— Par Frédéric Denhez —
À la demande de France Nature Environnement, j’ai écrit cette France de demain en dix propositions d’actions et de transformations, dix actes concrets, simples, qui sont autant de leviers pour changer le pays en changeant notre rapport à la nature et au temps. Dix propositions pour le citoyen… et dix propositions pour les élus. Cela fait vingt, en fait un peu plus. Dix chapitres…
… dix thèmes transversaux sur notre place dans la nature, notre rapport à l’énergie, le rôle fondamental des collectivités, la gouvernance de l’eau comme exemple à suivre (en l’améliorant…), l’importance de l’éducation à l’environnement et de la bouffe etc. Dix chapitres rédigés à partir des documents internes de FNE, des discussions avec ses bénévoles et salariés, de mes propres réflexions. Un livre pas facile à rédiger, car il a dû se frayer un chemin entre les nombreux réseaux et membres de la plus grande fédération d’associations de protections de la nature de France. Mais le voilà, il est beau comme une feuille de route à partir de laquelle tous les prétendants à la Présidentielle devrait développer leur vision de l’avenir. S’ils en ont une.
Avec la préface et le soutien amical de Jean Jouzel, et la postface du président de FNE, .
(Pour vous donner envie, ci-dessous, début du chapitre 1)
Sivens est un choc. J’y ai vu ce que je craignais. D’un côté, un peuple de contestataires du fait établi, prétendant demander des comptes sur une décision qui leur paraissait insensée. Face à eux se trouvait ce peuple des momies électorales en place depuis que le monde existe, qui ne comprenait pas pourquoi on lui contestait ses habitudes. Les premiers étaient naïfs, les seconds arrogants. Rien ne bougeait. Alors des violents apparurent, prétendant défendre les premiers, si bien que les momies répondirent en faisant donner la force publique. L’habituelle comédie humaine pouvait enfin démarrer, au bénéfice des médias et des politiques excités par le manichéisme. L’acmé fut atteinte lorsqu’une grenade s’insinua entre le dos et le sac d’un naturaliste, simplement venu réclamer que l’on n’asséchât point une zone humide. Érigé en martyr par certains, Rémi Fraisse encouragea par sa mort quelques-uns à reconsidérer ce projet de barrage impossible, dont on feignit de s’apercevoir, en hauts lieux, qu’il n’était ni réfléchi, ni utile. Il fallut ce terrible drame pour secouer le théâtre.
Cela désespéra France Nature Environnement, dont Rémi Fraisse était membre. Discrète par habitude, n’aimant pas la fumée des pneus brûlés car légaliste par essence, « FNE », la plus grande fédération d’associations de protection de la nature en France, montra alors ses larmes, sa colère et son incompréhension. Elle expliqua à quel point Sivens était, hormis son épouvantable conclusion, très symptomatique de l’énergie qu’il faut déployer, en France, tous les jours, pour faire appliquer la loi et les règlements, et capter l’attention d’autorités qui pensent que l’élection est une onction incontestable. C’est ce que j’essayai de dire avec Denis Cheissoux dans la chronique à deux voix de « CO2, mon amour » sur France Inter, que nous dédiâmes à Rémi Fraisse. J’ai gardé la feuille, modifiée, raturée jusqu’à la prise d’antenne. Etrange de pleurer dans un micro…
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