— Par Jean-Marie Nol —
Tout d’abord pour bien comprendre ce qui se cache en toile de fond dans le règlement de comptes actuellement en cours au parti socialiste, il faut nécessairement récapituler les faits. Les bisbilles entre Josette Borel Lincertin ancienne présidente du conseil départemental et ancienne tête de liste Payi Gwadloup aux dernières élections régionales, et le parti socialiste se sont déroulés pour une sombre histoire d’argent à savoir le paiement des dettes de la campagne électorale des régionales . Les promesses soit disant non tenues d’un Victorin Lurel , les fourberies selon Mme Borel d’un premier secrétaire de la fédération hilaire Brudey et l’irrévérencieuse attitude de la fédération du PS au sortir de la cuisante défaite électorale, il n’en fallait pas plus pour que Josette Borel-Lincertin sorte de ses gonds et tire en rafale rapprochée sur tous ses anciens camarades désormais ennemis révélés. Il faut savoir qu’il s’agissait de faire tout bonnement de faire exploser le parti socialiste sous un feu roulant de bombes à fragmentation. Pour ce faire une longue explication au vitriol par courrier sera mise sur la place publique et qu’elle ponctuera par l’annonce surprise de sa démission du parti socialiste.
Mais que cache vraiment cette affaire sinon la lutte sous-jacente pour un poste de sénateur ?
Cette affaire Borel versus parti socialiste et Lurel n’est au fond qu’une tempête dans un verre d’eau. Elle fait la une des journaux, mais on l’aura oubliée demain. C’est là l’écume des choses !
Il s’agit tout bonnement d’une agitation exagérée autour d’un sujet (les frais de campagne) qui n’est, somme toute, pas très important, voire insignifiant. Disons le sans ambages, en toile de fond de cette guerre picrocholine se cache une lutte sans merci entre Borel et Lurel pour l’obtention du poste de sénateur en Guadeloupe.
En effet, Mme Borel grande perdante des derniers scrutins commençait sérieusement à lorgner sur le seul poste de sénateur (le rapport de force s’étant inversé entre le GUSR (Guadeloupe uni socialisme et réalité) et le PS) pouvant dans la meilleure des hypothèses être dévolu à un membre du parti socialiste. En conséquence, Lurel en bon stratège politique (À ce jour le meilleur en Guadeloupe) a senti le danger et mis en route sur Mme Borel à juste titre, car dans une société démocratique, un leader politique doit, pour être performant, avoir développé des talents politiques forts et diversifiés. Beaucoup de politiciens comme Mme Borel qui doit toute sa carrière politique à Victorin Lurel , ayant acquis véritablement les compétences du métier, cèdent à l’arrogance et à l’orgueil et se montrent incapables de résister à la tentation d’entremêler intérêt personnel et intérêt public. En un mot, ils n’ont pas acquis une éthique personnelle relative à l’action politique. Ils sont soit immoraux soit amoraux. La stratégie tout en enveloppement adoptée par Lurel pour éjecter Borel du parti socialiste, afin d’éliminer un sérieux concurrent, démontre qu’il a lu Machiavel et compris que la politique est une lutte stratégique parfois féroce et impitoyable. Dans les textes de Machiavel, la question de la guerre est souvent l’horizon même de la question de la politique. La politique et la guerre y sont en permanence mêlées, souvent indissociables ; et la stratégie disruptive de Victorin Lurel à l’égard de Josette Borel Lincertin qui a poussé cette dernière à la sortie, s’inscrit dans le phénomène de conjuration, décrite par Machiavel vis-à-vis du réalisme en politique et sa profonde conviction de la nécessité de séparer la morale de l’action politique.
Mme Borel qui est maintenant devenue une femme dépitée et aigrie va désormais tout faire pour se rapprocher du président Chalus et du GUSR (Guadeloupe uni socialisme et réalité) et ira contre Lurel aux prochaines sénatoriales avec peu être le soutien de la FRAP de Eric Jalton le maire des Abymes . Elle peut prétendre au soutien de jalton qui dispose d’un énorme réservoir de voix aux Abymes pour les sénatoriales. En politique, il ne fait jamais bon de ne jurer de rien. Tout les scénarios sont envisageables.
Une élection sénatoriale se joue avec les grands électeurs à savoir conseillers municipaux , conseillers départementaux, conseillers régionaux. En fait, tout dépendra de l’état de déliquescence du parti socialiste dans un an. Aujourd’hui, quoiqu’il en soit le GUSR dirigé par Guy Losbar le président du conseil départemental, peut prétendre emporter les trois postes de sénateur de la Guadeloupe. Ce sont certes des supputations, mais l’appât du pouvoir est plus fort que tout et Mme Borel a clairement dit qu’elle ne démissionnera pas du conseil régional et qu’elle entend rester dans le jeu politique ne serait-ce que pour faire battre Lurel. Soit par elle même soit par quelqu’un d’autre. La rancune en politique est tenace et certaines femmes peuvent se montrer aussi perfides que les hommes. Avec l’épisode politique Borel /PS, qui défrayent la chronique en ce moment en Guadeloupe, nous sommes en présence d’une authentique phénoménologie de la conspiration politique et d’une psychologie et sociologie du pouvoir.
Voilà le dessous des cartes de l’opportunisme et du cynisme de la classe politique locale en Guadeloupe.
“Le cynisme est le comble de la franchise dans une société d’hypocrites.”
Jean-Marie Nol