— — Le n°260 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Le communiqué commun du préfet nouveau et de la procureure sur l’utilisation d’un produit pour accélérer le mûrissement des bananes jaunes (ou donner l’apparence du mûrissement ??), fait du bruit. C’etait bien, on suppose, le but recherché !
Les services de l’État se déclarent mobilisés pour mettre fin à cet emploi illégal de l’éthephon et enquêter pour définir les responsabilités et punir les contrevenants.
Des réflexions nous viennent à l’esprit.
L’appât du gain est en cause, comme toujours. L’apparence de belles bananes bien jaunes et mûres comme il faut, est un argument de vente. D’ailleurs, si une petite « aide chimique » peut y contribuer sans qu’on sache le procédé utilisé, certains n’hésitent pas longtemps. D‘autres se disent très vite que si le voisin le fait… ( et pas besoin d’être béké… quand on connait les difficultés de beaucoup d’agriculteurs et agricultrices.
Nous condamnons ces pratiques dès lors que la santé est en jeu. Notre santé vaut mieux que leurs profits.
Nous apprenons en même temps que le produit est « faiblement dangereux », qu’il a « peu de chance d’être cancérigène », qu’il est autorisé dans la culture de l’ananas. Il faudrait nous expliquer la différence, et, en passant nous préciser l’ampleur de l’utilisation. 25 lots, dit le communiqué. Mais sur combien contrôlés ? Mystère !
La vigilance officielle que ce communiqué est sensé illustrer ne convainc que très partiellement. Cela fait des années qu’on est intrigué par cette belle couleur jaune qui arrive en même temps sur toutes les bananes d’un même régime. Cela n’avait pas attiré l’attention des services spécialisés, aptes à en savoir très vite bien plus que le commun des mortels ? N’était-il pas possible dès le début d’alerter l’opinion, de faire connaître et exécuter l’interdiction, bref de faire cesser une pratique délictueuse, même si le danger n’est pas comparable à celui du chlordécone connu comme cancérigène probable depuis le début !
Réveil tardif donc des autorités. S’agit il de montrer que c’en est fini des scandales chlordécone ou autres ? Il en faudrait bien plus, pour donner cette impression. Car la procureure nouvelle, dont l’arrivée avait été l’occasion de déclarations sur la délinquance, n’a jamais eu un mot à haute voix sur l’impunité du crime chlordécone, n’a jamais dit qu’un non-lieu serait une abomination, une honte, une souillure sur l’idée même de justice !
Séparation des pouvoirs, clame tout sourire le préfet nouveau. Ponce Pilate ! Les procureurs dépendent–ils oui ou non de l’État ? Ont–ils oui ou non le pouvoir d’accélérer les procédures ou d’étouffer les affaires ?
À la veille de la décision du procureur de Paris sur les plaintes pénales dans le dossier chlordécone, il y a peu de chance que la galerie soit amusée par l’éthéphon sur les bananes jaunes.
Violences, corruptions, , répressions, obscénités… O la nou Kay-y ?
Pendant que les autorités judiciaires s’acharnent dans des poursuites bêtes et méchantes sur tout ce qui ne bouge pas dans leur sens (voir l’exemple des deux auteurs d’articles qui autrement seraient passés inaperçus), les réseaux sociaux s’enflamment sur les obscénités probablement marginales mais tonitruantes qui ont émaillé un grand rassemblement festif ou sur les affaires plus ou moins croustillantes de corruption.
Et si on lève la tête pour scruter ce qui, à part ça, défraye la chronique, on trouve, bien plus que les exploits sportifs des coloniaux, les violences qui chaque semaine, envoient à la morgue les corps mutilés de nos compatriotes. On a beau tenté d’expliquer les choses par les théories de Fanon sur «la violence circulaire du colonisé sur lui même », on reste quand même abasourdi par cette avalanche de méfaits qui ressemble à une vaste opération d’autodestruction ou d’autodénigrement. Les Dominants ont toujours cherché à provoquer chez leurs victimes des comportements visant à la déshumanisation.
Mais, si le fil qui relie tous ces méfaits n’est pas évident, nul n’ignore que cela a quelque chose à voir avec le goût et le respect de la vie.
Un vaillant militant bolchevik s’était appliqué à montrer le chemin conduisant la bureaucratie stalinienne « d’une égratignure au danger de gangrène ». Il semble bien que nous avons dépassé le stade de l’égratignure.
Pour barrer la route à l’évolution mortifère qui nous guette, nous n’avons d:autre issue que la lutte intransigeante contre tout ce qui enlaidit notre société et le monde.
Salaires, prix, profits et ripostes ouvrière
La lutte des classes menée par le patronat et son gouvernement, aboutit à une explosion des profits comme le montrent, en France, les chiffres relevés par «le canard enchaîné » : les bénéfices cumulés des 40 sociétés francaises les plus importantes ont bondi de 29% entre les 6 premiers mois de 2021 et 2022. Parmi celles-ci on trouve TOTAL, L.V.M.H., P.S.A…. Les bénéfices des banques dépassent de 20 à 50 % les prévisions les plus optimistes. AXA deuxième compagnie d’assurance européenne, a engrangé 4 milliards pour les 6 premiers mois de l’année.
Et tout ce beau monde réclame toujours plus de dégrèvements d’impôts pour les gros et prônent la «sobriété » pour le bas peuple.
Les députés de la N.U.P.E.S. ont largement dénoncé ce scandale, envisageant même de descendre dans la rue pour réclamer des hausses de salaires et des minima sociaux. Cela n’a pas empêché Macron et sa bande de développer les entourloupes dont nous avons parlé ici mêmes.
Comme nous ne cessons de le répéter, la lutte seule permettra d’arrêter cette pwofitasyon éhontée. Les organisations syndicales de France annoncent une journée de mobilisation le 29 septembre. Ce n’est pas trop tôt, et surtout on sait d’avance, qu’une journée d’action ne suffira pas pour changer le cours des choses. Cela peut juste donner un signal, dont il faut de servir pour aller plus loin. Tous les mécanismes que nous avons décrits, aboutissent au même résultat : diminution de la part des salaires dans le produit intérieur brut et ce qui est vrai pour la France l’est envore plus pour les colonies.
Le moment est venu pour le mouvement syndical martiniquais de se ressaisir, de prendre le chemin d’une lutte dépassant le cadre de chaque entreprise séparément, dans un mouvement d’ensemble urgent et déterminé pour arrêter la dégradation à laquelle nous assistons.