— Le n° 297 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Le 1er mai est toujours un reflet, plus ou moins fidèle, de l’état du mouvement ouvrier et de la lutte des masses. Celui de 2023 a porté une question qui continue de trotter dans les têtes : était–ce un tremplin pour rebondir dans la lutte contre la démolition macronienne de la retraite, et pour la fusion de ce combat avec toutes les luttes du moment ? ou au contraire un baroud d’honneur, au terme duquel le gouvernement aura tout le loisir de tourner la page après ses frayeurs ?
Une bonne partie de la réponse se trouve en France, vu le rôle de l’intersyndicale « nationale » dans la mobilisation. La puissance des manifestations, qualifiées d’historiques, dans les villes de France, plaide en faveur de la vision optimiste du 1er mai relais.
La décision de placer la prochaine grande journée de lutte au 6 juin, combinée avec l’acceptation par les syndicats du rendez-vous donné par E. Borne, font penser le contraire, même si les syndicats affirment ne pas se présenter en victimes expiatoires à la table du pouvoir.
Certes, la colère reste majeure : les hauts responsables de l’État sont obligés de dissimuler leurs calendriers de déplacements dans le pays, et de multiplier les interdictions de casseroles, de sifflets, de cartons rouges, pour ne pas essuyer la vindicte populaire. Mais la transformation de cette mobilisation tenace, souvent spontanée, et à ce jour invaincue, en action pour exploiter efficacement cette crise de régime et gagner face à la bourgeoisie et son État, suppose l’intervention appropriée de la branche la plus déterminée de la gauche sociale et politique.
En Martinique, le 1er mai a été un bon cru avec près de 2000 personnes dans les rues de Fort-de-France, reprenant confiance en elles, mais sentant que la grande masse des travailleurs n’est pas convaincue du rôle essentiel qu’elle peut et doit jouer, au lieu de se contenter de compter les points, en ne restant qu’assise devant les écrans de télévision.
Nous gardons la conviction que tout est possible, que l’heure n’est pas aux atermoiements, mais à la résistance au rouleau compresseur du capitalisme, à la lutte pour le triomphe de la vie !
Accroître la cohésion des partisans de la lutte pour trouver le chemin des larges masses,
Combiner l’action sur place, et l’action coordonnée avec tous les territoires sous administration française, est la première condition d’une lutte victorieuse.
ACTE 1 DE LA NOUVELLE MOBILISATION ANTI-CHLORDÉCONE : SUCCÈS PROMETTEUR!
90 personnes ont suivi l’essentiel des 3h30 d’une réunion pleine de densité. 150 au moins, ont suivi tout ou partie de la « conférence de presse publique » organisée par Lyannaj pou dépolyé Matinik (LPDM), avec la participation de la très grande majorité des avocats martiniquais et français mobilisés sur scandale du chlordécone.
Cette affluence obtenue par les réseaux militants, la représentativité des avocats (d’Écologie urbaine, de l’Amses, des parties civiles privés (Malcom Ferdinand et Patricia Chatenay-Rivauday), du Collectif des ouvriers agricoles, de l’Assaupamar, la qualité des interventions, la satisfaction générale du public sont des manifestations évidentes du succès.
Mais il faut aussi ajouter l’engagement pris, avec un geste symbolique fort du batonnier Germany, par les avocats de travailler ensemble et l’appel répété de notre camarade Philippe Pierre-Charles, parlant en tant que porte-parole du Lyannaj pour une nouvelle mobilisation de l’ensemble du mouvement social et des forces politiques progressistes, avec le vœu d’une forte coordination avec le mouvement populaire de Guadeloupe et les démocrates et anticapitalistes de France.
İl s’agit maintenant de passer à la pratique afin que chacun sache que le combat continue, avec plus de détermination que jamais.
COMME UN BILLET D’HUMEUR :
FLEUR D’ATOUMO PLUTÔT QUE MUGUET !
Après une très vraisemblable opération commerciale déficitaire d’une vendeuse de muguets, indiquant lors d’un interview le 1er mai par Martinique la 1ère, avoir acheté pour 1300 € de muguets pour la revente (3,5€ le brin de muguet), nous a conduit, avec la mise en avant ce même jour de la fleur d’atoumo, à une double réflexion.
D’abord, la vente de muguets à l’occasion du 1er mai, est une pratique datant de quelques décennies chez nous. Le muguet renvoie directement à l’histoire de France (du roi Charles IX qui en offre aux dames de la cour en 1561, à Pétain en 1941 pour contrer l’Églantine rouge, associée à la gauche et aux communistes). Cette pratique n’appartient nullement à notre patrimoine culturel, et notre priorité, si tant est que nous avons une considération pour la chose, devrait aller pourquoi pas, à l’atoumo (ou autre).
Ensuite, introduire et privilégier la fleur d’atoumo, si cette alternative est estimée symbolique et souhaitable, serait à la fois source de nouvelle recette pour une filière locale organisée de production et distribution, et participation, même à petite échelle, à la réduction de notre dépendance en matière florale.
Un pas non seulement symbolique, mais surtout une pratique alternative plus facilement maitrisable, de circuits courts, relevant de l’économie circulaire, et dont on peut penser qu’elle laisserait bien moins de petits vendeurs sur le carreau, car faute de n’avoir pu réaliser au moins leur investissement initial !
Alors demain, plutôt la fleur de l’atoumo que le muguet.