Ceci n’est pas une préface,
Au commencement de tout était la parole.
Kalimat – le bien nommé – incarne la sienne, comme il incarne sa vision poétique d’Homme-archipel, naviguant entre tous les vents du nde, voguant îles en îles, à la rencontre de l’être, humain en lui. La poésie est un engagement, un chemin solitaire solidaire. Et Mathieu Marie-Eugénie est poète, dans le regard d’enfant et le geste artistique, la relation aux mots et le sens de l’Autre.
Dans ses silences aussi.
Printemps créole est une traversée identitaire et poétique, l’odyssée intérieure d’un garçon de lettres, moderne, ancré dans son époque.
Kalimat sème des poèmes sur son passage.
Peut-être pour ne pas s’oublier, dans le tourbillon du temps qui passe et nous efface. Peut-être pour ne pas perdre de vue les rêves, qui le fondent et font de lui aussi, un marcheur et un chercheur.
D’art.
Printemps créole est un texte fruité, aux saveurs de châtaignes, d’abricots et de mangues térébinthes, un livre aux battements d’ailes et fulgurances de lumière, sagesse et bonté.
D’âme.
Et si vous entendez battre le cœur de l’auteur entre ses lignes, ne vous en inquiétez pas, c’est normal, certains poètes sont des enragés de douceur. Et leur écriture s,en ressent, formidablement !
La jeunesse de Mathieu défile, pas à pas, page après page, on remonte avec lui la rivière de ses origines, on entend les premiers cris créoles et on comprend pourquoi et comment, l’enfant des îles-chrysalide deviendra Homme-archipel-papillon, nouvelle espèce en voie d’apparition.
Si par moment, vous vous sentez l’en-vie de replonger dans votre enfance et d’y rester, planté un instant sans bouger, comme dans la latérite rouge qui piète à l’assaut des Mornes, c’est normal aussi car le poète est conteur d’intime, d’orage et d’espérance, et ses paroles ramènent toujours le lecteur à son propre port, son propre sort.
Son propre corps.
Son propre cœur.
Printemps créole est une invitation douce.
à la source des passions, des inquiétudes, de l’errance sans errements,d`un cultivateur de Graines de paix, Capitaine de sa réalité, poète debout sur le terrain de son combat.
Printemps créole est une invitation douce.
Il s’y trame une poétique généreuse de la géographie intime, en secrète connivence avec l’histoire universelle et la fondation cosmique de la parole.
Au commencement de tout.
La parole réveille la mémoire et lance des appels prémonitoires à une renaissance, avec une sincère tendresse d’eau douce, des boucans de joie et de liesse hallucinées.
Édouard Glissant disait du poète qu’il était « celui qui raccorde les beautés de son héritage aux beautés de son devenir dans le monde. ›› Mathieu Marie-Eugénie dit Kalimat, est poète en ce sens aussi, en ce sens surtout. Et son Printemps créole, aux relents de petit matin césairien, est à l’image de ma relation fraternelle avec lui :
Texte, Dialogue et Altruisme.
Il y a là, allongée entre les lignes, la diversité du monde qui tremble encore et toujours, de la richesse de nos différences.
Il y a ici, la statue/stature d’ombre et lumière, d’ une solitude essentielle et irremplaçable.
Celle du poète, qui pleure lui aussi.
Des larmes miraculeuses.
Marc Alexandre Oho Bambe
dit Capitaine Alexandre
Printemps créole
de Kalimat
Editions la Cheminante, Harlem renaisance
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