— Par Pierre-Alex Marie-Anne —
Le réchauffement climatique se caractérise notamment sous nos latitudes par une recrudescence des épidémies liées à la prolifération des moustiques : dengue, chikungunya, et maintenant zika.
Cette situation est lourde de conséquences, en premier lieu pour la santé de nos concitoyens et bien entendu pour notre économie où le tourisme tient une place déterminante.
Paradoxalement, il ne semble pas que les pouvoirs publics aient pris la mesure de l’importance de cette menace.
Pourtant les textes sont formels quant à la responsabilité qui incombe, s’agissant de la protection de la salubrité publique, aussi bien au représentant de l’État, chargé d’arrêter et de faire appliquer le règlement sanitaire départemental, complété en tant que de besoin par les dispositions subséquentes du Code de la santé publique, qu’aux maires, responsables au premier chef sur le terrain, de sa mise en oeuvre.
Or le constat que chacun peut faire est que dans ce domaine on est loin du compte : les décharges et dépôts sauvages de détritus de toute nature envahissent nos routes et nos quartiers, les épaves de véhicules hors d’usage prolifèrent à l’infini, les eaux stagnantes des rivières, canaux et ruisseaux sont partout visibles, tout ceci au grand bénéfice des moustiques qu’ils soient tigres ou non et des rongeurs de toute espèce qui se régalent de la saleté ambiante de la soi-disant île aux fleurs!
Face à un tel fléau qui compromet tout espoir réel de développement, en particulier touristique, il est urgent de mettre au point un plan de bataille de grande envergure reposant sur la mobilisation de toutes les énergies et le concours de l’ensemble des collectivités impliquées, grâce à la mutualisation par voie de conventions de leurs moyens et compétences respectives.
A cet égard, il convient de souligner l’initiative exemplaire du site internet « arété sa » , qui a permis en quelques mois de localiser en vue de leur destruction plus de 8 000 foyers de pollution environnementale.
Il y a donc lieu d’amplifier le mouvement et de s’attaquer de front aux causes de cette calamité : en premier lieu, le comportement incivique de quelques individus qu’il faudra bien ramener à la raison ; ne nous leurrons pas, les messages de prévention diffusés périodiquement par les médias n’y suffiront pas ; il faudra employer la contrainte et frapper là ou ça fait mal, autrement dit au portefeuille en infligeant de lourdes sanctions financières à ces irréductibles contrevenants.
Parallèlement à l’intensification de cette action répressive qui implique la mise en place de brigades vertes assermentées, il faudra généraliser au sein du système éducatif, auprès des jeunes générations (les rythmes scolaires seraient d’un grand secours à cet effet) les actions d’éducation à la protection de l’environnement.
Un manque évident de volonté politique
Pour autant, qu’on ne nous fasse pas croire qu’à l’heure des fichiers d’immatriculation informatisés (pour ne pas parler des autres plus confidentiels) et des caméras de surveillance omniprésentes il soit impossible d’identifier les propriétaires des carcasses de véhicules abandonnés, sur les bas-côtés de nos routes et les abords de nos quartiers, pas plus que les individus sans scrupule qui déversent leurs encombrants et autres immondices à la porte des déchetteries quand ce n’est pas en pleine campagne, parfois au vu et au su des populations riveraines.
Le problème se situe en réalité au niveau du manque de volonté des autorités publiques, notamment municipales, qui se complaisent dans l’inaction en entonnant la rengaine : « Pas assez d’argent! » .
Osons donc voir la réalité en face : le mal qui ronge le milieu naturel martiniquais s’appelle l’inflation automobile ; un véhicule pour deux habitants! Cette prolifération exponentielle est complètement déraisonnable, n’en déplaise à la poignée de concessionnaires et importateurs qui en font leurs choux gras.
Aux grands maux, les grands remèdes, il faut appliquer à ce secteur le principe du pollueur-payeur afin qu’il contribue à l’élimination des nombreuses nuisances qu’il génère. N’est-ce pas l’occasion pour nos décideurs, en particulier locaux, de faire preuve d’imagination puisqu’il est proclamé à l’envie que « les spécialistes des affaires martiniquaises se sont les Martiniquais »
Belle opportunité pour nos nombreux juristes de le démontrer en faisant les propositions adéquates pour adapter la réglementation à cette exigence et à nos élus de porter celles-ci au niveau décisionnel qui convient!
L’objectif final, très noble, étant de dégager les ressources complémentaires à celles existantes pouvant être consacrées à cette oeuvre de salubrité publique seule susceptible de redorer le blason de notre chère Martinique, actuellement terni par les agissements irresponsables d’individus pour qui la malpropreté est une seconde nature.
Le Lamentin, le 29-03-2016
Pierre-Alex Marie-Anne