Poursuis les petites choses, éprouvette à la main,
Comme ces papillons inconnus d’une jungle vierge.
Poursuis-les, entomologiste, passionné,
Cueille-les dans l’air sans les détruire.
Et si tu attrapes quelques trésors, écoutes-en le bruit.
Écoute le souffle et la musique des ailes, écoute tout !
Écoute les clapotis de l’eau et le roulis des petites pierres.
Écoute le bruissement profond des buissons.
Écoute le vrombissement des bourdons.
Écoute le frou-frou des libellules, la réplique des abeilles.
Écoute le grésillement du vol stationnaire des colibris.
Écoute le vent dans la chevelure raide des filaos.
Écoute la course-poursuite du lézard et de la sauterelle.
Écoute le souffle furtif de la mangouste
Et le repos inquiet de la poule d’eau.
Écoute le glissement doux du soleil,
Sur les cloches tendres des fleurs de l’oranger.
Écoute le parlé complexe du monde autour.
Écoute et déchiffre ces hiéroglyphes sonores.
Écoute bien, mais écoute surtout le poème
Qui soupire à fleur de cœur
Dans tes savanes intérieures.
Écoute, car il y a toujours une maxime,
Au détour de chaque chemin.
Il suffit de s’asseoir au bord d’un ruisseau
Et de tendre l’oreille du cœur !
Ce sont des petites choses qui en révèlent les grandes.
Au-delà de la feuille, la frondaison luxuriante se déploie.
Et l’arbre dressé sur son tronc connaît mille vérités
Qu’explorent ses racines dans le ventre de la terre.
Écoute ces choses insignifiantes, et surtout apprends !
Et un jour, certainement, tu deviendras sage.
Par tu auras su être attentif au présent et en même temps,
À la voix profonde de tes racines, la voix de tes ancêtres.