et de séduire un public global.

 

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Plus de 300 manuscrits sont parvenus à l’association BALISAILLE pour cette 3ème édition du Prix international de l’invention poétique. Les membres du jury ont reçu 170 candidatures dont 20 ont émergé : 14 en français et 6 en créole.

Réuni à la médiathèque Alfred Melon-Dégras, centre névralgique du Festival Mai.Poésie, à l’issue d’un hommage vibrant à Maryse Condé disparue le 3 avril dernier, et au lendemain de la soirée toute en poésie consacrée à Edouard Glissant au Domaine de Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie, commune de naissance du poète, le jury, présidé par Max Rippon (Guadeloupe) et composé de Catherine Boudet (Maurice-Réunion) Juliette Combes-Latour (France), Raphaël Confiant (Martinique), Hermas Gbaguidi (Bénin), Valérie Marin La Meslée (France), Lyonel Trouillot (Haïti), a ainsi délibéré :

Premier prix dans la catégorie langue française :

“Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes” Witerwan Kenley JEAN de Lascahobas, Haïti

Witerwan Kenley Jean a remporté le Prix international de l’invention poétique, catégorie langue française, organisé par l’association Balisaille en Martinique, pour son texte “Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes”, une allégorie poétique sur la mort.

Né le 12 avril 2001 à Lascahobas, Witerwan étudie la sociologie à l’Université d’État d’Haïti à Limonade. Il a publié un recueil de poèmes en 2023 et est membre de SKL et fondateur de “Laviwonn Pwezi”.

Witerwan a commencé à écrire en sixième année pour séduire ses camarades et a ensuite participé à des concours de lettres. Sa passion pour la poésie s’est développée grâce à une amie avec qui il échangeait des livres et des poèmes.

Il décrit son style comme du «gribouillage poétique», utilisant l’assonance et l’allitération, et s’inspirant de divers poètes. Witerwan prévoit de publier une anthologie avec “Laviwonn Pwezi” cette année et travaille sur plusieurs œuvres en cours.

Deux Mentions spéciales dans la catégorie langue française ex aequo :

ÉGRÉGORES, Xavier GROS de l’Ardèche, France

PARABOLE DE LA MER1, Ernest PÉPIN, de Guadeloupe

L’auteur de ce dernier recueil nous a fait l’honneur de concourir, c’est dire la modestie de l’immense Ernest Pépin que nous saluons fraternellement.

En effet, les manuscrits sont donnés à titre anonyme. On voit bien que la dimension du poète guadeloupéen n’a pas échappé au jury.

Premier prix dans la catégorie langue créole :

ADJERIDAN, Iléus PAPILLON, d’Haïti

Une Mention spéciale dans la catégorie langue créole :

ALELOUYA DESALIN, Litainé LAGUERRE, d’Haïti

En cette année particulièrement éprouvante pour notre voisine Haïti, ses poètes et artistes n’ont pu nous rejoindre comme prévu mais étaient fortement présents, par les talents réunis de Ralph Civil, Marie Emmanuella Célestin et Bambouman.

Le hasard de cette édition nous conduit à reconnaître une fois encore Haïti comme “terre de poètes” comme l’a chanté Anthony Phelps dans Mon pays que voici.

Ainsi nous dédions cette troisième édition du Prix international de l’invention poétique au peuple haïtien et sommes heureux de voir publiés par Florent Charbonnier chez Caraïbéditions les recueils récompensés.

Fait le 11 mai 2024 depuis la MAISON D’EDOUARD GLISSANT au Diamant oùMai.Poésie” fait escale.

PRIX INTERNATIONAL DE L’INVENTION POÉTIQUE 2024

PRÉSÉLECTION

EN FRANÇAIS

Dream & Bass, Jean-Luc IRONDELLE (France)

Egrégores, Xavier GROS (Ardèche/France)

Ensemencement ou la part de l’intime, José ROBELOT (Guadeloupe)

Gyromancie putréfactive, Théo BOURIN-MONNIER (Ariège/ France)

Je suis un ara, Daniel PUJOL (Martinique)

La rhétorique de l’être sous un parquet d’étoiles, Nour CADOUR (France)

La trouée des bossales, Jean Erns MARIE-LOUISE (France)

Les lieux profonds, Bertrand GUILLON (France)

Le poème du Cibao, Qualito ESTIMÉ (Canada)

Nouvelle peau, Fabien GARINO (France)

Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes, Winterwan Kinley JEAN (Haïti)

Parabole de la mer, Ernest PÉPIN (Guadeloupe)

Pays d’absence, José LE MOIGNE (Belgique)

Tributs et semailles, Soledad LIDA (Argentine)

EN CREOLE

Adjeridan, Iléus PAPILLON (Haïti)

Alelouya Desalin, Litainé LAGUERRE (Haïti)

Dènye kri, Cliff EXANTUS (Haïti)

Flèch Kann, Phlippeson JUSTE (Haïti)

Lanmou se you kout wòch, Smeev Jerry MÉDÉ (Haïti)

Sant Kòripsyon, Jean Jacquesson THÉLUCIER (Haïti)

ASSOCIATION LOI 1901

Identifiant SIRET : 902 818 004 00019

Siège social : Morne Vent, La Capoul, 97270, Saint-Esprit

Courriel : assobalisaille@gmail.com

Forme1

  • « Nous remercions le grand poète et romancier Ernest Pépin de l’envoi de son livre-poème « Parabole de la mer » auquel nous accordions une mention spéciale hors catégorie. Malheureusement, le règlement du prix est formel. Le prix ne prend en compte que des textes inédits, or des extraits de « Parabole de la mer » ont été publiés dans la revue Présence africaine (numéro 191 en 2015). Le jury ignorait cette information au moment des délibérations. Nous remercions celles et ceux qui ont eu la gentillesse d’attirer notre attention sur cette première publication qui rend le manuscrit irrecevable. Nous saluons néanmoins le travail du jury qui a su reconnaître une grande plume malgré l’anonymat. Nous voyons dans la candidature d’Ernest Pépin le signe de l’importance d’initiatives comme la nôtre, perçues par les poètes, quelle que soit leur notoriété, comme un moyen de sortir de l’isolement, de faire advenir une communauté en poésie et de toucher les lecteurs le plus largement. « 

Le Jury, 16 mai 2024